Alors qu’une «grande opération humanitaire» se prépare au niveau des villes frontalières du sud du pays, le comité interministériel chargé de la prise en charge de la migration clandestine tient, depuis quelques jours, de nombreuses réunions avec les secteurs concernés par cet exode massif de populations en détresse. L’opération se fera en concertation avec le Mali et le Niger. Dans ce cadre, une délégation officielle des autorités maliennes sera aujourd’hui à Tamanrasset…
La situation au nord du Mali et du Niger inquiète beaucoup les autorités algériennes confrontées à un déplacement massif de populations en détresse vers le sud du pays. Dans le cadre de la mise en œuvre des recommandations du Conseil interministériel du 29 mars dernier consacré exclusivement à la prise en charge du problème de la migration clandestine subsaharienne, une «grande opération humanitaire» est sur le point d’être mise en place au niveau des wilayas du sud du pays, qui font face à ce phénomène.
Ces recommandations, faut-il le rappeler, insistent essentiellement sur le renforcement des moyens des wilayas frontalières confrontées à cet exode, qui semble interpeller également les autorités maliennes et nigériennes, décidées à collaborer pour une meilleure prise en charge des populations en détresse.
Au moment où les discussions se poursuivent avec le Niger, une délégation officielle malienne sera aujourd’hui à Tamanrasset. Elle prendra part à des réunions de travail marathoniennes avec les responsables de la wilaya, mais aussi avec le consul général du Mali et constatera de visu sur le terrain l’ampleur de «ce désastre humain».
«Le gouvernement malien a pris conscience de la gravité de la situation, tout comme d’ailleurs son homologue nigérien, qui a décidé lui aussi de travailler avec l’Algérie pour traiter ce flux migratoire illégal», déclare le chargé du dossier migration clandestine au niveau du ministère de l’Intérieur, M. Kacimi.
Il parle de la mise en place d’un «important dispositif» de secours et de prise en charge sanitaire dotés de moyens humains et matériels «colossaux» dans les villes frontalières, «qui agit même au-delà des frontières, puisqu'au nord-est de la Mauritanie, il a servi pour l’acheminement d’une aide humanitaire au profit de 56 000 Maliens».
Le responsable décrit une situation «préoccupante» au nord du Mali et du Niger, et parle d’un mouvement massif de populations en détresse vers les villes frontalières du Sud, où les opérations de refoulement ciblent essentiellement les personnes en situation illégale. «L’Algérie est en train de mobiliser des moyens colossaux pour soulager la détresse humaine de centaines de personnes.
Des vivres, des couvertures et de l’eau sont distribués quotidiennement, mais la pression devient de plus en plus pesante. Les hôpitaux et les établissements de santé des villes frontalières assurent les soins aux malades et aux personnes les plus vulnérables, comme les enfants, les femmes et les personnes âgées, qui affaiblies par une expédition inhumaine, arrivent avec des maladies lourdes.
Durant ces deux dernières années, l’hôpital de Tamanrasset a assuré les soins à plus de 1200 migrants en détresse, atteints de maladies graves. Durant cette période, nos établissements de santé ont assuré 64 000 prestations de médecine générale et spécialisée aux migrants subsahariens et 1200 hospitalisations de personnes en détresse», explique M. Kacimi.
Il précise, par ailleurs, qu’au niveau de la frontière avec le Mali, plus de 6000 Maliens ont été vaccinés et on a prodigué des soins à titre gracieux à 1500 personnes porteuses du VIH. Notre interlocuteur décrit le drame humain en disant : «Ces personnes traversent le désert malien du Tanezrouft, deux fois plus grand que la France, et le désert du Ténéré, au nord du Niger, le plus dangereux des déserts, en prenant des risques mortels et sont livrées aux réseaux de traite des personnes qui portent atteinte à leur dignité.
Avant d’arriver en Algérie, les migrants sont déjà abandonnés et c’est l’Algérie qui leur apporte les premiers secours , Ces migrants mettent leur vie en danger parce que leurs Etats ne répondent pas à leurs besoins fondamentaux.
L’Algérie ne peut être responsable des populations des autres Etats. Elle est tout juste solidaire de la souffrance des migrants. Notre pays a toujours été le premier à aider dans les détresses humanitaires en Afrique.» Notre interlocuteur rappelle à ce titre la décision prise par l’Algérie d’effacer la dette de plusieurs pays africains, d’un montant de 3,5 milliards de dollars, dans le seul but de soulager les populations en détresse.