Comme tout chroniqueur, j’ai cette fringale qui me tente de ratisser large dans la présente livraison tant l’actualité à travers le monde offre de la matière pour concocter un menu alléchant. Mais par réalisme, je vais devoir ramener mes prétentions à des proportions convenues et, la mort dans l’âme, opérer un tri draconien.
Ainsi, vais-je renoncer à traiter du fantasque et imprévisible président américain Donald Trump qui, après mûres réflexions ou suite à quelque pression, s’apprête à rencontrer finalement le « paria » de la Corée du Nord, Kim Jom - un. Mais comme le milliardaire américain s’est mis dans la tête que l’unilatéralisme dans les relations entre Etats est sa norme, il nous gratifie d’une redoutable crise commerciale avec la « Vieille Europe », le Mexique et le Canada, menaçant au passage la Chine de lui infliger les pires sanctions commerciales de notre ère. Sans état d’âme et à partir du « Bureau ovale », Trump a à cœur de redessiner le monde à son image ou plutôt, dans la perspective des élections de mi-mandat (6 novembre 2018), de donner des gages à sa base électorale, cette Amérique blanche ultranationaliste, chrétienne conservatrice et moyennement éduquée qui vit dans la hantise du complot permanent venu de loin.
Au XXIème Siècle, c’est un scandale absolu qui passe malheureusement comme une lettre à la poste parce que étant le fait de l’hyperpuissance américaine. Mais tel pourrait être pris qui croyait prendre les autres au pied de son jeu dangereux puisque mal maîtrisé. L’histoire nous en rendra témoignage ! J’aimerais aborder rapidement la toute fraîche actualité en Italie et en Espagne, deux pays européens aux économies en crise – même si le FMI observe une reprise encourageante – mais où la politique tient de la haute voltige. En Italie, après moult atermoiements et tergiversations entre le Président de la République Sergio Mattarella et les leaders du Mouvement 5 Etoiles (M5S) et de la Ligue, respectivement Luigi Di Maio et Matteo Salvini, vainqueurs des législatives du 4 mars dernier, la crise politique connaît son épilogue.
En effet, le candidat des vainqueurs au poste de Président du Conseil des ministres (Premier ministre), Giuseppe Conte, a finalement été adoubé par le Palais. Mais l’Europe entière retient son souffle puisque ceux et celles qui viennent d’être nommés dans le 65èmegouvernement italien depuis 1946 sont des « antisystèmes », des « eurosceptiques » et des populistes pour qui il tarde de jeter à la mer tous ces migrants envahisseurs qui prennent aux « transalpins » leurs emplois et bien plus. Luigi Di Maio et Matteo Salvini qui doivent se contenter respectivement des macarons de vice-premier ministre en charge du Développement économique et de l'Intérieur auront à cœur de soumettre l’Europe à rude épreuve et, dans une certaine mesure, seraient tentés, si on les laisse faire, de pousser leurs bases respectives à réclamer un referendum de sortie de l’Europe.
On est certes loin de ce scénario-catastrophe, mais la surveillance accrue de la rebelle Italie vient de commencer. Pour terminer ce petit tour d’horizon, je vais m’arrêter en Espagne où le Premier ministre conservateur Mariano Rajoy (Parti Populaire), au pouvoir depuis sept ans, a été emporté le vendredi matin par une motion de censure (180 voix pour, 169 contre, une abstention) à l’initiative du parti socialiste espagnol dirigé par le fringant Pedro Sanchez (45 ans). M. Rajoy et ses amis sont sanctionnés pour les scandales de corruption qui ont émaillé leur gouvernance. Il est fort probable que le socialiste Pedro Sanchez ne voudra pas aller jusqu’au terme de la mandature en cours (2020) et, à un certain moment, convoquera des élections législatives anticipées.
C’est un pari très risqué dans la mesure où les socialistes ne disposent que de 84 députés au Congrès des Députés de Madrid, ce qui est loin des 176 parlementaires sur 350. On le voit bien, l’Espagne est loin d’être sortie de son auberge dans un contexte où elle doit faire face à l’irrédentisme catalan qui lui met la pression. En tous les cas et mieux que quiconque, Pedro Sanchez est suffisamment intelligent pour intégrer les paramètres de la situation. Comme promis, il privilégiera « le dialogue et la recherche du consensus ». Il sera pris au mot et les alliés de circonstance d’aujourd’hui ne seront pas forcément les partenaires de demain.