Le mois de mai n’a pas été de tout repos pour le gouvernement malien. Après la grève des commerçants, des surveillants de prison, de la section syndicale de la justice, les magistrats menacent d’aller en grève pour exiger la libération de leur camarade Soungalo Koné, le juge de Niono, qui a été enlevé par des terroristes il y a de cela six mois. Les manifestations dans plusieurs localités du pays sont venues grossir les rangs des contestataires.
Alors que la conscience collective est très impactée par l’assassinat de la fillette albinos Ramata Diarra à Fana et l’émeute qui s’en est suivie dans cette localité de la région de Koulikoro, la colère est montée hier du côté de Sadiola, région de Kayes, où des femmes, excédées par le manque d’eau, ont battu le pavé. Sous ce chaud soleil de mai, elles ont tenu à manifester leur colère et réclamer de l’eau, denrée indispensable à la vie et qui manque aujourd’hui dans plusieurs localités du Mali.
Dans la même journée d’hier, à Bougouni, la capitale du Banimonitié, à l’initiative du collectif des régions non opérationnelles, une grande marche a eu lieu. Ici, le ton est formel : « Il n’y aura pas d’élection sans que Bougouni ne soit érigée en région ». Bamako, la capitale malienne, n’est pas en reste de ces manifestations. Les jeunes de Bakaribougou, un quartier de la commune II du district de Bamako, ont croisé le fer avec les forces de l’ordre dans la soirée du lundi dernier à cause des sempiternels litiges fonciers qui sont créés par les élus locaux et les bradeurs de terre.
La fin de mandat s’annonce donc très difficile pour le président de la République du Mali Ibrahim Boubacar Kéïta qui, en plus de faire face à une grogne sociale sans précédent au Mali, doit aussi gérer les conflits intercommunautaires au Nord et au Centre du pays. Le plus difficile sera surtout d’organiser des élections transparentes et crédibles et à date dans ce contexte d’insécurité généralisée.