Décidément, Me Mohamed Ali Bathily est en colère contre le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta. Dans une interview accordée à l’hebdomadaire parisien « Jeune Afrique », l’ancien de la ministre de la justice puis des domaines de l’Etat et des affaires foncières explique les raisons de son divorce avec le candidat du Mali d’abord. « Dans son discours d’investiture, le 4 septembre 2013, IBK a eu des mots assez forts dont je retiens trois aspects principaux. Premièrement, sur les questions de défense, de préservation de l’intégrité territoriale du Mali et sur la sécurité des personnes et des biens. Deuxièmement, sur la lutte contre l’impunité. Et troisièmement, sur la fin de la spéculation foncière qui prive les paysans de leurs terres ancestrales et crée plus de pauvreté et de chômage.
S’il s’était réellement occupé de tout cela, il n’y aurait pas de raison pour que je me présente. Je ne suis pas issu d’un parti politique. Mais la grosse déflagration qui a frappé le Mali en 2011-2012 m’a touché. Je me suis lancé en politique parce que je voulais décoloniser la parole publique au nom de la démocratie. Il y avait de nombreux candidats lors de la dernière présidentielle, et tout le monde était unanime sur le fait qu’IBK était l’homme qu’il fallait soutenir. C’était une évidence, à la lumière de ses actes passés. Ce n’est pas la personne d’IBK qui importait. Je n’ai d’ailleurs pas scellé de pacte avec lui. J’ai scellé un pacte avec mon pays. Lorsque je l’ai choisi, j’ai cru que c’était la bonne personne. Dans la pratique, il s’est avéré que non », a-t-il souligné.
A cette question « Que reprochez-vous à IBK ? », il répond sans ambages : « Je lui reproche de ne pas être conséquent. Rien n’a changé par rapport à l’impunité. Aujourd’hui, ce sont ceux qui battaient campagne contre IBK et sa vision politique pour le Mali qui sont autour de la table du gouvernement. Ses soutiens de la société civile l’ont aussi abandonné.
Son parti [le Rassemblement pour le Mali] n’a jamais atteint 20% de l’électorat au mieux de sa forme. Il doit son score de 77% [au second tour de la présidentielle de 2013] à la société civile. Mais où en est-il avec nous aujourd’hui ? Ce n’est pas nous qui le lâchons, c’est lui qui a tourné le dos à ses objectifs ».
Le niveau de désaffection à l’égard de la personne d’IBK, selon Me Bathily
Dans le même entretien, l’ancien ministre de la justice met en garde le Président candidat en ces termes : « Si IBK fraude, il aura tenté le diable de la violence postélectorale. Il sait aujourd’hui le niveau de désaffection qu’il y a à l’égard de sa personne et de sa politique. Personne, à part ceux qui sont dans son giron, ne se revendique de lui. Logiquement, il ne peut pas penser remporter l’élection. Il a été élu sur la base d’une élection propre, la décence voudrait qu’il respecte les urnes. En ce qui concerne des préparatifs de fraude, je n’en ai pas la preuve ».
Mali24 avec l’investigateur