La plateforme Antè Abanna a manifesté dans l’ordre et a fait plier le Président Ibrahim Boubacar Kéita et ses va-t-en guerre de ministres comme celui des droits de l’homme de l’époque, Me Kassoum Tapo, sur la question de révision constitutionnelle au forceps. Ces manifestations pour dire « touche pas à ma constitution », non à la révision constitutionnelle taillée sur mesure, se sont déroulées dans l’ordre sans qu’une poule en soit dérangée, sans accroche, pas une seule ampoule n’a été cassée.
La raison de l’interdiction de la marche du 2 juin 2018 est à rechercher ailleurs que dans la prévention des troubles à l’ordre public. L’interdiction de la marche et les violences physiques et barbares sur la personne des manifestants, des leaders d’opinion, des responsables politiques, des candidats à la présidentielle du 29 juillet prochain, et des journalistes, en disent long sur le dessein inavouable du pouvoir de réduire les résistances éprises de libertés publiques fondamentales.
En ligne de mire, le scrutin du 29 juillet 2018. A suivre le regard, l’opposition soupçonne une anguille sous roche, un plan machiavélique du pouvoir visant à plier l’élection présidentielle dès le premier tour, et sans rencontrer d’opposition. En interdisant les manifestations et en portant atteintes à l’intégrité physique des manifestants, qui n’ont eu pour crime que faire usage d’un droit garanti par la constitution et les conventions internationales ratifiées par le Mali, le pouvoir de Bamako se rend justiciable devant les juridictions internationales, comme la cour africaine des droits de l’homme et des peuples (Arusha), la cour pénale internationale (La Haye).
Faute d’avoir entendu le président de la CNDH, Malick Coulibaly, qui lui rappelait que « la liberté de manifester pacifiquement sans troubler l’ordre public, y compris la marche, participe de l’exercice démocratique et constitue un droit fondamental des Droits de l’Homme », le gouvernement malien doit prêter une oreille attentive à l’appel du Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, Antonio Guterres, à « assurer la protection des droits fondamentaux de l'homme et la liberté d'expression et de manifester pacifiquement, y compris dans le cadre de l'état d'urgence actuellement en vigueur ». A bon entendeur…