Pour revendiquer l’organisation d’élections transparentes en 2018, la coalition pour l’alternance et le changement prévoit une marche pacifique ce samedi 2 mai. Pendant ce temps, le gouvernorat du District de Bamako brandit l’état d’urgence et interdit la manifestation.
«Nous voulons l’alternance et le changement dans ce pays…Nous n’accepterons pas le tako kélen (victoire au premier tour en bamanan)», cette déclaration est de Tiébilé Dramé, président du Parena, cadre de l’opposition. 24 heures après l’annonce télévisée de la candidature du président sortant, Ibrahim Boubacar Keïta, l’opposition sort ses muscles. Dans une salle remplie de militants, face à un parterre de journalistes, les cadres de la coalition pour l’alternance et le changement, composée des partis de l’opposition et des organisations de la société civile, ont vivement critiqué le pouvoir en place, mardi dernier.
« La déclaration du président IBK à Kangaba, sa déclaration de candidature à son domicile en 15 minutes sur l’ORTM, la déclaration du porte-parole du gouvernement, Amadou Koïta sur les ondes de RFI faisant allusion à une victoire dès le premier tour du président sortant » sont les motifs de la colère de l’opposition.
Elle juge le bilan du président sortant « calamiteux » et estime qu’il n’a aucune chance de gagner le scrutin du 29 juillet sans « tricher ».
« Avec un bilan négatif du premier quinquennat et après avoir perdu tout le soutien qu’il a eu en 2013, si le président IBK ne fait pas attention, il n’ira même pas au second tour. Il ne peut gagner ni au deuxième tour ni au troisième tour », clame l’opposant Tiébilé Dramé. Président de la coalition pour l’alternance et le changement, il est le directeur de campagne de Soumaïla Cissé, candidat du principal parti de l’opposition, l’Union pour la République et la Démocratie (URD).
« Si IBK venait à être déclaré vainqueur dès le premier tour, quelle que soit la sincérité du résultat, nous ne l’accepterons pas parce qu’on se rappellera que c’est pour cela que le système avait été fait», renchérit, Ras Bath, porte-parole du CDR.
« Nous sommes sur nos gardes, il détient le pouvoir, il a de l’argent et c’est lui qui organise ces élections, il a aussi l’ORTM. Sa déclaration de 15 minutes en est une preuve suffisante car les autres candidats n’ont pas dépassé 3 minutes et ils ne l’ont pas fait chez eux », accuse le président du Parena, Tiébilé Dramé.
Visé par les propos du chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta à Kangaba, l’auteur du slogan « Boua Ka bla », Ras Bath, porte-parole du CDR a invité le président à rester au-dessus de la mêlée. «Nous condamnons les propos du président IBK tenus à Kangaba pas parce qu’on ne l’aime pas ou qu’on est fâché après lui mais à cause de la fonction qu’il occupe. Il est la première institution de la République », a-t-il déclaré.
Selon les partis et associations membres de la coalition pour l’alternance, un président élu par le peuple ne doit pas tenir un propos du genre « je ne céderai le pouvoir au profit du père d’autrui ».
Ce samedi 2 mai, l’opposition compte battre le pavé pour réclamer l’organisation d’élections transparentes. Une attitude jugée comme de la « surenchère » par le pouvoir.
Mais dans un communiqué en date du mercredi 30 mai, le gouvernorat du District de Bamako a annoncé son opposition à l’organisation de cette marche. Raison évoquée : l’état d’urgence.