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Dernier hommage à un prince de la scène musicale
Publié le samedi 26 mai 2018  |  Présidence
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Nous vous proposons ici l’intégralité de la présentation des condoléances de SEM Ibrahim Boubacar Keïta, Président de la République, Grand Maître des Ordres Nationaux, à l’occasion des instants solennels des obsèques de Kassé Mady Diabaté le 26 mai 2018, lue par le Grand Chancellier.

« Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat, Grand Maître des Ordres nationaux ;
Monsieur le Premier ministre Chef du Gouvernement ;
Madame le Ministre de la Culture ;
Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement ;
Madame et Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;
Distinguées Personnalités en vos titres, rangs et qualités tout protocole observé ;
Mesdames, Messieurs ;

Qu’Allah dans toute sa mansuétude, remplisse nos cœurs et nos esprits de la sérénité indispensable au Pardon et à la Concorde en ce mois béni du Ramadan!
’’Personne ne peut mourir que par la permission d’Allah, et au moment prédéterminé.’’ (Coran, Sourate 3, verset 145).
Triste est ce jour qui nous voit, humbles mortels nous soumettre à ce sinistre, mais Ô combien noble devoir, d’accompagner un des nôtres à sa dernière demeure. Ayant reçu la permission de son Créateur, le grand aède Mandéka est au rendez-vous divin.
Le « Griot planétaire », la « Voix majuscule » comme l’aimait à le nommer certains, s’est tu… à jamais !
De son Kéla natal, où la chanson rythme le quotidien des paysans, feu Kassé Mady Diabaté, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est venu bercer de sa voix suave et captivante le cœur et les oreilles des mélomanes de Bamako.
Sobre du geste, altier du port, le Djeli Kassé Mady se comportait en prince sur la scène musicale ; incarnant les vertus de notre royaume d’enfance à travers des compositions, louant le mérite, fustigeant la méchanceté et l’ingratitude et tel un trouvère des temps anciens, d’un ton lyrique qui faisait froid dans le dos chantait son Maliba natal qu’il mettait au dessus de tout.
« Kassé Mady est drôle, magnifique de poésie, d’humanité, d’une grande générosité… Il m’a bouleversé, j’en ai pleuré, carrément. C’est un des meilleurs chanteurs que j’ai enregistré de ma vie, indéniablement. » Ces propos sont de Jean Lamoot, qui a coproduit l’album Manden Djeli Kan en 2007. Ils résument l’homme que Son Excellence Ibrahim Boubacar Keïta, Grand maître des Ordres nationaux vient d’élever ici et maintenant au rang de Commandeur de l’Ordre national à titre posthume.
L’apport inestimable de feu Kassé Mady à l’essor de la musique mandingue, au rayonnement de la culture malienne, le Président de la République l’avait solennellement reconnu, qui l’avait récemment décoré, avec certains de ses pairs, de la médaille d’Officier de l’Ordre national, pour les immenses services rendus à la Nation… C’était en décembre 2017.
La fierté légendaire du griot des grandes familles, Kassé Mady Diabaté l’incarnait, car même dans la maladie, cet homme affable au regard direct et franc, ne s’est jamais départi de ce sourire mélancolique qu’éclairait son visage ; il ne voulait pas inspirer la pitié…En cela, et en beaucoup d’autres points, la « voix d’or du Mali » incarnait les préceptes du Saint Ali Ibn Abi Taleb (qu’Allah soit satisfait de lui), je cite : « Sois avec les gens de telle manière que lorsque tu vis, ils aiment ta présence et lorsque tu meurs, ils pleurent ton absence ».
Hé oui, cher frère Kassé Mady, nous avons tous aimé tes mélodieuses compositions et interprétations avec « Las Maravillas du Mali », nous avons savouré celles ces notes souvent tristes d’avec le Badema National et fredonnons constamment, en bon africain, les notes suaves et ta voix lyrique dans cette fameuse épopée mandingue qu’avec tes frères et sœurs griots mandingues vous aviez intitulé Mandekalou.
Tu t’en vas en n’ayant jamais transigé de ta ligne, celle de la sagesse, celle qui veut que chacune de tes chansons soit porteuse d’enseignement, celle qui veut souder les familles et fraterniser les hommes. Que disais-tu d’autres à travers ces propos : « J’interpelle les nantis qui s’autorisent parfois n’importe quoi sous prétexte qu’ils ont de l’argent. J’encourage également les démunis à ne pas se décourager, à se préserver de cette amertume qui pourrait les amener à en vouloir à ceux possédant des biens. J’insiste sur les vertus de l’humilité. »
Cette sagesse ensemencée, tes frères et sœurs Djeli du Mandé, griots du Mali, se feront fort de la faire germer et de voir ses belles fleurs couvrir le Mali tout entier, telle la promesse d’un imminent monde meilleur.
Au nom de Son Excellence Monsieur le Président de la République, Grand Maître des Ordres Nationaux, au nom des Membres du Conseil des Ordres Nationaux et en mon nom propre, je présente à la famille, aux parents, amis, à tout le monde de la musique et de la culture, l’expression de ma très grande commisération et mes condoléances les plus émues.
Prions ensemble, l’Omnipotent, l’Omniscient, le Très Miséricordieux, afin qu’après le Temps des actions passé ici sur terre, la rétribution qu’il va accorder à notre regretté frère soit le Paradis éternel au milieu des Saints.
Dors en paix, feu Kassé Mady Diabaté, la reconnaissance de votre patrie le Mali, vous est à jamais due !
Que la Terre te soit légère, Amen ! »
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