Ce programme de l’UE est destiné à apporter une réponse intégrée aux défis posés par les réseaux de criminalité organisée et le trafic illicite de cocaïne, en renforçant la capacité de la coopération internationale en matière d'application de la loi et de services. Plus de 200 personnes participent depuis mardi au grand hôtel Plazza de Rome en Italie, à une conférence internationale dont le thème est : « Améliorer les réponses à la criminalité organisée et au trafic de drogue le long de la route de la cocaïne ». Elle est organisée par l'Institut d'études de sécurité à l’initiative de la Commission européenne, du Service européen pour l'action extérieure et du ministère italien des Affaires étrangères. Côté malien, trois invités sont présents à la rencontre : le commissaire divisionnaire de police, Mahamadou Zoumana Sidibé, chef du BCN-Interpol Bamako, l’inspecteur des douanes Ibrahim Ag Assalat, de la brigade anti-stupéfiant, et votre serviteur Adama Diarra de l’Essor.
L’Italie, tout comme le Mali, n’est pas un pays producteur de drogue, mais un pays de transit que les narcotrafiquants utilisent pour atteindre les points de vente à travers le monde entier.
C’est à Olusegun Obasanjo qu’est revenu l’honneur de présenter le programme de la Conférence en sa qualité de président de la commission antidrogue de la CEDEAO. L’ancien président du Nigeria a rappelé que les trafiquants de cocaïne exercent des pressions sur les systèmes démocratiques et juridiques, la stabilité, le développement durable et la sécurité des personnes. Il est impératif d'améliorer les stratégies, de renforcer les réponses et de diminuer l'impact de la criminalité organisée et du trafic de drogue. L’ambassadeur de la Délégation de l’Union européenne au Mali, Robert Zink, a assuré la modération des interventions de la première journée.
La criminalité organisée et le trafic de drogue sont de plus en plus reconnus comme des phénomènes transversaux, des problèmes à aborder dans les débats concernant la paix, le développement, la gouvernance, la sécurité, l'affectation des ressources et la cohésion des communautés. Que cela signifie-t-il ? Comment cela se manifeste-t-il et quel impact cela a-t-il sur les réponses à apporter ? Autant de questions auxquelles une douzaine d’intervenants s’attèleront à apporter des réponses.
Depuis 2009, l'Union européenne a engagé près de 30 millions d'euros (plus de 19,5 milliards de Fcfa) dans 36 pays situés le long de la route de la cocaïne, des Andes à l'Europe, grâce à son programme phare le « Programme de la route de la cocaïne ». Ce programme est destiné à apporter une réponse intégrée aux défis posés par les réseaux de criminalité organisée et le trafic illicite de cocaïne, en renforçant la capacité de la coopération internationale en matière d'application de la loi et de services judiciaires des pays et des organisations régionales concernés.
L'environnement ayant beaucoup changé, une réponse efficace doit dépasser la simple application de la loi et des interventions de justice pénale, pour intégrer un programme plus global qui apportera une réponse aux institutions étatiques compromises, à la corruption généralisée et à la fragilité croissante dans une sous-région. La conférence de Rome survient à mi-parcours du Programme de la route de la cocaïne de l'UE et vise à permettre l'établissement de priorités efficaces pour la prochaine phase.
En encourageant un dialogue franc entre les experts internationaux, régionaux et nationaux, les responsables politiques et les spécialistes, la rencontre s’efforcera de comprendre l'évolution du contexte, et sur cette base, d’évaluer systématiquement les différentes composantes du Programme de la route de la cocaïne de l’Union européenne. Elle s’emploiera à identifier les enseignements tirés, établir les priorités et proposer des recommandations sur la façon dont le programme pourrait être réorienté pour faire face à l'ampleur du défi qui se pose aujourd'hui.
Le partage d'informations entre l'ensemble des participants est nécessaire pour cerner tous les efforts visant à éradiquer le trafic de cocaïne. Il s'agit d'un énorme défi pour tous les acteurs impliqués et il est nécessaire d’évaluer les réussites à ce jour.
Le renforcement de la capacité à faire appliquer la loi et à exercer des poursuites judiciaires de façon efficace reste essentiel pour interrompre la route de la cocaïne. La session romaine abordera les problèmes liés à la coopération régionale et transrégionale et proposera des moyens pour encore améliorer la réponse, en particulier en cherchant à garantir une capacité nationale durable, réduire l'impact et renforcer la résistance de la société civile, de la communauté et des médias.
Selon les experts, en l'absence d'institutions étatiques efficaces, cibler les initiatives au niveau de la communauté et de la société civile pour créer un environnement permettant de réduire la vulnérabilité au crime organisé et à la corruption peut être un autre point d'entrée. Le renforcement du soutien aux structures communautaires traditionnelles, aux organisations de la société civile et aux médias indépendants peut générer une impulsion et augmenter la résistance pour réduire l'impact de la criminalité organisée et encourager un développement exempt de crime durable et à plus long terme.
Les spécialistes entendent par conséquent harmoniser les réponses internationales, notamment les réponses aux défis du trafic de cocaïne caractérisées par un manque de coordination à différents niveaux. Compte tenu des structures stratégiques qui existent pour lutter contre le trafic de drogue et la criminalité organisée, les experts internationaux et nationaux réfléchissent aux mesures à prendre pour harmoniser les réponses internationales à ces stratégies, améliorer la coordination et la coopération pour obtenir un plus grand impact.