Au lendemain d’une opération des forces spéciales françaises au Niger et après quatre mois d’intervention au Mali, François Hollande devait appeler samedi l’Union africaine (UA) à prendre une part prépondérante à la paix et à la sécurité sur le continent.
Seul chef d’Etat européen convié à Addis Abeba pour les festivités marquant le 50e anniversaire de la création de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), devenue l’Union africaine en 2002, François Hollande entend encourager l’Afrique à se doter de davantage de moyens militaires mais aussi civils pour faire face à une succession de crises et à la menace terroriste.
"La sécurité de l’Afrique, c’est l’affaire des Africains, ce qui n’empêche pas qu’un pays comme la France ou que l’Europe viennent en appui", a déclaré le chef de l’Etat français à quelques journalistes avant d’atterrir dans la capitale éthiopienne.
Le président Hollande est l’"invité spécial" du Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn, président en exercice de l’UA. Une invitation perçue à Paris comme un tournant "symbolique" dans les relations parfois tumultueuses avec une organisation fondée en 1963, dans la foulée des indépendances africaines, et longtemps marquée par une rhétorique anticolonialiste.
De la même manière, souligne l’entourage du président Hollande, la France n’entend plus apparaître comme le "gendarme de l’Afrique" ni s’ingérer dans ses affaires intérieures "bien au contraire". Ainsi, le chef de l’Etat français s’est-il abstenu de soutenir un candidat pour la présidence de la Commission de l’UA, son organe clé, assure-t-on de même source.
La Commission est présidée depuis octobre 2012 par la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma dont le prédécesseur Gabonais, Jean Ping, était pourtant considéré par nombre d’observateurs comme le candidat de la France.
Paris souligne aussi que l’intervention militaire française au Mali a été "saluée" par l’UA, une première qui couronnerait le "souci affiché et marqué d’établir des relations fortes et confiantes" avec l’organisation panafricaine.
Mais quelle que soit la volonté de Paris de voir des forces africaines crédibles affronter en première ligne les crises du continent, la France s’est retrouvée bon gré mal gré dans ce rôle ces derniers mois.
Au Mali, c’est l’armée française qui est intervenue pour combattre des groupes djihadistes, face à l’extrême lenteur du déploiement des forces panafricaines. Et vendredi encore, c’est un assaut de forces spéciales françaises, aux côtés d’éléments nigériens, qui a mis fin à une attaque sanglante d’islamistes dans le nord du Niger.
Dès la mi-octobre, lors de son premier grand rendez-vous présidentiel avec l’Afrique, François Hollande avait solennellement proclamé à la tribune du Parlement sénégalais la fin de la "Françafrique" (l’imbrication opaque des intérêts politiques et financiers de la France et de ses anciennes colonies) et sa foi en l’avenir du continent noir, de son économie et de sa jeunesse.
Il devrait réitérer cette vision des relations entre la France et le continent noir mais entend désormais sortir du giron de l’Afrique francophone pour s’adresser à l’ensemble du continent.
François Hollande devrait également adresser un message sur le développement et notamment la réforme des institutions financières internationales (Banque mondiale ou Fonds monétaire international) ainsi que sur l’ouverture des marchés européens aux produits africains.
Son troisième message portera sur la Conférence sur le climat que la France entend organiser en 2015 et qui selon lui "intéresse au premier chef l’Afrique".
Au terme d’une visite d’une dizaine d’heures, François Hollande regagnera Paris samedi soir avant que ne s’ouvre dimanche, dans la foulée des festivités, un sommet de l’UA consacré aux crises qui secouent la région, au Mali, en République démocratique du Congo ou à Madagascar.