Les obsèques de l’ancien Premier ministre, Abdoulaye Sékou Sow, décédé la veille, se sont déroulées mardi dans sa famille à Medina Coura en présence du président de la République par intérim, Dioncouda Traoré. Outre les parents et proches du défunt, plusieurs membres du gouvernement, de nombreux hommes politiques et une foule d’anonymes ont assisté à l’office.
Dans l’oraison funèbre, le colonel Djinguirèye Touré de la Grande chancellerie des Ordres nationaux a rendu hommage à un « géant national et un vaillant fils du pays ». Il s’est appesanti sur la vie de l’homme à travers ses qualités humaines et professionnelles. Celles d’un « homme véridique, loyal, rassembleur. Un homme simplement bon ».
Né vers 1931, fils de Hamassane Bocary et de Bintou Aïssata Oumar Daouda Soumaré, Abdoulaye Sékou Sow fréquente l’école primaire Jean-Louis Monod de Médina Coura (1939-1945), où il obtient le Certificat d’étude primaire élémentaire (CEPE). Après l’école primaire supérieur en 1949 à Terrasson de Fougères, l’Ecole des travaux publics (ETP) de l’AOF (1949-52) et le lycée de Montpellier en 1955, il boucle sa licence en droit à la Faculté de droit et sciences économiques de Paris en 1961.
A son retour au pays en septembre de la même année, il se met à la disposition de son pays. Et, commence pour lui une très riche carrière qui le conduit successivement à la direction générale de l’Office national du tourisme et de l’Ecole nationale d’administration (ENA) de Bamako.
Il s’était entre-temps inscrit pour le diplôme d’études supérieures de doctorat d’état en droit public (DES) et le certificat d’aptitude à la profession d’avocat (CAPA).
Ne pouvant exercer la profession d’avocat pour des raisons de santé, il se lança dans celle de notaire et s’y consacra en lui donnant une «autre dimension ». « Me Abdoulaye S. Sow était un homme entier, un homme fidèle, engagé… Ce sont toutes ces qualités reconnues en lui par les plus hautes autorités de notre pays, qui lui ont valu d’être cité parmi les fils les plus méritants du Mali, et d’être élevé à la dignité de Grand officier de l’ordre national du Mali en février 2008 », a rappelé le colonel Touré.
Le président par intérim de l’assemblée nationale Younoussi Touré, a confirmé que l’illustre disparu était un « homme d’Etat hors du commun » qui s’est beaucoup battu pour la démocratie dans notre pays.
Nommé plusieurs fois ministre, celui qui avait auparavant été désigné en 1991 comme expert à la conférence nationale pour le projet de constitution, a dirigé le gouvernement du Mali d'avril 1993 à février 1994 puis a siégé au sein de la Cour constitutionnelle. Me Abdoulaye Sékou Sow était un juriste chevronné, un patriote émérite.
Il fut de tous les combats pour l'instauration de la démocratie et du multipartisme dans notre pays. Fervent défenseur des droits de l'homme, Abdoulaye Sékou Sow a traversé des périodes difficiles à cause de son combat. Alors qu’il dirigeait l’ENA, il fut relevé de son poste, arrêté et incarcéré. À sa libération, il passera 5 ans au chômage avant de se décider à embrasser une profession libérale. Après la chute du régime du général Moussa Traoré en mars 1991 il est nommé, ministre d’État, ministre de la Défense. Alors Premier Ministre, pour des divergences d’approche avec le président de la République d’alors sur la gestion d’une crise estudiantine, il jette l’éponge sans crier gare en février 1994.
Il est membre fondateur de l'Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ). De cette période de lutte pour l’avènement de la démocratie au Mali et sa consolidation, il tirera un ouvrage. En 2008, il publie, en effet, "L'État démocratique républicain : la problématique de sa construction au Mali", un livre qui fera débat.
Abdoulaye Sékou Sow repose pour l’éternité au cimetière de Hamdallaye. Dors en paix.