A Bamako, un policier a aspergé, hier lundi, un apprenti chauffeur de gaz poivre. Son acte a suscité la colère des chauffeurs des gros porteurs dans toute la ville. En réaction à et acte, ils ont immobilisé leurs engins près de la Tour de l’Afrique, appelant à des sanctions contre le policier.
Le long de l’avenue de l’OUA, des camions sont stationnés à perte de vue. La circulation totalement bloquée. La colère ne cesse de monter : « nous faisons face aux policiers depuis hier à 22h. Ils ont aspergé du gaz un apprenti, dans les yeux. Ils l’ont violenté et menotté. Il est jusqu’à présent à l’hôpital », affirme un manifestant, furieux.
Plusieurs usagers de la route s’en trouvent piégés. Dans le désordre, certains ne savent plus à quel saint se vouer. « Je ne comprends rien. Depuis 7 heures, je cherche par où passer pour déposer ma fille à l’école. Finalement j’ai décidé de garer la voiture ici pour amener la fille à pied. Son école n’est pas loin d’ici », s’offusque une dame.
Selon des témoignages, tout a commencé quand l’agent de la police a demandé au chauffeur de lui « donner son cahier. » Le conducteur, en provenance de Sikasso, proteste : « tous mes documents sont à la douane », aurait-il répondu. Le policier aurait voulu en profiter pour demander un pot de vain, mais il s’est buté à un refus catégorique du chauffeur. Des échanges verbaux s’en suivent. L’apprenti chauffeur s’invite dans la danse. Le policier fait alors usage de son gaz à poivre.
Samou Sidibé, membre du syndicat national des chauffeurs et conducteurs routiers (Synacor), regrette cet incident et les raisons qui l’ont provoqué.
« Le contrôle auquel les gros porteurs sont soumis à l’intérieur de Bamako est une violation des textes. Les infractions sont déjà réglées aux niveaux des différents postes de contrôle à l’entrée de Bamako », dénonce le trésorier du Synacor.
L’évacuation des voies n’a été acquise qu’après que le conducteur routier et son apprenti agressés par les policiers aient été ramenés sur le site de la manifestation, comme exigé par leurs collègues. « Nous n’allons pas quitter ici jusqu’à ce qu’on nous montre notre collègue et son apprenti en bonne santé », scande un manifestant.
Le directeur régional de la police du district de Bamako, commissaire divisionnaire Siaka Sidibé, a joué un rôle important pour atténuer la situation. Lors d’un dialogue franc entre lui et les manifestants, il a promis aux routiers que cette situation ne restera pas impunie.
Cet incident a failli précipiter la grève annoncée dans le secteur des transports. D’autant que ce genre d’échauffourées entre policiers et transporteurs surviennent fréquemment. En avril 2017, un incident du genre a fait un mort et 3 blessés au carrefour de Missabougou.