«Chaque génération, dans une relative opacité doit découvrir sa mission et la remplir ou la trahir», dixit Frantz Fanon. Il ne sera jamais assez de rappeler que les vingt-trois (23) longues années de règne sans partage de Moussa Traoré ont plongé notre peuple dans le désespoir le plus complet du fait que tous les horizons de l’avenir furent hermétiquement fermés et cela sans la moindre perspective d’avenir. C’est au regard de ce bilan assez désastreux de la gestion de la chose publique par le général Moussa Traoré que notre peuple s’est dressé comme un seul homme pour dire à Moussa que pousse-pousse s’arrête au mur.
Comme pour dire qu’en mars1991 le temps était venu de constater que notre peuple ne pouvait plus continuer à se soumettre au diktat d’un régime fantoche, qui tuait ses enfants. En même temps, le régime de Moussa Traoré avait atteint un seuil d’incompétence qui ne lui permettait plus de gouverner au Mali. Il y avait donc désormais des contradictions antagoniques entre président et son peuple avec comme pied de guerre l’union démocratique du peuple malien (UDPM).
Le 26 mars 1991 a été l’aboutissement d’une périlleuse et difficile lutte de ces femmes ,hommes et enfants qui ont fini par se rendre à l’évidence que seul la lutte libère ce jour mémorable pour notre peuple fut, si besoin en était un jour de gloire, de triomphe d’un peuple contre le mal qui incarnait le Général Moussa Traoré. La lutte héroïque de ce peuple a permis la renaissance de l’espoir en un avenir difficile mais promoteur.
Le temps des «démocrates convaincus»
Les premières élections pluralistes de l’histoire ont consacré la fin heureuse d’une transition de quatorze (14) mois. La troisième République est née des méandres de l’histoire récente de notre pays.
Les maux et pratiques qui ont dressé notre peuple contre le régime de Moussa Traoré sont entre autres: la gabegie, l’affairisme, le clientélisme, le népotisme, la délinquance financière, le paternalisme du pouvoir, la dictature aveugle contre un peuple qui se mourait et dont les sentiments patriotiques avaient coulé dans le labyrinthe de l’histoire nationale.
La troisième République est née avec un sentiment de fierté nationale. A peine commencé, le pouvoir de ceux que l’on appelait démocrates avait déjà donné le ton à la continuation et au développement éhonté d’une gestion apatride et malveillante de nos affaires publiques et privées.
En lieu et place de la rupture radicale, Alpha Oumar Konaré érige son mur d’affairisme s’exprimant dans des discours solennels «promoteurs» du paradis terrestre au Mali.
Le constat est effarant: la phagocytose de notre système de défense et de sécurité a été entreprise par le premier président de la 3ème République. Sa Flamme de la paix est un signal fort de cette sape contre notre armée nationale.
La Nouvelle Ecole Fondamentale (NEF) a posé les pierres angulaires de la déperdition scolaire et donc de la baisse tendancielle du niveau de nos élèves et étudiants. Cela prouve à suffisance qu’en sa qualité d’enseignant, Alpha a tout simplement rabougri notre système éducatif national. Allez en savoir sur les ravages de cette NEF bricolée dans la formation de nos scolaires.
Nous n’oublierons pas de sitôt que pour se maintenir aux affaires et avoir les mains libres de mener ses affaires politiques, le régime Alpha a fait de nos élèves et étudiants des marches de l’escalier avec pour gage d’implanter la politique dans les espaces scolaires.
La suite n’échappe plus à personne: nos enfants se battent aujourd’hui pour des postes juteux au sein de leur association au lieu de concourir pour l’excellence en classe. Que dire ici si ce n’est qu’Alpha a porté un coup dur à l’école malienne.
La République du Mali sous Amadou Toumani Touré: de la quinine pour notre peuple !
