Le président français, Emmanuel Macron, prévoit une intervention militaire d’envergure au Mali en impliquant les éléments du G5 Sahel qui fera son premier test sur le terrain. Une décision qui ne fait pas l’unanimité parmi les élus français qui ne voient pas l’objectif de cette opération, d’une part, et surtout, d’autre part, qu’elle intervient au milieu du calendrier électoral malien ; durant la campagne pour la présidentielle à laquelle participe le président sortant, Ibrahim Boubacar Keita.
Un coup de pouce pour le candidat sortant puisque, estiment les parlementaires, l’armée française est amenée de facto à sécuriser le scrutin. Un scrutin dont les phases décisives, la consolidation des résultats, échappent à tout contrôle. Autrement dit, IBK a toutes les chances de remporter l’élection.
Cette méthode va-t-en-guerre de Macron n’a pas échappé aux élus qui ont décidé de mener une enquête sur la présence de l’opération Barkhane au Mali depuis cinq ans et sur ses résultats. Selon le Canard Enchaîné du 23 mai qui a eu accès au rapport préliminaire, le président français a été trop optimiste en prenant le dossier du Sahel et en lançant en 2017 son idée d’une force africaine, le G5 Sahel, qui s’est avérée finalement vouloir se rapprocher d’un projet virtuel tant il souffre de plusieurs failles relevant de la réalité du terrain dont n’a pas tenu compte le locataire de l’Élysée. Une attitude qui rappelle, selon le Canard Enchaîné, la Françafrique.
Et Macron de tenter de rattraper le temps, les lacunes de cette force du Sahel et son financement, de se rabattre, après avoir épuisé ses tentatives de rallier la communauté internationale à son projet, sur des solutions de rechange secondaires. En l’absence d’une consistante contribution américaine, vu le niet diplomatique de l’ONU, déjà présente sur le terrain à travers la Minusma et, bien entendu, l’absence de l’Algérie, que les élus considèrent comme un élément-clé dans la solution au Mali, quand bien même est mis en évidence “la mise sous le coude” de l’accord de paix et de réconciliation au Mali (dit Accord d’Alger), M. Macron a réussi à gagner un engagement minimal européen après la rencontre de Sofia pour l’envoi d’un contingent d’élite dans la sous-région. Localement, il ne peut compter que sur les soldats tchadiens rompus au combat, ceux des autres pays souffrant du manque de formation, de financement et de sous-équipement. Même les soldats français de l’opération Barkhane, révèle le rapport préliminaire, n’arrivent pas à faire face aux attaques terroristes en raison, entre autres, de leur sous-équipement.
Par ailleurs, le volet politique est complètement évacué de la solution préconisée par le président français. D’ailleurs, la France ne semble pas mettre tout son poids pour ramener les signataires de l’Accord d’Alger à accélérer sa mise en œuvre qui est au point mort depuis l’été 2015. Le président français donne ainsi l’air de se chercher une issue honorable du bourbier malien, lui qui préconise le retrait des troupes françaises pour laisser la place à la force du G5 Sahel, il tente le coup de la Libye avec une tentative de rapprochement entre les différents acteurs politiques et militaires pour parvenir à une solution “politique”. Un jeu qui risque cependant de saper les efforts de la médiation et la feuille de route de l’ONU pour ce pays déjà dans le chaos. Parce que son objectif est de se replacer dans l’échiquier, et qui doit passer le soutien à une des parties.