Le chef du gouvernement, à la tête d’une délégation comprenant plusieurs ministres ainsi que des élus de la Région, a apporté aux populations de Ménaka le message de compassion du président de la République
Le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, a effectué, hier mercredi, une visite dans la région de Ménaka où il a été reçu, dans une belle cohue, en «Messager de la paix» et en «Mécène». Le chef du gouvernement, accompagné par quatre ministres, ainsi que des élus de la Région, a passé moins de trois heures sur place. Court, certes, mais suffisant pour faire passer le message de compassion du président de la République aux populations de Ménaka qui ont, récemment, perdu des parents dans des attaques barbares et meurtrières.
Le Premier ministre a exprimé l’engagement de l’Etat à assurer la sécurité de tous les Maliens, à améliorer l’accès aux services sociaux de base. Mieux, Soumeylou Boubèye Maïga a annoncé l’acheminement imminent à Ménaka de deux groupes électrogènes, des tonnes de céréales et d’aliment bétail… Autant d’appuis qui répondent à des besoins immédiats des populations.
Mais ici, comme dans d’autres Régions du Nord du Mali, la principale préoccupation demeure l’insécurité. A l’occasion d’une rencontre tenue sur la place publique de la ville, le mal sécuritaire a été décrié, dans toutes ses dimensions, par le maire Nanout Akothia et le gouverneur de la 9è Région administrative, Daouda Maïga.
Le premier a qualifié la situation de «cauchemardesque» pour les populations qui vivent quotidiennement les braquages, les enlèvements de véhicules et les attaques aux engins explosifs improvisés.
L’édile a, cependant, reconnu que le climat sécuritaire a commencé à s’améliorer depuis la mise en place par le chef de l’exécutif, des patrouilles mixtes (Forces armées maliennes et groupes armés). «Ces patrouilles, a-t-il dit, permettent aux habitants de passer des nuits paisibles». Mais, pour le maire de Ménaka, il reste impérieux d’accélérer le processus de désarmement et de cantonnement. «Sinon, il n’y aura ni paix, ni réconciliation», a-t-il tranché. «La situation sécuritaire connait des hauts et des bas», a estimé, de son côté, le chef de l’exécutif régional. Selon Daouda Maïga, les récents événements tragiques enregistrés dans les localités d’Aklaz, de Wakassa ou de Tidinbawen en constituent une triste illustration. «Mais, s’est-il réjoui, la collaboration renforcée entre les FAMa, la MINUSMA et la force Barkhane a permis d’apporter une nette amélioration à la situation sécuritaire». Le gouverneur n’a pas passé sous silence l’implication de tous les groupes armés dans la sécurisation de la ville de Ménaka.
Daouda Maïga a rappelé que la Région de Ménaka, depuis son opérationnalisation, a bénéficié du soutien sans faille des plus hautes autorités du Mali. Il en veut pour preuves, la réhabilitation, la construction et l’équipement des locaux abritant présentement le gouvernorat et l’acquisition du matériel roulant. Actuellement, les travaux de construction de bureaux complémentaires du gouvernorat, du pied-à-terre présidentiel, des annexes de la résidence du gouverneur… sont en cours d’exécution. Viendront, sous peu, s’ajouter à ces acquis, l’aménagement des voies d’accès au gouvernorat, la réalisation de deux systèmes hydrauliques villageois dans la commune de Ménaka pour un montant de 80 millions de Fcfa.
Le gouverneur a aussi annoncé la réhabilitation et le renforcement des adductions d’eau potable de la ville de Ménaka, dans les cercles d’Anderamboukane, d’Inerkar et de Tidermene pour un coût total de 1,065 milliard de Fcfa.
Il a, cependant, déploré le fait que sa région n’a toujours pas de route, «praticable à 100% tant vers l’extérieur qu’à l’intérieur». Aussi, Daouda Maïga a-t-il souhaité la réalisation d’un hôpital de 2è référence dans la Région de Ménaka.
Prenant la parole, le Premier ministre a annoncé la mise à la disposition de la ville de deux groupes électrogènes d’une puissance totale de 1000 KWH. Les machines, qui n’attendent plus qu’à être acheminées sur Ménaka, augurent une certaine indépendance énergique pour les habitants. En plus, a commenté M. Maïga, l’installation de ces groupes électrogènes permettra le raccordement des forages de l’adduction d’eau.
Sur le plan de la sécurité alimentaire, Ménaka recevra bientôt 500 tonnes de céréales et plus de 1500 tonnes d’aliments bétail. Des annonces qui ont valu des ovations nourries au chef du gouvernement qui a espéré que ces donations «servent à faire face à la crise alimentaire qui frappe les populations et le bétail».
Le Premier ministre a aussi offert 10 millions de Fcfa pour aider les familles déplacées (qui seront recensées par le gouvernorat), 5 millions pour la Coordination régionale des jeunes, 5 millions pour les femmes et 5 autres millions pour les notabilités.
Selon Soumeylou Boubèye Maïga, l’essentiel aujourd’hui est de préserver et de consolider la paix. Et à cet effet, il a rappelé que l’Etat est partenaire avec la CMA, le MPSA et la Plateforme pour la mise en œuvre de l’Accord d’Alger. Mais, a-t-il déclaré sans ambages, «les groupes qui sont nos partenaires doivent obéir aux mêmes exigences, à savoir travailler à amener la sécurité, ne jamais commettre d’exactions contre les populations, ne jamais recruter d’enfants soldats…»
Soumeylou Boubèye Maïga, qui a exhorté les Ménakois à renforcer la cohésion sociale, a bouclé son séjour avec la visite aux notabilités, réunies pour la circonstance au domicile de l’honorable Bajan Ag Hamatou. Ce député a, à l’occasion, offert un chameau au Premier ministre.