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Youssouf Angoiba, maire de Dianwéli, dans le cercle de Douentza, à propos des conflits intercommunautaires : « Il y’a une manipulation, une orchestration…on est entrain de comprendre les choses »
Publié le vendredi 1 juin 2018  |  Le Républicain
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En marge de l’assemblée générale organisée la semaine passée au palais de la culture par les ressortissants des cercles de Douentza et de Koro, le Maire de la commune rurale de Dianwéli dans le cercle de Douentza, Youssouf Angoiba s’est exprimé sur la situation d’insécurité que connait le pays Dogon, notamment les raisons et les personnes qui sont derrières ces attaques ainsi que la responsabilité de l’Etat face à cette situation.

Le pays Dogon est confronté à une situation d’insécurité, peut-on en connaitre les raisons ?

De plus en plus, il y’a des individus qui sont entrain de tronquer l’histoire pour raconter des histoires. Ils ont armé des gens afin qu’ils s’attaquent à leurs frères dogons. Parce que chez nous chaque famille dogon a sa famille peulh. Et vous allez voir dans toute la plaine difficilement vous trouverez un dogon qui ne parle pas peulh et les peulhs qui sont avec nous beaucoup parlent dogon aussi. D’ailleurs, pour la petite histoire, on va jusqu’à dire que la langue de communication entre les dogons c’est le peulh à cause de la multiplicité dialectique. Pour nous, c’est des voisins, des camarades, des gens avec qui nous avons cohabités et avec qui nous vivons en symbiose. Mais de plus en plus, des responsables, des soit disant intellectuels, des gens animés de mauvaise foi sont entrain de raconter des histoires aux gens et réveiller des petits problèmes qui ont toujours existé entre sédentaires et éleveurs et ils l’ont toujours géré à l’amiable autour de la Togouna ou bien sous les hangars.

Maintenant, depuis 2012 qu’est-ce que nous avons constaté. Les velléités sont arrivées à un niveau où nous avons des villages dogons qui sont attaqués. Des gens qui vivent paisiblement sont attaqués par des individus armés. Ils tuent, ils mettent le feu et ensuite ils partent.

Est-ce que c’est des Peulhs ?

C’est des peulhs. Au début, nous on nous a fait croire que c’est des djihadistes parce qu’il y’avait le problème du nord. Malgré tout, aucun village n’a souffert de ce problème. On n’a jamais connu une attaque du nord et il n’y aura jamais d’attaques entre Dogon et Tamasheqs. Les Dogons ont toujours cru que c’est des djihadistes de 2012 jusqu’à 2015, on ne fait que connaitre des tueries, des massacres. On a alerté l’Etat, il ne sait pas assumer, on a alerté qui de droit, les gens n’ont pas pu. Maintenant, nous avons dit que c’est très simple, qu’ils soient djihadistes ou autres, nous allons commencer à riposter.

C’est en ripostant que nous avons découvert dans les cadavres que c’était des voisins, des gens avec qui nous sommes ensemble. Et c’est en ce moment que nous avons commencés à les démasquer. En plus de cela, il y’a eu des gens qui ont commencé à parler en haut. Mais comment se fait-il que quand des bandits attaquent une communauté paisible et que des intellectuels ripostent pour dire qu’on est en train de massacrer une communauté, des communautés qui ont vécus ensemble des siècles ? Comment est-ce que vous pouvez comprendre que l’on dise que c’est des djihadistes et quand on tue un djihadiste, des hauts responsables marchent à Bamako ?

Selon vous, ces groupes armés sont-ils manipulés ?

Il y’a une manipulation, une orchestration, je le dis haut et fort. Maintenant, nous avons compris, on a ouvert les yeux et on entrain de comprendre les choses. Tout ce qui se trament de la Mauritanie, dans les frontières jusqu’au Burkina Faso, on est entrain de se rendre compte. Maintenant, nous allons nous réunir en un seul groupe pour riposter énergiquement contre tout ce qui va attaquer un village dogon. Parce que l’objectif nous a été déjà communiqué, c’est d’empêcher les dogons de cultiver.

Quand le dogon ne cultive pas, tu l’affames. Est-ce qu’il pourrait dire qu’il est digne, qu’il a l’honneur, non. C’est ce que nous n’allons pas tolérer. Des villages entiers ont été déplacés parce qu’ils sont sans défenses. Nous on respecte l’Etat, ils ont désarmés nos villages alors que ces gens ont des armes de guerre. Comment est-ce que vous pouvez comprendre cela. Nos patriarches ont informé les autorités. Si le Président n’est pas au courant qu’il soit informé que les Dogons ne vont plus se laisser faire. Ces velléités vont s’arrêter. Nous sommes un peuple paisible.

Quel a été le rôle de l’Etat dans la résolution de la crise?

Nous pouvons dire que nous n’avons pas vu l’Etat. Quand il y’a une attaque dans un village et que vous appelez le matin à 8 heures, les forces de sécurité ne viennent qu’à 14 heures. Quand vous êtes attaqués à 14 heures, ils disent d’attendre demain. Donc, pour nous, on n’a pas vu l’Etat et nous croyons qu’on avait un Etat. Nous croyons que le rôle régalien de l’armée est de préserver la sécurité des hommes et de leurs biens dans un territoire bien déterminé. Et maintenant que nous avons commencé à riposter, on dit que nous faisons la chasse au gibier. Il y’a un aspect sur lequel je voudrais attirer votre attention.

J’ai été très déçu, quand j’ai entendu un haut responsable de ce pays, qui a tout eu de ce pays-là, mais qui n’a rien donné à ce pays, se permettre de dire qu’il y’a massacre entre dogons peulhs, entre peulhs et bamanas, entre Bozos et peulhs, entre Tamasheqs et Peulhs. Pourquoi seulement les peulhs, Il y’a des massacres entre d’autres communautés, c’est les peulhs seulement contre toutes ces autres communautés, et d’où viennent ces peulhs ? Nous on a toujours vécus avec les peulhs sans problème. Si vous voyez que certains ont le courage de faire ça c’est parce qu’ils sont manipulés. Et si l’Etat est responsable, il n’a qu’a situé les responsabilités et arrêté ceux qui sont entrain de manipuler ces gens-là. S’il ne peut pas le faire, nous nous ne sommes pas des criminels.

Ousmane Baba Dramé
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