Si hier, les Maliens avaient cru que ATT était démocrate pour avoir cédé le trône à Alpha sans tambour ni trompette, le temps leur a permis de saisir à sa juste valeur l’acte de compromis entre les deux hommes. Il n’y a plus de doute qu’entre Alpha et ATT, il n’a nullement été question d’un changement véritable à l’avantage de notre peuple travailleur, mais comment traduire en langage politique le dessous du mot de passe qui ne sera jamais déclaré à savoir: «mon frère, je te donne le pourvoir pour qu’au bout de ton second mandat tu me le remettes».
La suite est connue de tous: ATT qui n’avait aucune base politique en sa qualité de général à la retraite est élu contre Soumaila Cissé, en 2002. ATT a été chassé du pouvoir par un groupe de militaire patriote dirigé par le capitaine Amadou Haya Sanogo. C’était le 22 mars 2012. L’espoir qui s’était évaporé est né une seconde fois à notre peuple.
Sous ATT, le Mali comptait ses quarante et un (41) milliardaires comme pour dire que l’Etat était une vache à lait pour des cadres véreux. A moins de se moquer de nos masses laborieuses, si non l’on ne saurait nier que cet autre général a trahi le Mali.
Sous son commandement, notre pays a été phagocyté car son septentrion est devenu un no man’s land. L’on ne digérera jamais l’occupation du Grand Nord-Mali. Va-t-on avec ce leadeur de l’AEEM Zarawana que les maliens ont la mémoire courte? Non ! Mais force est de reconnaitre que bien de maliens chantent aujourd’hui les louanges de Alpha et de ATT certainement pour des bribes mais tout sauf qu’ils ont dignement servi le Mali et reconnu ses ultimes sacrifices.
Pour éviter que le peuple malien s’empare du pouvoir à la faveur du coup d’Etat contre ATT, voilà Dioncounda Traoré à la parade. Convaincu que les maliens ne le croient point, celui-ci a dû faucher l’herbe sous les pieds de ce peuple en se faisant nommer «Président de la transition» par le club des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Pour déblayer le terrain au retour du pouvoir colonial français, le «président» illégitime Dioncounda a vite fait de faire appel à l’armée française, véhiculant ainsi la fausse idée que les djihadistes allaient effacer le Mali de la carte d’Afrique. Quelles mensonges et ignominies Politiques !
Voilà le pouvoir dans les mains d’IBK. Cet homme a fait renaitre une fois encore l’espoir dans un Mali nouveau en notre peuple travailleur. Après l’euphorie de la présidentielle de 2013, voilà la triste réalité en face de nous: Alpha, ATT, Dioncounda et IBK sont strictement les mêmes. Ils ont réduit, chacun à sa convenance, les cadres maliens à la mendicité et à la délinquance financière.
Aujourd’hui, le peuple malien se cherche sans se retrouver, avec la sempiternelle question à savoir: à quel saint se vouer enfin ? En tout cas, ce saint, il ne faut pas le chercher dans cette classe de politiciens véreux et apatrides. Ce discernement est une exigence de l’heure pour ce peuple qui est longtemps resté victime de la bamboula et de la duperie de ses politiciens.
Il y va pleinement et entièrement de son intérêt car hier il s’est laissé berner par cette classe politique dépourvue de toute crédibilité. Il faut que notre peuple assimile cette leçon à savoir: «commettre une faute n’est pas grave, mais y persister est diabolique !».
Il faudrait s’en convaincre: «les mêmes plumages font toujours les mêmes ramages». Il faut un homme absolument neuf car le changement est à ce seul prix, si nous voulons un système nouveau. A l’issue de la présidentielle de 2018, il faut un jeune crédible. Mais ce changement qualitatif ne peut intervenir dans cette cacophonie vétuste qui caractérise, hélas, le jeu politique dans notre pays.
Il urge donc que l’on s’en remette à des concertations nationales capables d’opérer une purge véritable dans la classe politique malienne. Cela est d’autant indispensable qu’on ne peut rien réussir de bon avec les mêmes hommes englués dans les mêmes pratiques qui ont mis le pays dans l’abime. Il faut le reconstruire !