Des partis politiques et organisations de la société civile marchent dans plusieurs localités du Mali, ce vendredi 8 juin 2018. Le gouvernement affirme ne pas l’interdire, comme il l’avait fait la semaine dernière, réprimant la marche pacifique, du samedi 2 juin à Bamako. Réclamer des élections transparentes, libres et crédibles, la levée de la censure qui frappe l’opposition à l’ORTM et la fin des coupures d’eau et d’électricité sont, entre autres, les doléances des marcheurs.
New York et Paris aussi sont concernées, les Maliens vivant dans ces villes manifestent devant les représentations diplomatiques de leurs pays. Plusieurs partis et des associations de la société civile ont annoncé leur participation en soutien aux marcheurs de Bamako et surtout pour montrer leur indignation face à la répression de la marche du 2 juin.
A Bamako, lors d’une réunion préparatoire hier (jeudi 7 juin) au siège du PARENA, les organisateurs de la marche du 8 juin ont exprimé leur attachement à marcher avec ou sans l’accord du gouvernement. Ils se sont aussi penchés sur l’invitation des chefs coutumiers de Bamako qui ont souhaité discuter sur les inquiétudes liées à la marche de ce vendredi matin. «Les chefs coutumiers de Bamako, les Touré et les Niaré, nous ont invité. Ils sont inquiets et veulent échanger avec nous », a déclaré le président du PARENA, Tiébilé Dramé, au cours de cette réunion préparatoire.
Une délégation de 6 membres a été dépêchée pour rencontrer les chefs coutumiers avec un message clair : il n’y a aucune raison d’annuler une marche pacifique. «Le Mali est un pays de tradition et de coutume. Si les Dougoutigui (chefs coutumiers en Bambara) de Bamako veulent discuter avec nous, cela est une bonne chose. Ça nous permet de dire ce qui ne va pas. Mais nous allons marcher », a affirmé Amadou Maïga de Gao Lama.
Lors de la réunion préparatoire à Bamako, plusieurs intervenants ont déploré le silence de ces autorités coutumières sur la répression de la marche du samedi dernier. «Nous allons les écouter, mais nous ne les avons pas entendu parler au sujet de la répression. L’Union Européenne, les Etats Unis, ainsi que l’Union Africaine ont réagi, mais eux qui sont ici, ils n’ont rien dit lorsqu’on a été gazés », a commenté un intervenant.
Arrivé plus tard à la réunion préparatoire, le chef de file de l’opposition, Soumaila Cissé, qui était à une autre rencontre sur la marche de ce 8 juin, en a dévoilé les conclusions. Ladite rencontre avait regroupé des membres de l’opposition (Mohamed Ali Bathily, Soumaila Cissé et Amadou Thiam) et ceux de la majorité (le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, Dr. Bocary Tréta du RPM et Oumar Ibrahim Touré de l’APR) en présence du patron de la MINUSMA (Mahamat Saleh Annadif) et celui de la mission de l’Union africaine au Mali (Pierre Bouyoya).
Selon Soumaila Cissé, le Premier ministre a pris l’engagement de sécuriser la marche du 8 juin et promis de discuter des difficultés éventuelles avec l’opposition et la société civile. L’itinéraire de la marche est maintenu, et la contremarche est annulée sur le même itinéraire et à la même heure.
Tiébilé Dramé a lancé un appel aux marcheurs pour qu’ils adoptent un comportement exemplaire. « C’est une marche pacifique ; que personne ne vienne avec un lance-pierre, que personne ne vienne avec un caillou. Le monde entier les a condamnés… Certains au pouvoir ne cherchent que le chaos, donc faisons attention », a-t-il conseillé.