La communauté musulmane du Mali, à l’instar de celle du monde entier, a entamé, hier, le mois béni de Ramadan. Moment de recueillement et de prières par excellence, ce mois est aussi un grand moment de solidarité et d’entraide. Sur le plan des préparatifs matériels, le mois béni rime avec une plus grande consommation de produits alimentaires. Il impose au chef de famille de faire un surcroît d’effort pour rendre les moments de rupture de jeûne agréables.
Ainsi, comme un peu partout dans notre pays, la fièvre du Ramadan a gagné Ségou. Les étals sont exceptionnellement bien fournis pour accueillir l’arrivée de clients venus s’approvisionner en produits de première nécessité comme le riz, le mil, le sucre, le lait, l’huile alimentaire etc.
Cependant, comme le dit un adage de chez nous : «Gnon bè gnobougou, N’gan takan bala» pour dire que la disponibilité n’est pas forcément synonyme d’accès. Ceci résume parfaitement la situation des marchés de Ségou en ce début du mois béni. Nous sommes mardi, il est 10h du matin, la chaleur (42°) ne semble pas jouer sur l’ambiance du grand marché. Ici, les clients se bousculent notamment devant les grands magasins de céréale, de lait et autres produits de première nécessité.
Après un tour des étals, le constat est pour l’instant inquiétant. Selon certains consommateurs, le mois de carême risquerait de démarrer avec des difficultés liées à la cherté des prix. Il y a de quoi ! En effet les prix des denrées de première nécessité ont, en moins d’une semaine, flambé au grand malheur des consommateurs. Notre équipe de reportage a rencontré Moussa devant un grand magasin de céréales. Visiblement familier de cet endroit, le quadragénaire taquinait les quelques vendeurs dans ce magasin. Il était surpris de la flambée soudaine des prix des céréales en moins d’une semaine.
En tant que client, il a exigé qu’on lui cède le kilo du riz à 375 au lieu de 400 Fcfa. Après plusieurs échanges, le boutiquier accède à la demande de son client. Partout où nous sommes passés dans ce grand marché, le sac de 50 kg du riz est cédé à 20 000 Fcfa. Dans ce magasin, le kilogramme du maïs est cédé à 200 contre 175 Fcfa la semaine dernière. Pour le petit et le gros mil, il faut débourser 250 Fcfa le kilo, soit une augmentation de 25 Fcfa. Les propos du boutiquier ne rassurent guère car il craint que les prix ne grimpent avant la fin du Ramadan. Cette situation de cherté est-elle due au Ramadan ? Ils sont nombreux les consommateurs à répondre par l’affirmative.
«Je ne peux pas comprendre qu’en moins d’une semaine, les prix grimpent de la sorte. Nous assistons, impuissants à ce phénomène chaque année, à la veille du Ramadan. C’est du déjà vu, sauf que les commerçants ne doivent pas perdre de vue que la population peine à joindre les deux bouts. J’en connais des chefs de famille qui ne ferment plus les yeux tellement les temps sont durs», indique Moussa avant de s’orienter vers un autre magasin. Ici, on vend de l’huile, du sucre, des dattes et beaucoup d’autres produits utiles pour la rupture du jeûne. Ici aussi les prix ont évolué.
Cependant, si pour les consommateurs, cette soudaine cherté est à mettre en lien avec le mois béni, les commerçants soutiennent le contraire. Ils pointent du doigt la mauvaise pluviométrie pour ce qui est des céréales. Seulement voilà, les céréales ne sont pas les seules à connaître une hausse des prix. A Ségou, le kilogramme du sucre a aussi connu une augmentation. Il est présentement cédé à 500 au lieu de 425 FCFA il y a quelques jours, soit une augmentation de 75 FCFA. Surpris et indigné, le vieux Tiémoko, rencontré sur place, trouve excessive cette hausse de 75 FCFA, qu’il juge inadmissible. Il rappelle que la plupart des commerçants s’étaient approvisionnés avant le mois de Ramadan. «Alors pourquoi ce brusque changement ?».
Le prix du lait en poudre reste inchangé dans les magasins. Le kilogramme est cédé à 2000 Fcfa. Cependant le panier de la ménagère aussi n’a pas échappé à cette soudaine hausse de prix. Nous avons rencontré au marché «Médine» de Ségou, Mme Kadiatou Coulibaly. Elle y était venue pour faire ses provisions. Comme elle, bon nombre des femmes s’insurgent contre la cherté des prix en cette veille de Ramadan.
Notre interlocutrice explique que la situation du marché était différente il y a moins d’une semaine. Elle indique que le kilogramme de l’échalote était cédé, la semaine dernière, entre 225 et 250 Fcfa. Ce mardi, les marchés de Ségou affichaient le entre 350 et 400 Fcfa pour le kilo de l’échalote. Le prix de l’huile a aussi grimpé. Le litre est vendu présentement à 800 Fcfa contre 700 Fcfa la semaine dernière. Pour avoir un kilo de tomate à Ségou il faut débourser 1.250 Fcfa, contre 1.000 Fcfa, il y a deux à trois jours. «A part la viande dont les prix restent inchangés, (2.000 Fcfa avec os et 2.500 Fcfa sans os) les prix de tous les autres produits nécessaires pour la cuisine ont été revus à la hausse», a constaté Mme Kadiatou Coulibaly, ajoutant que le prix du kilo de la pomme de terre a changé du jour au lendemain. «Hier, dans ce marché avec le même client, j’ai acheté le kilo de la pomme de terre à 275 Fcfa. Aujourd’hui, on me demande 350 Fcfa. Comment expliquer cet état de fait?». Les amateurs de gros oignons doivent débourser 200 Fcfa pour le kilo contre 125 Fcfa, il y a quelques jours.