En élevant les chefs d’état-major de l’armée de Terre et l’Armée de l’air au grade de Général, excluant du coup ceux de la Garde nationale et de la Gendarmerie nationale, le président de la République crée une frustration au sein de son armée et met à mal la cohésion entre les quatre grands corps de la famille militaire.
Les récentes promotions faites à certains chefs militaires venant de Koulouba et le nouveau décret d’avancement de grade au sein de l’armée sont aujourd’hui les causes d’un grand malaise au sein de l’armée.
À la surprise générale, le peuple malien a appris la nomination de plusieurs personnalités de l’armée malienne au grade de général de brigade et de division lors du Conseil des ministres du mercredi 16 mai 2018.
Au titre du ministère de la Défense et des Anciens combattants : les Généraux de Brigade Salif Traoré, M’Bemba Moussa Keita, Oumar Dao, Moussa Diawara ont été promus au grade de Généraux de division.
Les colonels-majors Abdrahmane Baby, Souleymane Bamba, Moustapha dit Tran Van N’Goc Drabo, Ibrahima Fané, Cheick Fantamady Dembélé, Bakaye Thiero ont reçu les grades de généraux de brigade.
Malheureusement, dans cette nomination, deux corps de l’armée malienne ont été oubliés. L’armée est composée de quatre grands corps : l’armée de l’air, l’armée de terre, la garde nationale et la gendarmerie. Le choix d’élever les chefs d’état-major de l’armée de l’air et de terre au grade de général de brigade au détriment de ceux de la Garde nationale et de la Gendarmerie nationale est purement et simplement incompréhensible.
En regardant bien, ces différents corps, depuis le début de la crise, la Garde et la Gendarmerie sont les plus exposées car elles sont présentes dans toutes les localités du pays. Leur bravoure et leurs sacrifices sur le terrain ne sont plus à démontrer. La nomination au sein de l’armée a toujours été équitable entre les différents corps. C’est la première fois dans l’histoire du Mali qu’une nomination se fait avec beaucoup d’iniquité.
Selon nos sources, ces nominations auraient été faites à l’insu du ministre de la Défense et de son cabinet. L’option politique serait plus que privilégiée que l’option compétence dans cette affaire.
Du coup, une frustration s’est installée dans le camp des deux corps oubliés. À tel point que la cohésion au sein de l’armée est sur le point de s’effriter. Cette situation nous rappelle le triste évènement des bérets verts et bérets rouges. Même si les corps ne s’affrontent pas directement cette fois-ci, au fond, rien ne va, car certains corps se sentent abandonnés par le chef suprême des armées.
Certains militaires n’hésitent plus à dénoncer un complot contre la Garde et la Gendarmerie. Ces deux corps ne disposent plus de généraux au niveau du commandement. Et pourtant, les compétences ne manquent point. Des cadres dévoués, qui font chaque jour leurs preuves, sont jetés aux oubliettes. Et pourtant, ces deux corps d’élite assurent actuellement la sécurité de la présidence et de la primature. Toute chose qui mérite une analyse judicieuse des plus hautes autorités.
Malheureusement, ces nominations se font au moment où le gouvernement durcit l’avancement de grade des militaires à travers un décret présidentiel pris à cet effet. Ce décret définit les nouvelles conditions d’avancement de grade au sein de l’armée. Selon des sources militaires, ce nouveau décret va durcir l’obtention des grades. D’après les mêmes sources, les militaires doivent désormais cravacher durant 5 ans au lieu de 3 ans pour bénéficier de nouveau grade chez les officiers et sous-officiers.
Cette situation fait désormais grincer des dents au sein de la grande muette. Le traitement différentiel et la politisation de notre armée semblent être aujourd’hui monnaie courante. Ces injustices fragilisent sérieusement la cohésion au sein de l’armée qui fait déjà face à des ennemis depuis plusieurs années.
Le Mali reste le seul pays de la sous-région où les chefs d’état-major et les directeurs généraux des quatre corps de l’armée n’ont pas le grade de Général.