Dans notre dernier éditorial, nous évoquions une possibilité de voir le MNLA dans les rangs de l’armée et dans différents corps de l’Administration d’Etat, en rappelant les cas antérieurs. Mais, nous avons eu des informations alarmantes qui indiquent que c’est bien plus que ce que nous annoncions. En effet, il nous est revenu, de sources parlementaires, bien crédibles, que l’Union européenne et la France ont déjà scellé un Accord pour le Mali et le MNLA, avant même l’ouverture des pourparlers. Lesquels seront bientôt ouverts sous l’égide du président du Faso, qui sait également à quoi s’en tenir.
L’Accord en question est d’empêcher l’armée malienne à rentrer dans la région de Kidal. Les élections seront organisées dans les différentes circonscriptions de l’Adrar des Ifoghas, avec l’Administration malienne, sans la présence des forces armées et de sécurité du Mali. Ce qui pourrait expliquer les raisons pour lesquelles Kidal n’a toujours pas été libérée. En effet, l’armée nationale est, semble t-il, prête. Mais, elle n’a pas reçu de l’autorité politique les instructions nécessaires pour agir. Puisque Paris, notre « sauveur », est intraitable sur la question.
Le président François Hollande lui-même a déclaré, lors du récent voyage du président par intérim, Dioncounda Traoré, à Paris, que les élections auront lieu sur toute l’étendue du territoire national y compris à Kidal où, selon lui, les opérations électorales seront sécurisées par l’armée française et la Mission Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA).
Cette déclaration du président Hollande confirme que l’Accord secret est dans le pipeline. Un agenda européen, voire international, sur lequel le Mali n’a aucune emprise, est en train de se mettre en place doucement mais sûrement. Qu’on le veuille ou pas, Kidal est en train d’échapper au Mali. Ce ne sont pas les hâbleries, l’évocation des grands empires qu’a connus le Mali qui changeront cette donne. Seules l’unité, la réconciliation et la mobilisation autour de Dioncounda Traoré permettront de contrecarrer ce plan qui a l’inconvénient de diviser les fils de la nation plutôt que de les unir.
Sans la présence de l’armée à Kidal, il n’y aura pas d’élections, tel doit être le leitmotiv de tous les candidats à la présidentielle. Même les agents de l’Etat ne doivent pas accepter de s’y rendre, sans les forces armées et de sécurité. S’ils sont solidaires (candidats et agents de l’Etat), le gouvernement n’aura d’autre choix que de respecter cette volonté populaire. Mais, Dioncounda est mal placé pour être au devant d’une telle démarche. Lui qui a annoncé que le 1er tour de la présidentielle aura lieu le 28 juillet prochain.
En fait, peut-on dire que Kidal est sous l’autorité du Mali si les forces armées et de sécurité signent leur absence dans cette zone ? La réponse est non. Donc, sans l’armée, pas d’élections à Kidal.
La présence d’un Etat sur un territoire donné se manifeste d’abord par la présence de la Police, de la Gendarmerie, de la Garde nationale et, bien sûr, des miliaires. Alors, à quel jeu joue la France ? Est-ce une étape vers la très fantomatique République de l’Azawad ? Est-ce un début d’autodétermination ? Qu’est ce que c’est cette manière de procéder ?
Au même moment, les puissances occidentales organisent une table ronde à Bruxelles en vue de collecter des fonds pour la reconstruction du Mali. Ce sont plus de trois milliards d’euros qui ont été annoncés. Seulement voilà : l’argent sera débloqué sur la base de conditionnalités. On va nous obliger à signer un Accord avec le MNLA, à voter des lois pour que l’argent puisse tomber à compte-goutte dans la cagnotte.
Si vraiment cette aide est conditionnée, entre autres, à une faveur territoriale quelconque au profit du MNLA et de ses suppôts, le Mali doit y renoncer.