Elu dans la ferveur générale et avec beaucoup d’attentes des Maliens, le président IBK, en fin de mandat, a déçu. Et pour cause, il a été incapable de restaurer la paix au Nord, alors que le Centre du pays est en passe d’échapper au contrôle de l’Etat. A cette situation sécuritaire inquiétante, se greffe une situation sociale, politique et économique désastreuse. L’homme qui a été élu à 77% des suffrages se retrouve aujourd’hui au sommet de l’impopularité.
La ruée vers BK en juillet 2013 se justifiait tout d’abord par le fait que les Maliens n’avaient aucun doute quant à ses réelles capacités à résoudre définitivement le problème du nord.
Au sortir d’une crise aussi profonde, le Mali avait besoin d’un homme à poigne, pour consolider, non seulement sa démocratie mise à mal par le putsch du 22 mars 2012, mais aussi les acquis d’un retour à la paix légués par la transition. En un mot, on cherchait quelqu’un qui pouvait « finir la rébellion », ramener définitivement Kidal dans le giron du Mali, et surtout faire du Mali un Etat UN et indivisible. Les regards ont convergé vers IBK, élu sans coup férir.
Si cela fut, reconnaissons-le, c’est aussi parce que l’homme justifie d’un passé où il avait convaincu plus d’un par sa méthode rigoureuse de gestion, en février 1994, en tant que Premier ministre d’Alpha Oumar Konaré…
Jamais, un régime au Mali, de Modibo Keïta à Amadou Toumani Touré, n’a été autant décrié tout au long de son premier quinquennat que celui d’IBK. Pour le déshonneur du Mali ! Pour le malheur des Maliens. En somme, le plébiscite (plus de 77%) a viré au cauchemar.
Une fois élu chef de l’Etat, IBK révèle son vrai visage
C’est donc au bon vieux souvenir de son passage à la Primature et à la tête de l’Assemblée nationale, que les Maliens ont accordé leur confiance à Ibrahim Boubacar Keïta.
HELAS, nos compatriotes se sont lourdement trompés, ayant sans doute fait le pire choix de leur existence. C’est du moins ce que révèle l’exercice (désastreux) des cinq années de gestion d’IBK. Déjà, en quelques mois d’exercice du pouvoir, le mythe qui entoure « l’homme mystérieux » a fondu comme neige. Aux yeux des Maliens, la gouvernance d’IBK n’est aujourd’hui qu’un calvaire.
Les preuves : Le président IBK a déçu ses électeurs de la manière la plus inattendue possible.
En effet, investi le 19 septembre 2014 (après avoir prêté serment le 4 du même mois), IBK a posé un mois plus tard un acte qui a pris de court plus d’un Malien. Alors qu’on s’attendait à ce qu’il mate la rébellion qui a commis toutes sortes d’exactions sur les populations maliennes , le président de la République a libéré sans jugement tous les rebelles emprisonnés à Bamako.
Pire, les Maliens n’avaient pas encore fini de digérer cet affront que le président cède à une autre revendication des bandits armés : la levée des mandats d’arrêts des rebelles et terroristes. Cette décision, comme celle de la libération des rebelles et terroristes, a été prise sans en référer à la justice malienne, qui avait pourtant lancé ces mandats d’arrêt le 8 février 2014…
C’est dire que l’homme à poigne, tant craint et redouté, a abdiqué au premier obstacle. IBK commence alors à révéler son vrai visage.
Le mythe IBK s’est aussi effrité dans les négociations avec les rebelles de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad). Mais pourtant, à sa prise de fonction, le chef de l’Etat excluait toute négociation avec des rebelles armés. « Nous ne négocierons pas avec des bandits armés…», ne cessait-il d’entonner. Mais, l’homme à poigne est réduit à supplier ces mêmes bandits, pour obtenir le « fameux » Accord d’Alger pour la paix, qui, depuis sa signature (mai 2015), peine à être appliquer. Conséquence ? L’insécurité de plus en plus galopante, s’est propagée dans le Centre du pays (régions de Mopti et de Ségou)…
Où IBK clame la fermeté et prend un engagement solennel devant le peuple : « Plus jamais, une délégation de l’Etat ne sera prise à partie à Kidal… Je ne laisserai pas ces mouvements armés, certains qualifiés de terroristes, d’autres désignés de manière commode comme rebelles, mais tous, réunis et solidaires à nouveau,… continuer à faire la loi, ni à Kidal, ni dans une autre partie de notre territoire »…
Qu’en est-il à la fin du mandat d’IBK aujourd’hui ? La réalité est dure et très difficile à dire. L’Etat malien n’exerce quasiment plus son autorité dans le Nord et une bonne partie du Centre du pays. Laissant le champ libre aux groupes armés, djihadistes, narcotrafiquants… Et pour couronner le tout, depuis 2015, le 6 avril de chaque an, l’Etat fantomatique de l’Azawad célèbre son indépendance… Une gifle !
Peu soucieux des ressources de l’Etat
Autre preuve de l’effondrement du mythe IBK ? Les scandales qui jonchent la gestion des affaires publiques et le quotidien des Maliens.
L’homme à la forte probité morale d’hier, est devenu peu soucieux des deniers publics, avec notamment des scandales financiers et des passations des marchés de l’Etat dans des conditions peu orthodoxes, qui se succèdent comme au jeu à la roulette et s’avèrent plus sales et grossiers les uns que les autres.
Les citoyens ont du mal à comprendre que c’est le même IBK qui donnait des leçons d’intégrité aux autres.
L’homme intègre et juste est pris en flagrant délit de nominations, dans les différentes sphères de l’Etat, où il n’y a plus de places que pour les parents, amis, alliés et affidés, au détriment de cadres méritants. Le slogan de campagne « Le Mali d’abord » a vite tourné court.
Soutien pour un second mandat… la gifle de Kénieba
En effet, le jeudi 5 mars 2018, de milliers de manifestants sont sortis à Kénieba, pour dénoncer l’attitude des responsables politiques et des notables de la localité. Ces derniers ont voulu faire croire au chef de l’Etat qu’il avait le soutien des populations de leur localité. Les habitants de Kénieba n’ont mis du temps pour apporter un démenti fulgurant à ce « faux » soutien. «Ce n’est pas Kénieba qui vous a envoyé à Koulouba », « trop c’est trop », « on n’a pas faim », scandaient-t-ils. Très rapidement, les images de cette marche ont vite fait le tour des réseaux sociaux. Une foule importante avait pris d’assaut les rues…
Ainsi, les populations maliennes à travers celles de la localité de Kénieba apportent un cinglant démenti à tous ces opportunistes qui défilent à Koulouba pour apporter un soutien mensonger au chef de l’Etat…
Aujourd’hui au Mali, c’est une évidence de dire que « IBK a déçu ses concitoyens », ou «il a échoué », ou encore « nous nous sommes trompés de choix ». S’il y avait un supplice pire que l’enfer, nous aurions approché le qualificatif du calvaire que les Maliens vivent actuellement. Un vécu caractérisé par un marasme économique abracadabrant, une crise financière sans précédent, un chaos, si ce n’est un KO, social et des scandales à donner le tournis.