Au sortir du 2e congrès du PDES, tenu les 5 et 6 mai dernier, les sorties dans la presse ont laissé entrevoir les difficultés qu’il y avait eu lieu lors des travaux. D’aucuns parlent de deux Bureaux. Nous avons rencontré Djibril Tall, celui qui est à la tête du Bureau de 69 membres pour savoir ce qu’il en est. Plus encore, de nous clarifier sur la position du PDES.
LE COMBAT : Le PDES a tenu son 2e Congrès, les 5 et 6 mai derniers. On a l’impression qu’il y a eu un bicéphalisme. Que s’est-il réellement passé?
Djibril Tall Djibril Tall : Merci de m’avoir donné l’occasion de faire une restitution fidèle des travaux de notre 2e congrès. Je m’empresse de vous dire qu’il n’y a pas eu deux Bureaux. Il n’y a qu’un seul Bureau de 69 membres. Le congrès a débattu de long en large de la question du positionnement du parti. À l’issue de la rencontre de l’ensemble des Régions, il a été fait la restitution de leurs travaux. Je voudrais dire qu’au terme des rencontres des coordinations régionales il est ressorti ce qui suit : la Région de Kayes, à l’unanimité, a décidé de rester au positionnement actuel et a donné mandat au Comité Directeur de poursuivre les négociations et de pouvoir faire le choix le plus judicieux pour le Mali et le parti. Les Régions de Koulikoro, Sikasso, Ségou, Taoudéni et Ménaka ont décidé à l’unanimité de rester dans l’opposition. Les Régions de Gao et Kidal ont décidé de rester dans l’opposition. La Région de Kidal a posé le problème de fond qui est le retour de la paix.
La Région de Mopti a fait une restitution qui a conduit à l’intervention de deux personnes. Un premier groupe de Koro et de Bankass qui disent avoir décidé d’aller à la majorité et les six autres cercles ont décidé de rester à l’opposition.
L’ensemble des Régions a décidé qu’un mandat soit donné au nouveau Bureau qui doit prendre en charge la préoccupation de l’ensemble des Régions et des Cercles en tenant compte de l’intérêt supérieur du pays et du parti. Voilà en termes de débats ce qui est ressorti sur le positionnement du parti. Vous avez parlé de deux Bureaux. Nous avons commencé par une commission de conciliation qui a recensé toutes les candidatures pour la présidence du parti. Il y en avait cinq. Trois ont décliné. Il est resté celle de Diba sy et la mienne. Je peux vous préciser qu’à minuit on n’avait pas fini avec les débats au niveau de la commission. Au terme des travaux, c’est ma modeste personne qui a été retenue. Il ne restait plus qu’à débattre avec Diba sy les modalités. Ayant eu vent des résultats, il n’est pas resté pour la dernière réunion. Il en a été de même pour la commission d’investiture qui était composée d’un Représentant par Région et de trois Représentants du Comité Directeur National et de trois Représentant du District de Bamako. Les postes qui ont fait l’objet de votes sont : le poste de Secrétaire chargé des Relations Extérieures, c’est Bagna. Le Coordinateur de la Région de Taoudéni a été élu. Au niveau du Secrétariat Général aussi, il y avait deux candidats. Le candidat retenu est une jeune cadre de Dioïla. Au niveau de la présidence, c’est ma modeste personne qui a été retenue. Mais tous les autres sont membres du Bureau à des fonctions qui ont été proposées par la Commission d’investiture. Quant à l’autre partie que vous considérez comme un Bureau, il faut aller les demander s’ils peuvent vous donner la liste d’un Bureau au complet. Le tout se résume à sept ou huit personnes.
Nous sommes à la veille de la présidentielle. Cela n’augure rien de bon ou de mauvais ?
Dans un pays de droit ça ne doit pas poser problème. Il y a eu un congrès légal et il en est sorti un Bureau. Cependant, le problème actuel c’est que les dissidents entre guillemets ont fait des conférences de presse et ont pris la décision de soutenir la candidature d’IBK.
