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Gestion Intégrée des Ressources en Eau : Le remue-méninge des décideurs locaux maliens et guinéens
Publié le lundi 14 mai 2018  |  Le Sursaut
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Du 7 au 10 Mai 2018 l’hôtel Club de Selingué a abrité un atelier de formation des Gouverneurs et Présidents de Conseils de Région du Mali et de la Guinée sur la gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) et l’orpaillage. Organisé par Wetlands International et l’Unité de Gestion des programmes GIRE de la Direction Nationale de l’Hydraulique (DNH) du Mali, cet atelier avait pour objectif général de créer un cadre d’opérationnalisation de la GIRE au niveau de la zone d’intervention du programme conjoint d’appui à la GIRE (PCA-GIRE). La cérémonie d’ouverture de cet atelier a été présidée par Mme Nanamoye Moulaye Aly Cheick Haïdara, conseiller technique au ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation.

Communications, échanges-débats, travaux de groupes et visites de terrain ont été les temps forts de cet atelier de formation d’une semaine à Sélingué.

Dans son mot de bienvenue, Maguette N’DIAYE, Maire de la Commune de Baya a remercié l’ensemble des participants et plus particulièrement les frères de la République sœur de Guinée pour leur présence effective et pour l’intérêt accordé à cet important atelier qui permettra d’asseoir les bases d’une gestion concertée et durable des ressources en eau et reste la voie utile à suivre pour informer, sensibiliser tous les acteurs. Il a par la suite adressé ses sincères remerciements aux Ambassades des Royaumes des Pays-Bas et de la Suède qui assure le financement du PCA-GIRE.



Faut-il signaler, au présidium de cette cérémonie d’ouverture, la représentante du ministre de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation avait à ses cotés en plus du maire de Baya, les Gouverneurs des régions de Sikasso(Mali), de Kankan, de Faranah, de Zérekoré (Guinée) et des présidents des Conseils régionaux de Ségou, de Koulikoro et de Tombouctou.

Pour sa part, Mme Cissé Youma Coulibaly, Chef de l’Unité de Gestion GIRE de la DNH Mali a au nom du Directeur National de l’Hydraulique du Mali, et des équipes du PCA-GIRE remercié l’ensemble des participants d’avoir répondu à l’invitation. Elle a sollicité un accompagnement des autorités présentes pour le partage équitable et durable des ressources en eau pour tous les usages sociaux, économiques et environnementaux afin d’éviter les conflits entre les différents usagers. Elle a terminé ses propos en remerciant les partenaires techniques et financiers qui œuvrent pour la bonne mise en œuvre du programme GIRE tout en réitérant la disponibilité du PCA-GIRE à déployer tous les efforts pour le bon déroulement de cet atelier.

Pour souhaiter la bienvenue aux personnalités venues de la Guinée, le Gouverneur de la région de Sikasso, M Boubacar Bagayogo a affirmé que le choix de la région de Sikasso est particulièrement justifié en raison des usages multiples des ressources en eau, des intérêts souvent divergents et conflictuels et du caractère transfrontalier. Il a noté que les autorités du Mali et de la Guinée prendront les dispositions utiles pour pérenniser les acquis de cet atelier au bénéfice des communautés du bassin du fleuve.

La Guinée et le Mali, un destin commun lié au fleuve Niger :



Au nom de la délégation de la République de Guinée présente à l’atelier, le Gouverneur de la région de Kankan, Général Mohamed GHARÉ a remercié les autorités Maliennes et les organisateurs de l’atelier pour l’accueil fraternel réservé à l’équipe venue de la Guinée. Il a souligné que le fleuve Niger constitue un joyau pour la population guinéenne et les autres pays du bassin du Niger, d’où la nécessité de le préserver. Il a par la suite fait une petite genèse des agressions que subissent ce cours d’eau et ses affluents et quelques mesures prises en République de Guinée pour assurer sa protection. Il a terminé ses mots, en remerciant les partenaires financiers pour leur appui, avant de saluer hautement Wetlands International et l’Unité de Gestion des programmes GIRE de la DNH Mali pour l’organisation de cet atelier.

Avant d’ouvrir les travaux de l’atelier Mme Nanamoye Moulaye Aly Cheick Haïdara, conseiller technique au ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, a nourrit l’espoir que cet atelier permet de créer un cadre de dialogue permanent autour des questions de gestion intégrée des ressources en eau et d’orpaillage en vue de transformer nos espaces transfrontaliers en zone de paix, de sécurité, de stabilité et de développement. Elle a exhorté les participants à donner le meilleur d’eux-mêmes afin qu’au terme des travaux des résultats fort enrichissants et exploitables en matière de résilience des communautés riveraines et des écosystèmes du fleuve Niger soient obtenus.

