Bamako, 24 mai 2018 (AFP) - Deux groupes d'autodéfense ont été récemment
créés dans le centre du Mali pour défendre respectivement les populations
peule et dogon, frappées par les violences intercommunautaires, a appris jeudi
l'AFP auprès de leurs responsables.
"Je suis le président de la coordination du bureau national du groupe
d'autodéfense +Dana Amassagou+, qui veut dire +les chasseurs qui se confient à
Dieu+", a déclaré à l'AFP David Tembiné, chef de ce groupe de chasseurs dogons.
"Nous sommes le nombre qu'il faut pour défendre nos parents contre les
milices, notamment peules, qui les attaquent", dans des zones où l'Etat est
absent, a assuré M. Tembiné.
De son côté, l'Alliance pour le salut du Sahel entend défendre "les civils
peuls du Mali et du Burkina Faso contre les exactions", a expliqué à l'AFP un
de ses responsables, Yessouf Diallo.
"La région de Mopti a une frontière avec le Burkina Faso, où des Peuls
vivent aussi. Nous allons les protéger aussi", a ajouté M. Diallo, un ancien
fonctionnaire malien.
Les violences se multiplient depuis plus de trois ans dans le centre du
Mali entre Peuls, traditionnellement éleveurs, et les ethnies bambara et
dogon, pratiquant majoritairement l'agriculture.
Dans cette région, "les conditions de protection (des civils, NDLR) se sont
encore détériorées", déplore dans son dernier rapport trimestriel sur le Mali
le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.
Les groupes jihadistes y ont "exacerbé les tensions et les violences
intercommunautaires, surtout entre les Peuls et les Dogons, et fait un nombre
de victimes civiles sans précédent" dans leurs opérations visant les forces
maliennes et étrangères, selon le rapport.
La communauté peule accuse régulièrement les autorités de tolérer, voire
d'encourager, les exactions de groupes de chasseurs traditionnels à son
encontre, au nom de la lutte contre les jihadistes, ce que dément
catégoriquement le gouvernement.
A la suite de violences contre des Peuls et des Touareg près de la
frontière avec le Niger (nord-est), le Comité international de la Croix-Rouge
(CICR) avait relevé que de tels actes "ne sont pas rares dans cette région à
cette période "en raison des aléas climatiques qui rendent difficile l'accès à
l'eau et aux pâturages".
"Ce qui est inhabituel", soulignait le CICR le 4 mai, "c'est l'ampleur de
ces violences".
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes
jihadistes liés à Al-Qaïda, avant d'en être chassés en grande partie chassés à
la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de la France, d'une
intervention militaire qui se poursuit.
Des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises
et internationales, régulièrement visées par des attaques meurtrières, malgré
la signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix, censé isoler définitivement
les jihadistes.
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