Les facteurs de stabilité ont focalisé les discussions de cette rencontre sensée jeter les bases de l’Afrique de demain. Pour y parvenir, l’UA a pris une décision historique
Le 21è sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine qui s’est tenu dimanche et lundi dans la capitale éthiopienne se voulait le sommet de la renaissance, convoqué pour tirer les leçons des échecs et des lacunes de l’organisation continentale et esquisser les contours d’un développement économique susceptible de favoriser la cohésion du continent. Mais il n’aura pas fondamentalement différé de ces devanciers. Il a, en effet, été finalement marqué par des débats sur la paix et la stabilité, le retard économique du continent, l’interventionnisme extérieur, etc. Ces récriminations auront démontré que derrières les grands principes, les dissensions demeurent profondes, essentiellement sur la paix et la stabilité du continent entre ceux qui continuent de désigner le néolibéralisme comme source de tous les maux du continent et ceux qui voient en l’Occident un allié sur lequel l’Afrique peut encore compter pour construire la paix et le développement.
Les défenseurs de cette théorie sont confortés par les multiples aides au développement concédées par l’Occident à l’Afrique et dernièrement, par l’intervention de l’armée française qui a évité la catastrophe au Mali. Ce sujet a notamment continué à diviser les Etats. Mais, la délégation malienne a fait une présentation détaillée de la situation actuelle dans le pays sur les plans sécuritaire, politique humanitaire et socio économique. Elle a insisté sur la volonté affichée par les autorités d’organiser les élections au mois de juillet et assumé sa décision prise souverainement d’appeler Paris à l’aide alors que le continent assistait passivement au naufrage du pays.
Justement pour parer à de telles mésaventures, le sommet a décidé de créer une force de réaction rapide chargée d’intervenir dans les conflits sur le continent. Le président français François Hollande, convié à Addis-Abeba aux festivités du cinquantenaire de l’OUA, l’ancêtre de l’UA, a invité ses homologues africains à un sommet sur la sécurité en Afrique à Paris les 6 et 7 décembre. En même temps, il justifiait l’intervention de la France au Mali avant d’assurer de sa détermination de voir les élections de juillet se dérouler sur toute l’étendue du territoire malien, Kidal inclus. Il promis le renforcement de la sécurité dans les pays voisins du Mali pour éviter la réédition des attaques kamikazes d’Arlit.
La division du continent se cristallisée toujours sur le dossier du Sahara occidental. Certains Etats ont estimé que la question n’était pas à l’ordre du jour du sommet, d’autres ont soutenu le contraire. Dans l’impasse, la conférence a décidé de mener des consultations restreintes pour la session de l’organisation qui se tiendra en janvier 2014.
A Addis-Abeba les chefs d’Etat et de gouvernement africains se sont inquiétés de l’incapacité du continent à financer son développement. C’est pourquoi le sommet a préconisé la recherche de financements innovants, notamment à travers l’imposition de taxes sur les billets d’avion et les hôtels. Toutefois au regard des appréhensions émises par la Guinée et les Seychelles, un comité ad’hoc a été créer pour réfléchir sur la question et un mémoire pour le rendez-vous de janvier 2014.
La conférence a critiqué l’inexpérience en termes de gouvernance, la faiblesse du développement institutionnel de la plupart des Etats africains, la limitation des sphères d’influence du continent et la quasi absence de l’Afrique dans la prise des grandes décisions concernant le sort de l’humanité.
Le sommet a affiché sa volonté de hisser l’intégration économique à la hauteur de l’intégration politique du continent. Aussi il a jugé nécessaire de travailler davantage au développement d’un partenariat plus étroit sur les questions d’infrastructures, de la fracture numérique entre l’Afrique et le reste du monde et entre Etats du même continent.
L’engagement de l’Afrique en termes de partenariat dans la perspective des prochains sommets du G8 et du G20, a été réaffirmé. La conférence a pris connaissance des résultats du sommet des BRICS tenu en avril dernier en Afrique du Sud ainsi que des résultats de l’étude sur la mobilisation des ressources locales pour le financement des programmes du NEPAD. Même si cet organisme spécialisé de l’UA dont l’objectif est de combler le retard du continent en matière de développement, peine à démarrer, notre pays a toujours soutenu ses initiatives notamment en ce qui concerne les projets structurants comme la route transsaharienne ou la grande muraille verte qui va de Dakar à Djibouti sur 75000 km.
Comme l’a opportunément rappelé le premier secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine, l’octogénaire Edem Kodjo, l’Afrique n’est pas le dernier des Mohicans. L’OUA a rempli avec honneur sa mission, celle de décoloniser le continent. L’Union africaine n’a pas encore rempli la sienne qui est d’unifier le continent comme l’auraient souhaité les pères fondateurs de l’OUA. A Addis-Abeba, les chefs d’Etat et de gouvernement ont mis un plan d’action sur le métier. Sa réalisation tiendra de la capacité des Africains à créer les conditions réelles de sa mise en œuvre c’est-à-dire la paix, la stabilité et la bonne gouvernance.