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Focus : La démocratie violentée !
Publié le mardi 5 juin 2018  |  L’aube
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Au milieu du fracas des grenades lacrymogènes, la démocratie malienne a donné d’elle-même samedi une piteuse image. Des manifestants aux mains nues ont été chargés sans ménagement dans la rue par des Forces du désordre qui ont poussé le zèle répressif jusqu’à vouloir forcer les portes du siège de l’ADP-Maliba qui reste avant tout un espace privé, donc inviolable.

Mais qu’attendre de jeunes policiers à la formation académique faible et professionnelle approximative surtout lorsqu’ils reçoivent de la hiérarchie politique un ordre d’assaut tout plein de haine et de ressentiment sur le succès populaire de l’opposition à la veille d’une élection qui annonce le chant du cygne pour le pouvoir.

Mais même au cœur du malheur peut surgir un espoir inattendu. L’image du jour, samedi, restera pour moi celle des manifestants cherchant à protéger un jeune policier qui après avoir sonné la charge s’est trouvée prisonnier dans une foule surexcitée par l’incompréhensible violence qui s’abattait sur elle. L’infortuné policier va être protégé par des marcheurs interdisant à leurs camarades de porter la main sur lui.

Un geste d’autorité et de responsabilité des manifestants qui rappelle bien que dans la défense de la démocratie et des libertés fondamentales au Mali, les irresponsables ne sont pas là où on les situe. Ces fauteurs de désordre auront besoin de plus que de grenades lacrymogènes pour arrêter l’irrépressible envie de changement qui habite les Maliens.

L’interdiction de la manifestation de samedi ne visait qu’à empêcher une démonstration de force qui anéantirait toutes velléités de fraude électorale. La politique c’est une affaire de foule, de masse qu’on mobilise pour prouver sa représentativité avant de les convertir en électeurs pour le vote. Tous les actes significatifs posés dans ce sens, ces derniers mois, le sont au profit de l’opposition.

Tétanisé par l’absence de ferveur autour de sa personne même à l’occasion des visites préparées à coup de centaines de millions de francs, le président sortant évite soigneusement tout test de popularité jusqu’à aller déclarer sa candidature chez lui à domicile. Les apprentis-sorciers qui sont tentés de faire voter les « anges » pour lui ne veulent pas voir de cortèges dans la rue qui rendraient difficile la justification d’un hold-up électoral.

Ces calculs diaboliques ont eu au moins pour premier effet de souder à jamais le bloc de l’opposition. Les épreuves servent aussi à cela. Un second tour et le candidat de l’opposition aura juste besoin de se baisser pour ramasser le pouvoir. Le président sortant, en cautionnant cette scandaleuse répression d’une manifestation politique pacifique, s’est fermé toutes les portes. Même celles de l’illusion ! On ne violente pas impunément la démocratie.

C H Sylla
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