Après la répression, la déferlante ! Les week-end se suivent mais ne se ressemblent pas à Bamako. Samedi 02 juin, le monde découvre stupéfait sur les médias et les réseaux l’inqualifiable violence exercée par la police sur des manifestants aux mains nues. Le vendredi 08 juin, les mêmes observateurs sont témoin d’une marée humaine qui prend possession du macadam pour dire NON à tout tripatouillage de l’élection présidentielle à venir et exiger un traitement équilibré de l’information sur l’ORTM qui se classe désormais derrière Radio Pyongyang depuis le dégel amorcé par Kim Jong-un !
Cette foule joyeuse mais extrêmement déterminée est tout ce que Boua (IBK) et ses « alchimistes » de la triche ne voulaient pas voir pour continuer à dérouler en silence le plan secret mais complètement loufoque d’une victoire du président sortant au premier tour. Après ces dizaines de milliers de personnes dans la rue, la tâche devient un peu plus ardue pour les apprentis sorciers, sauf à penser que lorsque les Maliens sont contents de IBK, ils le choisissent comme président ; et même quand la désillusion gagne le pays, les électeurs n’ont encore de choix que de le garder à la tête de l’Etat !
Dans ce climat de déni de la réalité où l’autisme le dispute à la méthode Coué, le ministère de la Sécurité remportera la palme de la mauvaise foi pour avoir posté sur sa page Facebook des images montrant plus le bitume que les manifestants pour dire à Boua qu’il n’y avait pas assez de « badauds » à l’appel de l’opposition. Les temps changent mais les mauvaises mœurs demeurent dans ce pays. L’incurie en plus ! Sous Moussa le « grand républicain », l’opinion ne pouvait voir que ce que le pouvoir lui concédait de voir. Aujourd’hui, il y a autant de reporters que de manifestants mais ce régime continue de vouloir nous mettre des œillères.
Ce petit jeu de courtisans en dit long sur le désarroi des gouvernants. Il renseigne surtout sur l’état de déconnexion du Président IBK réduit à se gaver de bulletins de renseignements fantaisistes jusqu’au moment où tout se déglingue. Cela rappelle l’attitude du boxeur qui reçoit un uppercut, s’effondre, s’empresse de se relever, sautille pour donner l’illusion à l’arbitre d’être dans le combat avant qu’un dernier crochet ne l’envoie définitivement au tapis.
L’hilarité et les applaudissements opportunistes de deux femmes ministres du gouvernement au moment où IBK lançait à Kangaba sa philippique « Boua ta bla maachi fa ka ta » ont montré combien ce régime vit dans une ambiance viciée et un cercle vicieux. Tout le monde ment à tout le monde !
La démonstration de force de vendredi est une belle preuve que celles et ceux qui aspirent au changement défendront avec acharnement le respect de leur vote et c’est un avertissement utile à tous les pyromanes qui ne se voient au service d’un président et plus généralement d’un puissant que pour violer la loi et les règles à son profit.
L’opposition a fini de faire la preuve qu’elle sait se tenir à chaque fois qu’elle est placée devant ses responsabilités. Pas un feu, pas un rétroviseur cassé ! Comme au temps de « Ante abana » ! dont le souffle a irrigué le parcours de la marche.
On peut simplement regretter que ce droit élémentaire de manifester ait été obtenu sous l’amicale pression de la MINUSMA et les condamnations parfois virulentes de la répression du 02 juin de la Communauté de nos partenaires. Cinq ans après son élection, Boua aura très peu contribué à développer le pays au plan social, économique ou des infrastructures. Plus grave, son bilan restera celui de la régression de la démocratie !
Contre une révision constitution unilatérale en 2017, les Maliens avaient dit non ! Devant une opacité électorale porteuse de tous les dangers en 2018, ils sont encore dans la rue pour dire : Boua, nous revoilà !