PolitiqueAccord pour la paix, Soumaila Cissé se ravise : «L’Accord d’Alger est d’une importance capitale dans notre quête de paix et de réconciliation», reconnait-t-il
Retour à la raison, ou opération de séduction des partenaires du Mali dans la résolution de la crise ? En tout cas, le chef de file de l’opposition revient sur le sujet. L’accord qu’il avait dénoncé hier est devenu aujourd’hui important à ses yeux. En tout cas, c’est ce qui ressort de son discours d’investiture du 12 mai 2018.
Avant la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger, le principal parti politique de l’opposition, l’Union pour la République et la démocratie (URD) de Soumaïla Cissé avait dénoncé le contenu et émis des réserves. Quelques instants après le paraphe du document par le gouvernement, les partis politiques de l’opposition ont fait part de leur désapprobation. « Attachés au respect de la Constitution du Mali et aux valeurs de la République, le combat inlassable du peuple malien pour la liberté et la démocratie, les partis de l’opposition s’interrogent sur le bien-fondé d’un projet d’accord qui n’a pas été paraphé par la Coordination des mouvements armés (CMA), en rébellion contre le Mali dont les paisibles populations, au Nord comme au Sud, ne demandent qu’à vivre en paix dans un pays mieux gouverné ». Mieux, jugeait l’opposition, «le document paraphé par le gouvernement contient des faiblesses incontestables et comporte des risques majeurs pour l’unité et la stabilité du Mali en tant qu’il confère des droits particuliers à certaines catégories de citoyens. Ce qui n’est pas de nature à rassembler la communauté nationale autour de notre destin commun, et pourrait au contraire porter atteinte à l’unité nationale et à la cohésion sociale ». Malgré le paraphe du document par toutes les parties, et sa signature en mai et juin 2015, les partis de l’opposition ont continué à chanter en refrain : «cet accord n’est pas un bon accord. Il comporte des germes de partition du pays». Toutefois, ils ont pris «acte du paraphe par le gouvernement du Mali de «l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger». Partant, ils ont solennellement déclaré que cet accord n’est pas celui qu’ils auraient souhaité pour notre peuple.
Trois années plus tard, le chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé semble changer d’avis au sujet de cet accord. C’est du moins ce qu’on retenait de son discours d’investiture du 12 mai 2018.
Dans son intervention, le candidat de l’URD a annoncé qu’une fois élu président de la République, au nom de tout notre peuple, il engagerai immédiatement un processus politique pour résoudre la crise au Centre. Ce processus sera fondé sur un dialogue intra et intercommunautaire afin que les populations de ces régions conviennent des conditions de leur cohabitation et de leur accès, dans la paix et la concorde, aux ressources naturelles de leurs contrées.
La paix et la sécurité devront donc sans tarder revenir dans tout le pays. Une fois élu président, indique-t-il, au nom de tout notre peuple, je me donne cinq ans pour mettre fin définitivement à la crise sécuritaire et pacifier le pays. Toutes les énergies du Gouvernement seront tournées vers cet objectif stratégique majeur.
Avant de préciser : « l’Accord d’Alger est d’une importance capitale dans notre quête de paix et de réconciliation. Oui, président, en votre nom, au nom de tout notre peuple, je procéderai à la mise en œuvre diligente de cet accord conformément aux intérêts de notre peuple.
À cet effet, la décentralisation sera approfondie car la gouvernance locale est le meilleur moyen d’impliquer les citoyens dans le développement de leur terroir.
Le transfert des compétences, aussi bien financières qu’administratives, doit être effectif pour une véritable libre administration des collectivités
Le Mali ne sera plus spectateur de son destin comme c’est le cas depuis cinq ans ! », a déclaré le candidat de l’Union pour la République et la démocratie à la présidentielle de 2018.