Un premier lot de 3.965.426 cartes a été livré hier au ministre en charge de l’organisation des élections. Le dernier lot arrive à Bamako le 12 juin. La distribution du précieux document pourrait commencer à partir
du 20 juin
Les cartes d’électeurs biométriques des Maliens de l’extérieur et celles des Régions de Kayes, Mopti, Tombouctou, Gao, Kidal et une partie de celles de Ségou (soit 3.965.426 cartes) sont arrivées à Bamako, hier dans la matinée, à bord d’un cargo spécial d’Air France.
Cette première livraison, qui représente 49 % du total, marque une «étape importante dans le processus de préparation de l’élection présidentielle», a déclaré le Premier ministre qui était à l’aérogare fret de l’aéroport international président Modibo Keïta de Senou. Soumeylou Boubèye Maïga était accompagné de plusieurs ministres, notamment celui en charge de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Mohamed Ag Erlaf.
La livraison de ce premier lot vient confirmer que les préparatifs des élections générales de 2018 se déroulent conformément au chronogramme arrêté par le gouvernement. Le doute n’est donc plus permis. C’est du moins le ressenti du chef du gouvernement qui s’est confié à la presse. «Nous tenons notre chronogramme», s’est-il félicité, tout en louant la fiabilité de ces cartes qui sont «adossées aux cartes NINA». La nouvelle carte comporte, en effet, le numéro NINA de son propriétaire, mais aussi les numéros du centre et du bureau dans lequel il doit voter.
Les cartes seront dispatchées «probablement à partir du 20 juin», a annoncé le Premier ministre qui estime le délai raisonnable (un mois et demi avant l’élection présidentielle) pour que tous les électeurs inscrits aient leurs cartes. Les opérations de distribution, qui ne démarreront qu’après la réception définitive de l’ensemble des cartes, seront assurées par des commissions mises en place par le ministre de l’Administration territoriale, en concertation avec les différents acteurs. Et «les cartes non distribuées seront disponibles dans les bureaux de vote», a indiqué Soumeylou Boubèye Maïga qui a profité de l’occasion pour rappeler les dispositions prises afin de garantir la transparente la plus totale lors des prochaines échéances.
En effet, dans chacune des 23.000 bureaux de vote, il y aura un assesseur de l’opposition et un de la majorité. Cela pour éviter tout hiatus dans l’identification des électeurs. La prise en charge de ces représentants des partis politiques coûtera environ 3 milliards de Fcfa à l’Etat. Une lourde enveloppe certes, «mais nous avons pensé que c’était une des conditions pour garantir la transparence», selon Soumeylou Boubèye Maïga qui a promis que le gouvernement continuera à travailler avec tous les acteurs, notamment à travers le cadre de concertation que le ministère de l’Administration territoriale anime avec toutes les parties prenantes au processus électoral.
ÉCOUTE, OUVERTURE ET COURTOISIE – La transition était toute trouvée pour le Premier ministre pour appeler les uns et les autres à prioriser la voie du dialogue afin de surmonter les divergences. Soumeylou Boubèye Maïga s’est dit être dans «une attitude d’écoute» et «d’ouverture à toutes les propositions» qui peuvent améliorer la mise en œuvre de la loi électorale. Il a déclaré qu’il est «dans une attitude de vigilance et de détermination pour faire en sorte que nul ne puisse nous dévier de notre trajectoire qui est en conformité avec la volonté des Maliens d’avoir des élections transparentes et crédibles».
Pour le chef du gouvernement, toutes les revendications ayant trait aux élections peuvent être discutées dans le cadre de concertation qu’anime l’Administration territoriale avec les partis politiques. Il a déploré le recours «à des invectives ou quelques fois même à des propos désobligeants», tout en assurant que le gouvernement ne se laissera pas «entrainer dans une spirale de violence». Le gouvernement, insiste le Premier ministre, doit et restera à «équidistance» pour mieux assurer à la démocratie le confort nécessaire à son ancrage. Au demeurant, les pouvoirs publics comptent rester fermes, mais dans «la courtoisie» et « la considération réciproque », a ajouté le service de communication de la Primature. Le débat institutionnel ne doit en aucun cas se transporter dans la rue.
«Quelles que soient les aspirations des uns et des autres, notre défi commun est de faire en sorte que notre pays se stabilise. Et il ne pourra se stabiliser que dans la démocratie, qui nous permettra d’avoir le pouvoir légitime qui fera face, avec l’ensemble du pays, à cet autre défi qu’est d’instaurer la paix et la stabilité», a insisté Soumeylou Boubèye Maïga.
Par ailleurs, il a invité la classe politique à choisir le champ du pompier plutôt que celui du pyromane. En effet, les responsables de partis politiques ont fait le déplacement de l’aéroport pour être rassurés de l’arrivée des cartes et pour constater leur caractère infalsifiable. «En plus du numéro NINA, il y a d’autres informations qu’on ne peut pas voir à l’œil nu. Il s’agit des caractères de sécurité et des codes barres», a indiqué le ministre Mohamed Ag Erlaf. Une torche spéciale permet de lire ces codes. Et de préciser : «Si vous essayez de la photocopier, tout devient noir et illisible».
Visiblement satisfait, Bocary Tréta, au nom de la majorité présidentielle, a déclaré que cette première livraison traduit la volonté du gouvernement de rendre transparent le processus électoral dans notre pays. Après avoir rappelé que la décision de remplacer les cartes NINA par les cartes d’électeurs a été prise suite à une forte demande de l’opposition, Bocary Tréta a déploré la politique de la chaise vide adoptée par le chef de file de l’opposition qui n’était pas venu à cette rencontre. «Quand on s’engage dans un processus, il faut l’assumer jusqu’au bout», a-t-il martelé.
Boureïma Allaye Touré, président du Conseil national de la société civile, a été pris à témoin. Il a eu la satisfaction de constater que le premier lot de cartes a été livré à la date annoncée. Désormais rassuré que les électeurs disposeront de leurs cartes, il a souhaité que «nous dépassions toutes les difficultés probables qui pourront jalonner cette élection». Il a appelé les uns et les autres à cultiver l’apaisement tout au long de ce processus.
Pour Amadou Aya, secrétaire politique du parti Yèlèma, il s’agit là de la concrétisation d’une demande pressante de son parti. Cependant, il a émis des réserves quant à la capacité du gouvernement à distribuer les 8 millions de cartes d’électeurs sur l’ensemble du territoire national et à l’extérieur. L’arrivée du dernier lot de cartes d’électeurs est prévue pour le 12 juin prochain.