Afro-BAROMÈTRE a publié ce lundi, une enquête qu'elle a mené au Mali sur le rôle et l'impact de l'Islam dans le pays. Plus de la moitié des personnes interrogées aimeraient voir l'islam devenir la religion officielle du pays. dont 33% qui soutiennent "fortement" un tel changement. Toutefois, 43% des sondés sont fermement opposés à cette idée.
Cette enquête de l'Afro-baromètre montre qu'une majorité de 55% de maliens disent que l'islam devrait être la religion officielle du pays. Et près de la moitié, soit 46%, pensent que le Mali devrait appliquer la charia. Sur le terrain, des répondants jeunes et non lettrés ont été plus favorables à l'imposition de la charia. Contrairement à d'autres plus âgés ou ayant un certain niveau d'étude.
Selon le rapport, un certain nombre de facteurs expliquent cette préférence majoritaire pour faire de l'Islam la religion officielle du pays. Il s'agit notamment du fait que le pays est à 94% musulman, mais aussi la confiance de plus en plus élevée des citoyens aux leaders musulmans. 79% les font confiance plus qu'au président de la République (56%), l'assemblée nationale (49%).
Par ailleurs, une majorité aussi forte (72%) des personnes sondées pensent que les politiciens utilisent l'Islam pour gouverner. Alors que seulement 24% estiment que l'islam prêche la violence contre les non-musulmans. Il ressort également de l'enquête que moins d'une personne sur trois considère l'islam comme incompatible avec le progrès économique et social.
Les données de l'enquête montrent des positions fortement défendues des deux côtés sur beaucoup de questions. Même sur la proposition de faire de l'islam la religion officielle du Mali, qui bénéficie d'un soutien majoritaire, plus de quatre citoyens sur dix sont opposés.
Selon certains observateurs, cette préférence à l'islam s'explique par la persistance de la corruption et des malversations financières au sein des institutions de la République et presque dans tous les secteurs d'activités. Selon eux, si cette enquête reflète la réalité, ce revirement aura des conséquences néfastes sur la tolérance religieuse, la cohésion sociale et sur l’économie du pays.
Dr Bréma Ely Dicko, chef du département sociologie à l'université de Bamako