La marche pacifique de l’opposition réprimée dans le sang, sa déclaration de candidature et les réactions suscitées par celle-ci au sein de l’opposition politique. Tels sont, entre autres, les sujets abordés dans cette interviou que le Chef de l’Etat a bien voulu nous accorder. C’était le week-end dernier, au Palais de Sébénikoro, dans son jardin. Sans concession.
Mr le président, la répression sauvage, dont les manifestants ont été victimes de la part des « Forces du désordre » semble avoir terni l’image de votre régime, perçu à l’extérieur du pays comme une « dictature », qui ne dit pas son nom…
Toute démocratie a, souvent, besoin d’une petite dose de dictature. C’est l’ancien étudiant en sciences politiques qui parle. Quand j’avais dit à mes adversaires politiques que « Tiécoroba woulila », personne ne me croyait. Je leur avais dit que la récréation est terminée. Personne ne m’a cru. Maintenant, j’espère qu’ils me croiront. Ce qu’ils appellent « répression sauvage de la marche » n’est, en fait, qu’une dispersion des marcheurs.
Les forces de l’ordre ne les ont même pas touchés. Malgré tout, certains leaders politiques se plaignent d’avoir été malmenés à coup de pilon et de gaz « hara-kirimogène ».
Une photo de Mamadou Igor Diarra, postée sur facebook, le montrait en sang et les yeux rougis par les jets de gaz lacrimogène…
Ah bon, le fiston aussi a eu sa dose ? qu’est-ce qui a bien pu le pousser à se mêler de politique ? le goût du pouvoir ? Il ignorait, sans doute, que le chemin qui mène au pouvoir est parsemé d’hypocrisie et de cadavre.
Il y a eu, selon l’opposition, 30 blessés
Dieu merci, alors ! j’avais pensé qu’il y en avait 10 fois plus.
Ah bon, pourquoi ?
Non, rien !
Les médias internationaux estiment qu’en démocratie, tout citoyen est libre de manifester son mécontentement…
Seulement, quand cette marche est autorisée. La marche de l’opposition avait été interdite. Alors, pourquoi ont-ils bravé cette interdiction ? Par goût de la provocation ? Ou pour me tester ?
En tout cas, ceux qui m’ont nargué, samedi dernier, ont appris à leurs dépens qu’on ne nargue pas, impunément, Maninka Bourama.
Que répondez-vous à ceux qui assimilent votre régime à une dictature qui ne dit pas son nom ?
Qu’ils ignorent de quoi ils parlent. Ce n’est pas au Sorbonnard que je suis à qui on peut enseigner quoi que ce soit dans ce domaine. Même demain, si certains décident de troubler l’ordre public, pour une raison ou une autre, je sortirai ma main de fer de mon gant de velours.
Mr le président, vos opposants trouvent que votre déclaration de candidature manque de vigueur, de conviction. Est-ce parce que votre bilan n’a pas été à hauteur de souhait ?
C’est parce que j’ai changé. Et j’ai voulu cette déclaration de candidature sobre. Ce que mes adversaires politiques sont incapables de comprendre.
On ne peut comprendre grand chose en politique, quand on a fait des études en informatique, en économie ou en comptabilité.
Selon Tiéblé Dramé, le tout-nouveau directeur de campagne de votre ennemi intime, Soumaïla Cissé, « Vous ne gagnerez ni au premier tour, ni au second tour ». Un commentaire ?
Qui vivra, va verra ! comme dirait le comédien malien Lassidan, décédé récemment.
De son côté, Ras Bath ajoute, à l’issue d’un point de presse qu’il a animé le 29 mai dernier, à la Maison de la Presse « Si IBK passe vainqueur dès le premier tour, on ne l’acceptera pas ! ».
Laissons les électeurs maliens en décider ! Eux, au moins, savent faire la différence entre l’homme d’Etat que je suis, et les hommes politiques que sont mes adversaires.
Quelle est la différence ?
Un homme politique considère la prochaine élection, alors que l’homme d’Etat considère la prochaine génération.
Aux Maliens d’ouvrir l’œil, et le bon, pour pouvoir faire le bon choix le 29 juillet prochain.
Propos recueillis
par Le Mollah Omar / Canarddechaine.com