Le général américan Thomas Wadhausser était en visite, à Alger, pour pour échanger avec les autorités du pays sur des opportunités de coopération en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme dans la région.
Le patron d'Africom s'est entretenu avec le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, et le vice-ministre de la Défense nationale, le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), le général de corps d’armée Ahmed Gaïd Salah. Le but avoué de sa visite était "de trouver des opportunités de coopération sécuritaire, en particulier dans la région du Sahel".
Le général Thomas Wadhausser a fait part de son impatience d’explorer les futures activités de coopération en matière de sécurité avec l’Algérie . « Nos nations travaillent ensemble en qualité de partenaires égaux pour construire un avenir meilleur, pas seulement en Algérie, mais partout en Afrique du nord », a-t-il déclaré , ajoutant son souci " d'un partenariat solide, pour combattre les causes profondes du terrorisme et pour promouvoir la paix et la stabilité ».
D'autres enjeux, géopolitiques et géostratégiques auraient motivé cette visite, notamment la situation au Sahel et en Libye, lieux d’entente ou de discorde entre Alger et Washington. Le démantèlement de l’État libyen a eu pour conséquence le déferlement d’armes et de groupes terroristes dans toute la bande saharo-sahélienne.
« Nos craintes se sont hélas vite confirmées et bien au-delà de ce que nous pouvions imaginer, lorsque, fuyant les bombardements, des groupes armés étrangers appartenant aux milices pro-colonel Kadhafi déferlèrent en nombre, sans être inquiétées, sur le nord du Mali à travers le Niger pour y proclamer l’indépendance de l’Azawad alors que l’encre du paraphe à un nouvel accord avec Bamako, facilité par l’Algérie, n’avait pas encore séché », déclarait Abdelkader Messahel, en avril, lors d’une conférence à l’Institut français des relations internationales.
«Livrée à elle-même, la Libye sombra dans le chaos, un chaos, sciemment ou non, nourri et entretenu par différents acteurs, transformée en un arsenal à ciel ouvert et en sanctuaire pour les groupes terroristes qui étendirent peu à peu leur champ d’action à l’ensemble des vastes espaces sahéliens et au-delà, malgré une mobilisation plus grande des États de la région, une présence plus forte des troupes étrangères et le recours aux équipements de surveillance et de détection les plus performants », avait-il ajouté.
L’Algérie défend une solution politique en Libye. Elle propose que toutes les parties en conflit prennent place au tour d'une table pour faire émerger une entente interlibyenne sans aucune ingérence étrangère. En même temps, une grande vague migratoire en provenance de la région du Sahel menace sa frontière sud. « Les migrants ne nous préoccupent pas. Ce qui nous préoccupe, c’est ce qu’il y a derrière. La migration est la trame de ce nouveau phénomène qui a un caractère géostratégique », a déclaré le directeur d’études du phénomène migratoire au ministère algérien de l’Intérieur, Hacène Kacimi. Le commandant de l’Africom avait déclaré, en mars dernier, devant le Sénat américain, que « très peu de défis auxquels l’Afrique doit faire face ne peuvent être réglés uniquement par la force ».
Le dernier rapport du parlement français sur le Sahel dresse un bilan désastreux de la situation de cette région. Seule l’Algérie, prétendent les parlementaires, détiendrait les clés d’une stabilité de la région. Trois parlementaires français s'étaient rendus sur le terrain, pour auditer l’intervention française au Sahel et au Mali, cinq ans après sa mise en place. Dans leur rapport révélé par "Le Canard enchaîné", les trois parlementaires sont pessimistes sur les chances des militaires français de rétablir la paix au Sahel et au Mali.
Les députés Ladislas Poniatowski, Christian Cambon et Olivier Cigolotti pensent que, pour sortir du guêpier sahélien, la France devrait ramener l’Algérie au centre du jeu.