Est-ce que cela ne fragilise pas le parti ?
Naturellement, ça va créer à l’interne des problèmes. Mais, nous estimons que le mandat qui a été donné au Comité Directeur aurait discuté de cette question du soutien à IBK. De toutes les façons en Politique, il n’y a pas de minorité. Il y a simplement des personnes qui se sont permis de décider d’eux-mêmes sans se référer au Comité Directeur. Nous avons gardé la Résolution du congrès qui a décidé de rester à l’opposition et d’engager les négociations futures pour le candidat qui va mettre le Mali debout et qui va assurer au parti de ses capacités légitimes.
Vous êtes le Président légitime. Quand il y a des dissidents, il y a forcement des sanctions. Qu’en sera-t-il ?
Conformément aux Résolutions du parti qui a déjà pris la décision que tous s’alignent conformément aux conclusions du congrès, nous avons, après leur première sortie, tenu un Comité directeur national extraordinaire et, à l’unanimité, il a été décidé de les suspendre. Nous en sommes là. Mais, parallèlement, nous avons commandité une commission de réconciliation qui est actuellement à pied d’œuvre. Et nous espérons que les camarades pourront réfléchir sur la démarche. Il s’agit d’avoir le PDES, qui s’adosse à une profession de foi d’Amadou Toumani Touré, qui a été l’un des Hommes les plus populaires de l’ère démocratique. Nous pensons que les camarades doivent rallier les rangs et de rouvrir le débat sur la question de leur préférence.
Le fait que ce Régime ait facilité le retour d’ATT n’explique-t-il pas le choix de vos camarades ?
Je n’ai pas manqué en ma qualité de Président intérimaire de remercier Ibrahim Boubacar Kéïta. Il reste entendu qu’Amadou Toumani Touré est revenu et le congrès a constaté qu’il n’est pas rentré dans tous ses Droits. Le débat a été soulevé par les sections ; car, ils estiment que ce qui a été fait n’est pas suffisant. Parce qu’ATT doit bénéficier d’un logement d’ancien Président et on sait qu’il avait l’option de sa maison de la base qui avait fait objet de travaux par l’État. Nous estimons que ce logement doit lui revenir.
Avec le début de la composition de son Cabinet, est-ce qu’on ne peut pas dire que ce processus est déjà enclenché ?
Ce n’est pas que le processus soit enclenché. Je pense qu’il était normal dans les faits, si le principe de son retour avait été arrêté de pouvoir comprendre qu’il avait un logement d’ancien Chef d’État et qu’il soit libéré à son retour. Il n’est pas de trop comme l’a demandé le Congrès de revendiquer ce droit. Maintenant, dire que ces gens ont fait le choix de soutenir IBK sur la base de ce retour, c’est leur droit. En ma qualité de Président du PDES, je me réserve de trop en parler, mais j’estime que les débats au niveau du Comité directeur qui, certainement, vont être élargis à une conférence nationale d’un Représentant par section pour débattre de cette question.
Vous estimez que les conditions du retour d’ATT n’étaient pas toutes réunies. Est-ce à dire que c’était une opération tape l’œil de la part du régime ?
A priori, je ne veux pas douter de la bonne foi du Président IBK, qui a donné son accord de principe et envoyé un avion le chercher. Mais il n’est pas de trop de revendiquer les droits d’ATT. Je m’empresse d’ajouter que la forte mobilisation lors du retour d’ATT n’est pas le fait du pouvoir. Nous avons lancé des appels pour l’accueillir. ATT a été destitué pour cause d’insécurité. Mais, aujourd’hui, où en sommes-nous ? Où en sommes-nous avec les problèmes de gouvernance ? En tant que citoyen, je dis qu’il a eu raison sur tous ses détracteurs de l’époque pour dire que cette guerre va nous être imposée, mais que la solution n’est pas la guerre.
