Ramadan ou pas, les fruits sont recommandés par les diététiciens pour ce qu’ils peuvent apporter à l’organisme humain. Ils contiennent de nombreuses vitamines, des minéraux et antioxydants essentiels pour l’équilibre de l’être humain et facilitent la digestion. Pendant le mois de carême, les fruits étant très prisés, leurs prix prennent l’ascenseur. Parce que les vendeurs de fruit veulent tirer le maximum d’intérêt de la période du mois béni et font de la surenchère. Malheureusement, tous ne profitent pas de la niche. Parce qu’il y a dans certains cas une mévente liée à la conjoncture économique et une flambée des prix sur le marché. Il suffit de faire le tour de quelques marchés de fruits, notamment au marché de Médine ou «la place de Sikasso» et du marché des bananes communément appelé «Namassa dangan», pour toucher du doigt cette réalité.
Il est environ 10h, le marché de Médine grouillait de monde et dans un tohu-bohu indescriptible. Des paniers remplis d’oranges (vertes et jaunes), des assiettes de bananes, des pommes et des raisins, proposés à la clientèle se marchandaient. Il y avait aussi des papayes et autres ananas. «Pour ce mois de carême, le marché des fruits n’est pas du tout florissant », déplore Ba Diakité, une vendeuse d’oranges. Avant le Ramadan, elle pouvait avoir une recette de 50 000 Fcfa par jour. Mais actuellement, notre vendeuse désabusée fulmine contre le ralentissement du marché parce qu’elle ne vend même plus 5 000 Fcfa par jour. Elle a du mal à expliquer le phénomène. Ba Diakité vend différentes qualités d’oranges, à savoir le «tangor, le «tangelo et le mivan» et des oranges de la production nationale. Le kilogramme de «tankor» est cédé à 500 Fcfa pendant que le «tangelo et le mivan» sont vendus à 700 Fcfa par kilogramme. L’orange de la production nationale est vendue à trois ou quatre unités à 200Fcfa.
Ramata Ouologuem, est aussi vendeuse de bananes. Elle soutient qu’avant le Ramadan, elle prenait le carton de ce fruit à 7 500f au point de vente «Namassa dangan» mais actuellement, elle constate une légère hausse de 2.000 Fcfa soit 77.000 Fcfa le carton de bananes. «C’est trop cher mais avec tout cela je cède le kg à 500 Fcfa. Même si j’ajoute 100 Fcfa, nombre de mes clients n’achèteront pas», explique-t-elle, visiblement démotivée par l’évolution du marché. «Nos grossistes augmentent à dessein parce qu’ils savent que même si les prix prennent l’ascenseur, certains clients paieront, surtout pour la rupture de jeûne», explique Oumou Koné. La vendeuse d’ananas qu’elle est depuis une belle lurette relève qu’elle cédait l’unité à 500 F. Aujourd’hui, elle la vend à 700 Fcfa. «Je suis obligée de vendre ainsi car je dois faire face à des obligations, notamment la location de la place et autres charges», affirme-t-elle.
Kadia Fané fait le marché. Cette revendeuse n’apprécie guère les augmentations. «D’habitude j’achetais l’ananas à 500 Fcfa l’unité mais aujourd’hui je vais acheter les ananas de petite épaisseur à 300 Fcfa l’unité, sinon je ne vais pas m’en sortir», confie notre interlocutrice. Dans les mêmes parages, Fatou Niangadou, grossiste de fruits, déplore la cherté du marché. «Avant le Ramadan, j’achetais le kilo de la papaye à 400 Fcfa, le carton de raisins à 22.000, mais actuellement je les achète respectivement à 600 et 23.000 Fcfa», indique-t-elle. Elle pointe du doigt les douaniers. «Avant le carême, le voyage du Maroc vers le Mali en bateau revenait à 5 millions de Fcfa à nos fournisseurs, mais présentement ils sont contraints de débourser 6 à 7 millions de Fcfa. Ce qui se ressent sur le coût de revient», explique Fatou. Toutefois, les commerçantes invitent les autorités à fixer des prix pour les aliments en général et les fruits en particulier afin de faciliter leur commerce. Mais elles réclament surtout une réduction de prix au niveau des grossistes et propriétaires des vergers pour rendre accessibles les fruits.