Ceux qui observent le jeûne ont du mal à supporter la canicule, accompagné du vent chaud et sec. Parfois, des nuages se forment sans qu’une seule goutte de pluie ne tombe
«Qu’est-ce que le Kayesien a fait à Dieu comme mal en cette période de carême ? Pendant qu’il pleut fréquemment dans d’autres localités de la région et du pays, Kayes attend avec impatience ses premières gouttes de pluie. La vie devient difficile à supporter dans la ville à cause de la chaleur et de la cherté de la vie». Ces propos ont été tenus par un client qui s’apprêtait à faire des achats dans une boutique d’une banlieue de la cité des rails. Ce jeune client voulait ainsi exprimer son désespoir par rapport à la situation qui prévaut actuellement dans la ville durant ce mois béni du carême.
A Kayes, les fidèles musulmans observent le jeûne dans un contexte difficile marqué par la flambée des prix des produits de première nécessité. Cette hausse est décriée par les clients qui n’ont d’autre choix que de se plier à la loi du marché afin de ne pas retourner bredouille. «Lorsque je suis allée dans un magasin de céréales, j’ai acheté un sac de 50 kg de riz gambiaka à 22 000 Fcfa. Alors qu’avant le carême, je ne déboursais que 20 000 F pour l’avoir», lance une ménagère qui a requis l’anonymat.
En faisant un tour au grand marché de Kayes, le citoyen lambda se rend compte de cette évidence. Même si certains grossistes tentent de démentir une éventuelle hausse du prix du riz. Madou Coulibaly, un grossiste du grand marché, assure qu’il vend le sac de 50 kg de riz sec «malo djalani en bamanankan ou riz importé)» à 17 000 F et le «gambiaka» à 21 500 F. Les gens achètent le sac de 50 kg de maïs à 18 500 F. Pour avoir 100 kg de sorgho ou petit mil, le client doit dépenser 24 000 F. Tandis qu’ un sac de 100kg d’arachide lui, revient à 40 000 F.
Parmi les denrées alimentaires prisées durant cette période de jeûne, figure la datte. Chez Issa Maïga, les dattes sont écoulées à 1 000 F le kilo. S’agissant du lait en poudre dont le prix n’a pas connu de hausse, ce commerçant vend le sac de 25 kg à 9 400 F, le sachet de 500 g à 1 000 Fcfa et le kilo à 2 000 F. Il cède le sac de 50 kg de sucre à 22 000 F, le kilo à 450 Fcfa. On peut se procurer de l’huile en dépensant 22 000 F pour un bidon de 20 litres. Chez Issa Maïga, un sac de 100 kg de riz sec est écoulé à 30 000 F, mais le sac de 50 kg est évalué à 16 000 Fcfa à cause des frais de transport qui sont évalués à 1 000 F.
Certains condiments ont connu une légère hausse. «Les prix n’ont pas baissé. Nous les fixons en fonction des frais de transport», indique Karim Samaké. Le kilo de la pomme de terre qui provient de la région de Sikasso est cédé aux grossistes à 375 F et au détail à 400 F. Avant le carême, on pouvait se le procurer à 300 chez les grossistes et 350 chez les détaillants. «Les frais de transport pour le kilo de la pomme de terre s’élèvent à 30 F», dévoile Karim, pour justifier l’augmentation du prix de ce produit alimentaire.
Actuellement, le prix de l’oignon à Kayes oscille entre 300 F et 350 F contre 250 F et 300 F avant le Ramadan. Le prix de l’igname varie de 350 F à 400 F contre 3OO F à 350 F avant le début de ce mois béni. «Au début, le marché était bon. Maintenant, la clientèle se fait rare», déplore ce commerçant. Devant son étal, il n’y avait vraiment pas une grande affluence.
«Auparavant, les prix des denrées alimentaires étaient moins élevés. Le coût d’un kilo de l’oignon varie maintenant entre 250 F et 350 F, soit 100 F de plus», affirme Aminata Diabaté, une cliente qui venait de faire sa provision du jour. Hawa Sissoko, une autre cliente, assure avoir acheté le kilo d’igname à 400 F et le bidon de 20 litres d’huile à 12 500 F. Karim Diarra estime que le marché vit au rythme du temps, c’est-à-dire que les prix évoluent en fonction de l’offre et de la demande. «Tout dépend de nos fournisseurs. Si on achète un produit à 150 F, on peut le revendre à 250 F. Nous tenons compte des frais de transport et des risques. Les produits peuvent se gâter avant la destination finale», explique le commerçant. « Seule la mange coûte moins chère», renchérit Loceny Koné, un autre vendeur. Dans la ville, on peut trouver 4 ou 5 grosses mangues à 400 F. L’avocat, un autre fruit non moins important à Kayes, est vendu à 350 F.
La glace s’impose comme une denrée indispensable à cause de la forte canicule. Elle se vend entre 100 F et 200 F. Des motocyclistes sillonnent les différents coins de la cité à la recherche des sachets de glace. Ils les revendent dans d’autres localités du cercle de Kayes à 250 F ou plus. Durant la première semaine du moi de Ramadan, Meïssa Fané, directeur de cabinet du gouverneur avait sillonné, le grand marché de Kayes pour s’assurer de la disponibilité des produits. Même si le marché est bien approvisionné, la problématique des prix demeure une équation difficile à résoudre.
En quittant le grand marché pour regagner Kayes N’Di, un quartier situé sur la rive droite du fleuve, notre attention est soudain attirée par la présence d’une marée humaine sur le pont submersible. Des gens, en quête d’une fraîcheur, y restent aussi longtemps que possible. C’est un lieu idéal pour le repos et les bains, surtout que le thermomètre marque 40 et même 47°C ou plus. Certaines ménagères y font la lessive. Tandis que d’autres personnes pratiquent la natation. Pendant cette période, ceux qui observent le jeûne ont du mal à supporter la canicule, accompagnée de l’air chaud et sec qui souffle. Parfois, des nuages se forment sans qu’une seule goutte de pluie ne tombe. Les gens sont obligés de s’enfermer chez eux pour se mettre à l’abri du vent de sable.