Pour avoir fait le choix de rester dans l’opposition, quelles appréciations avez-vous de la gestion actuelle?
Il est évident que pour avoir fait le choix de rester dans l’opposition depuis 2012, au-delà du coup d’État contre la personne physique d’ATT, c’est un coup d’État politique qui a été fait au PDES. Parce ce que tous les amis d’ATT n’ont pas été au rendez-vous de la lutte pour son retour. C’est au sein de l’opposition que le PDES en a fait une condition. Condition qui a été portée lors des différentes marches pour exiger son retour. Nous avons la profession de foi d’ATT ; nous avons toutes ses déclarations depuis le début de la crise et le processus qui a conduit au coup d’État. Aujourd’hui, on doit se poser la question sur la motivation profonde de ce coup d’Etat à quelques jours de la présidentielle.
Vous aurez un candidat à la présidentielle ?
Le Congrès nous a demandé de présenter un candidat. À défaut de pouvoir soutenir le candidat qui viendra mettre le Mali debout. Ce débat n’est pas encore bouclé au sein du Comité directeur. L’objectif final étant de faire un choix qui puisse sortir le Mali de la situation actuelle.
Quelle est la deadline pour cette décision ?
Aujourd’hui, notre deadline c’est d’ici à la déposition de toutes les candidatures. Nos militants et camarades du PDES qui ont décidé de soutenir IBK, cette question a été débattue. Nous n’allons pas supporter la candidature, mais nous avons supposé que nous allons supporter un candidat. La chose est nuancée. Est-ce qu’à ce niveau IBK a même annoncé sa candidature ? Il faut noter que la candidature présidentielle est personnelle. Nous estimons qu’en temps opportun quand IBK va être candidat à sa succession, il verra les contours nécessaires des partis susceptibles de lui apporter la victoire. Et il lui appartiendra s’il estime que le PDES est à mesure de lui porter à la victoire il appréciera pour faire un clin d’œil au PDES.
Il n’est pas à exclure que le PDES demain soit avec IBK ?
Non, a priori je parle sur la base des Résolutions du Congrès. Le Congrès nous a demandé de faire un choix optimal. Le Congrès nous a demandé de rester à l’opposition. Le Congrès ne pouvait pas comprendre l’explication qui consistait à dire qu’ATT est venu, que c’était notre combat. Ça ne peut pas être le combat d’un parti politique. Son combat étant d’aller à la conquête et à l’exercice du pouvoir. Et aujourd’hui nous adossons notre politique à la profession de foi d’ATT qui pense qu’il y a un certain nombre d’indicateurs indispensables qui concourent à la réussite d’un mandat. Et nous pouvons dire aujourd’hui par la grâce de Dieu, qu’ATT a réussi et même au-delà des espérances a concrétisé des programmes qui concourent actuellement à un Mali émergent et nous estimons que ce programme est le fruit d’une large concertation toute politique confondue, qui constituait la base du programme de Développement Economique et Social (PDES). Nous comptons aller à la conquête du Pouvoir et la mise en place d’un dispositif consensuel pour la mise en œuvre de ce programme.
Compte tenu du contexte actuel d’insécurité, êtes-vous optimiste quant à la tenue de la présidentielle à bonne date ?
A priori, je ne devrais pas avoir la bonne foi du PM et du Président de la République pour les grandes déclarations qu’ils sont en train de faire. Nous estimons que nous, nous allons concourir à ce que les élections se tiennent. Car, nous estimons que ne pas faire les élections est plus dangereux que faire des élections. Mais elles doivent être transparentes. Mais la situation actuelle du Mali repose sur une poudrière, il faudrait éviter que le Peuple malien soit dans la rue. Que Dieu nous en préserve. Nous allons faire ce qui est à notre possible pour qu’il y ait des élections apaisées et crédibles ; pour sortir le Mali de la situation actuelle.