La mine d’or de Morila, située dans localité de Domba, dans le cercle de Bougouni, a procédé à un véritable pillage de ressources minières au détriment des habitants de la localité. Du moins si l’on croit les propos du chef de village de Domba qui accuse la mine de n’avoir pas respecté les clauses des différents protocoles signés.
En effet, une convention d’établissement entre le gouvernement du Mali et BHP Minéral International Inc. pour l’exploration et l’exploitation de minerais d’or a été établie le 28 avril 1992. Aux termes de ladite convention, devait être réalisée une étude faisabilité, de la mise en exploitation d’un gisement de substances minérales à l’intérieur du périmètre et exposant le programme proposé pour cette mise en exploitation.
Conformément aux dispositions de la présente convention, l’Etat a attribué, suivant le décret N°99-217/PM-RM du 04 août 1999, à la société Randgold Ressources Limited un permis d’exploitation d’une durée de validité de 30 ans à compter de la date de signature.
Ce permis a été transféré à la société des mines de Morila suivant le décret N°99-361/PM-RM du 17 novembre 1999.
L’activité de la mine a démarré et dans les clauses du contrat Randgold devrait poursuivre les recherches de gisement sur le périmètre à lui accorder par la convention. C’est ainsi qu’un important gisement a été découvert sous le site du village de Domba.
Pour son exploitation, s’est tenue le 09 Juillet 2015, sur la place publique du village de Domba, une consultation publique dans le cadre de l’Etude d’Impact Environnemental et Social du gisement de Domba. A la suite de cette rencontre, un protocole d’accord élaboré par Morila a été signé le 23 juillet par les parties. Dans la pratique, la société minière a voulu jouer au plus rusée. Au lieu de déplacer tout le village et le réinstaller dans les commodités requises en la matière, elle propose de déplacer seulement une partie du village, soit 26 familles. C’est-à-dire la partie qui l’intéresse sur le site. Alors, le 4 octobre 2015, le protocole d’accord avec les villageois a été rompu par les populations. Cela a abouti à l’abandon de l’exploitation du gisement de Domba.
Trois mois après, une visite du ministre des Mines, M. Cheickna Seydi Ahamadi Diawara, accompagné d’une forte délégation, a eu lieu le 27 mars 2016 sur le site. Après des échanges entre les parties, le ministre a engagé le gouvernement à concilier les points de vue à travers la concertation.
Le 18 juillet 2016, l’association Domba Yiriwaton a envoyé une correspondance au Directeur de Morila-S.A, portant sur leurs observations pour l’établissement d’un nouveau projet de protocole pour la réalisation du projet de Domba.
A la surprise générale du village de Domba, le 10 juillet 2017 un nouveau protocole signé cette fois-ci entre le président de l’Association Domba Yiriwaton sans mandat, le directeur général de Morila et visé par le ministre des Mines, Tièmoko Sangaré, dans les locaux du ministère.
Dès sa notification, le 19 juillet, au chef de village, il écrit au ministre des Mines et au Directeur général de Morila pour protester contre le protocole.
Par une correspondance en date du 26 juillet, le Secrétaire général du ministère des Mines, informant le chef de village que le ministre n’a jamais douté de la bonne foi des acteurs en face de lui, lorsqu’il apposait sa signature au bas du document à lui proposer et que par conséquent demande aux populations de Domba de laver leur linge sale en famille.
Après ces correspondances, le chef de village a récrit sans succès au ministre, au Directeur général de Morila, au ministre de l’Education, au ministre de l’Administration territoriale, au président de l’Assemblée nationale, au Préfet de Bougouni et au Président-directeur général de Randgold.
Devant ce silence radio, le village de Domba a décidé en novembre 2017 de déposer deux plaintes auprès du tribunal de Bougouni. La première vise à demander l’arrêt des travaux de la société et la seconde pour l’annulation du protocole signé en leur nom par le président de l’association, sans mandat.
Aujourd’hui, les villageois estiment qu’en République du Mali, un protocole d’accord signé entre une association, une société minière et visé par le ministre des Mines ne peut pas permettre l’exploitation d’une mine. Ils déplorent ce qu’ils qualifient de pillage de la part de Randgold qui effectue plus de 600 voyages de minerais par jour sans avoir effectuer les études d’impacts environnemental et social, en violation flagrante du code minier malien.