Au premier jour, les participants ont eu droit à des communications. Six exposés sur : les missions du PCA GIRE( Programme Conjoint d’Appui à la Gestion Intégrée des Ressources en Eau), les acquis du Programme BAM-GIRE de Wetlands, Cellule de Gestion GIRE de Kankan et les Acquis du PCA-GIRE en Guinée, l’état des lieux de l’orpaillage au Mali, celui de la Guinée et une Présentation de la charte de l’eau du bassin du Niger à travers une présentation, Dr Djibrilla MAIGA.

L’agression des cours d’eau du Niger par des chercheurs d’or!

Le 2ème jour de l’atelier a été consacré aux visites de terrain afin de voir des cas pratiques d’exploitation de l’or par dragage. Ainsi les participants se sont rendus à Dossola, dans la Commune de Siyentola, Arrondissement de Keleya, Préfecture de Bougouni (Région de Sikasso) afin de visiter les activités d’exploitation de l’or par dragage sur le Sankarani (affluent du fleuve Niger).

Arrivée sur le site, la délégation a constaté la présence de plus d’une vingtaine de machines de drague sur le bras du Sankarani. Certains témoignages des riverains sur l’impact négatif de cette activité sur le fleuve ont été reçus par la mission sur les berges du Sankarani. Il s’agit des effets néfastes sur l’aspect physique du fleuve et la perturbation de la vie aquatique. En effet, les hydrocarbures (Huile et carburants) et les produits chimiques dangereux (Métaux lourds) qu’utilisent les opérateurs des machines de drague sont en train de dégrader la qualité de l’eau et détruit la vie aquatique.

Ainsi la mission a procédé à des séances de sensibilisation et d’information des communautés riveraines présentes sur les dangers à court, moyen et long termes des activités d’exploitation de l’or par dragage. Les échanges entre les autorités politiques, administratives et les services techniques ont été intenses afin de trouver des solutions pour mettre fin à ce phénomène qui menace dangereusement l’existence du fleuve ainsi que les communautés riveraines.

Le 3ème jour de l’atelier a été consacré aux visites de terrain afin de voir des cas pratiques sur l’exploitation traditionnelle de l’or. Cap a été mis sur le site d’orpaillage Sene-Kabe-Touréla. Ce site est situé dans la commune de Sanankoroba, Arrondissement de Sanankoroba, Préfecture de Kati, Région de Koulikoro. Les Participants ont été accompagnés par le Sous-Préfet de Sanankoroba sur le site. A l’arrivée, le constat était spectaculaire. La mission a constaté la présence de plusieurs centaines de personnes en pleine opération de recherche aurifère. Elle s’est adressée aux chasseurs (Qui assurent la sécurité du site) puis aux « Ton Boloma » (qui veille au respect des règlements). Les échanges ont portés sur les conditions d’exploitation de l’or du site, les produits chimiques (métaux lourds) utilisés, les dangers auxquels s’exposent les orpailleurs, le lien entre les eaux souillées de l’orpaillage et les eaux souterraines et de surface.

La mission a procédé à des sensibilisations des orpailleurs par rapport à leurs activités surtout à l’usage des produits chimiques dangereux comme le mercure et la cyanure. Ces produits dangereux qu’ils utilisent pour la détection de l’or les exposent à des maladies de toute nature et menacent la qualité des eaux souterraines et de surface.

Les recommandations fortes de l’atelier !

La 4ème journée de l’atelier a été marquée par des travaux de groupe. Ces travaux ont porté entre autres, sur la définition des éléments de création et d’opérationnalisation de la GIRE au niveau des régions, celle des rôles et responsabilités des différents acteurs dans le cadre de l’opérationnalisation de la GIRE au niveau des régions, les mesures de gestion durable de l’orpaillage et la coopération entre les acteurs.

A la fin de cinq jours de travaux, les participants après la restitution en plénière, ont formulé des recommandations. Au nombre desquelles, on peut citer entre autres, l’organisation d’ une séance d’échange avec le Haut Conseil des Collectivités sur l’exploitation de l’or par drague et l’orpaillage traditionnels et leurs impacts négatifs sur les cours d’eau, la création d’un cadre de concertation des Gouverneurs du Bassin du Niger dans le but d’organiser des interventions conjointes de ratissage des opérateurs de drague sur les cours d’eau du Mali et de la Guinée afin de mettre fin à cette pratique. Ils ont aussi recommandé de manière forte la diffusion du contenu des textes législatifs et règlementaires régissant la gestion des ressources en eau et les ressources minières en vue de leurs applications. Sans pour autant manquer de demander un plaidoyer pour accélérer l’interdiction de l’exploitation de l’or par dragage au Mali.



A noter que lors de cet atelier, les participants ont eu droit à une visite guidée de la centrale hydroélectrique du barrage de Sélingué.

Moustapha Diawara, envoyé spécial à Sélingué

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