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Pourquoi l’or ne brille pas pour les Maliens ?: Le diagnostic sans complaisance d’Etienne Fakaba Sissoko sur Africable Télévision
Publié le vendredi 18 mai 2018  |  Le Tjikan
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L’émission Théma est diffusée chaque vendredi soir sur la chaine du continent. Pour le numéro du vendredi 11 mai dernier, le thème portait sur l’or malien. Etienne Fakaba Sissoko, économiste et chercheur au Crapes était sur le plateau avec d’autres invités.

Le Mali demeure le 3ème producteur d’or en Afrique. Mais les citoyens qui sont dans les localités d‘extraction de l’or continuent à se poser un certain nombre de questions à savoir : où va tout cet or ? Qu’est-ce que l’Etat et les localités y gagnent? Quelle utilisation est faite de l’argent que les mines versent comme impôts et taxes ? Le code minier actuel ne fait-il pas la part belle aux grandes sociétés d’exploitation au détriment du peuple malien ? Quelle solution faut-il préconiser pour que l’or malien puisse de façon visible mieux servir les populations ? Ces questions ont été traitées lors de l’émission ‘’ Théma’’ sur Africable Télévision le vendredi 11 mai dernier.

Pour Etienne Fakaba Sissoko, l’un des invités, il ne suffit pas d’une loi pour que ce secteur soit rentable et profite aux populations.

Selon lui, le code minier est rédigé dans une certaine complicité avec les sociétés minières à qui on accorde une large place.

« Lorsqu’on accorde des exonérations fiscales extraordinaires à ces sociétés minières et qui en profitent justement pour se retourner contre l’Etat et le Mali, c’est abusif. Aujourd’hui, les ONG qui s’occupent de ce secteur ont fait des rapports qui montrent que l’échange de l’or entre le Mali et l’Arabie Saoudite uniquement dépasse les 55 tonnes d’or. Ce qui est déclaré comme quantité est trois fois minime que la quantité réelle produite. Ce qui pose la problématique du contrôle de la production d’or dans notre pays, dans la même dynamique, la question de la formation, de transfert des compétences aux collectivités locales, la question de la préservation de l’environnement bien décrie par le code », a expliqué Etienne Fakaba Sissoko. Avant d’ajouter qu’aujourd’hui, il faut aller sur le terrain pour se rendre compte que c’est tout sauf ce qui est écrit dans la loi.

« Une chose est de voter de bonnes lois parce que le Mali est de toute façon, l’un des meilleurs pays à voter de très bonnes lois mais une autre chose est de voir l’exécution de ces lois et de s’assurer effectivement que les besoins des populations sont pris en compte », a souligné M. Sissoko. Pour qui, le problème est plutôt l’application et l’exécution de ces lois.

« On ne peut pas comprendre que dans des localités comme Kayes où il y’a cinq mines d’or, que les villages qui entourent Sadiola ne puissent pas avoir accès à l’eau et à l’électricité encore moins les soins de santé de première nécessité et autres. Vous verrez dans ces localités que les écoles qui sont construites sont d’abord construites pour les filles et fils de ceux qui travaillent dans les mines mais pas pour les populations locales. Et les routes construites sont en réalité pour faciliter le transport des matières premières, des équipements liées à l’extraction d’or et non pas pour le bien-être de la population. Pourtant, la dégradation de l’environnement, les risques en termes de santé auxquels sont exposées ces populations sont dus à l’extraction minière », a-t-il déploré. Avant de souligner que la pauvreté continue en grandissant et à côté, l’on a une très belle loi qui semble-t-il, encadre cette dynamique.

A en croire Etienne Fakaba Sissoko, il faut mettre la responsabilité de l’Etat en avant dans cette situation.

« La question centrale, ce n’est pas le développement au niveau local mais qu’est-ce que l’Etat fait pour que les populations qui sont lésées par la production d’or puissent effectivement bénéficier de cet or ? Comment comprendre que nous n’avons pas 20% de part dans les bénéfices issus de l’extraction minière ? Comment comprendre que ce sont les multinationales qui continuent à extraire des quantités faramineuses d’or dont l’Etat n’a aucun contrôle ? Comment comprendre qu’en tant que troisième pays producteur d’or en Afrique, nous n’ayons pas une seule unité de raffinage d’or ? Que nous n’ayons aucun mécanisme de contrôle de la quantité d’or produite dans notre pays ? Mais aussi que nous n’avons aucune école des mines, aucun centre de formation pour former des gens pour ces métiers », a fustigé Etienne Fakaba Sissoko. D’après lui, il ne s’agit pas de sortir les vieux textes de la législation françaises et de faire un copier-coller, mais de regarder les réalités et voir ce qui peut être réellement appliqué et quelle est la responsabilité de l’Etat dans l’application de ces dispositions afin que l’or puisse profiter aux Maliens.

Aoua Traoré
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