A l’appel de la Coalition pour l’alternance et de plusieurs associations des centaines de milliers de manifestants ont battu le pavé à Bamako, le vendredi 8 juin dernier. Au même moment des manifestations grandioses se déroulaient à Kayes, Sikasso, Ségou, Mopti, Paris et New-York. Le mot d’ordre était le même : transparence de l’élection présidentielle, libération de l’ORTM… Les manifestants ont exprimé aussi leur colère contre la mauvaise gouvernance du régime en place. Reportage.
Parmi eux, le chef de file de l’opposition politique, l’honorable Soumaïla Cissé, et plusieurs autres leaders politiques et associatifs dont des candidats à la présidentielle : Aliou Boubacar Diallo, Mamadou Igor Diarra, Mohamed Ali Bathily, Habib Dembélé dit Guimba national, Dramane Dembélé et des leaders de partis politique, Tiébilé Dramé du Parena, Djiguiba Keita du Parena, Amadou Thiam de l’ADP-Maliba, Nouhoum Togo (Pdes)… Aussi, plusieurs leaders d’opinions ainsi que de la société civile comme Ras Bath…
En effet, une marée humaine a déferlé dans les rues de Bamako pour réclamer la transparence de l’élection présidentielle et l’accès équitable à l’ORTM (Office de radio- télévision du Mali). Au cours de cette grande manifestation, ces milliers de personnes brandissaient des affiches sur lesquelles on pouvait lire : « Boua Ka Bla », « Non à la monarchie ! », « An Torala » ou « On est fatigué», « Non aux coupures d’électricité et d’eau ». Et comme un refrain, les manifestants scandaient des slogans hostiles au régime et d’autres slogans liés à la présidentielle à venir : « la triche ne passera pas ! » « C’est l’heure du changement ! ». De même, qu’ils dénonçaient le Premier ministre, Soumeylou Boubeye Maïga et son mentor IBK.
Tout au long du parcours, la foule très en colère, manifestait sa déception et son frustration à l’adresse du chef de l’Etat : « IBK, c’est fini, on en a marre ! », « IBK nous a déçu ! ».
« Au lieu de chercher à réprimer nos droits, qu’on assure d’abord la sécurité des Maliens », répétait, sans cesse, une étudiante. Un sentiment largement partagé par de nombreux marcheurs qui s’estiment trahis par le président Ibrahim Boubacar Keita.
Eux, tous, ont fustigé la répression policière de la marche du 2 juin dernier. En outre, ils n’acceptent guère le traitement réservé à l’opposition dans la programmation des médias d’Etat, précisément l’ORTM. Dans le fond, les manifestants estiment que le président IBK et son gouvernement préparent à un holdup électoral lors de la présidentielle.
Paris et New-York ont dénoncé…
Les manifestants ont, à l’occasion, critiqué vigoureusement le régime du président Ibrahim Boubacar Keïta, notamment pour la mauvaise gouvernance instaurée depuis 5 ans.
Devant la bourse du travail, au milieu d’une foule compacte, Amadou Thiam de l’ADP-Maliba a réaffirmé la détermination de son parti à défendre les droits constitutionnels. « La marée humaine de ce jour est le témoignage éloquent de la détermination des forces vives du Mali à combattre le mépris, l’arrogance, l’autisme et les tentatives d’instaurer dans notre pays un pouvoir personnel rétrograde », a-t-il déclaré. Cette grande mobilisation, a-t-il ajouté, est aussi un signal du peuple à l’endroit des autorités. « La mobilisation de ce jour est un autre signal fort, très fort, au président de la République, au gouvernement et au Ministre de la sécurité qui ont tenté de museler le peuple souverain », a martelé Thiam. Il a demandé au gouvernement de respecter les droits démocratiques du peuple malien, à savoir la liberté de réunion, le droit de manifestation, la liberté d’expression et le droit à l’information et de cesser les restrictions. « Cessez de harceler et de museler les radios et télévisions libres qui sont soumises à des sanctions administratives et financières qui n’honorent pas la démocratie. Libérez l’ORTM et mettez fin à l’information à sens unique. Cessez les attaques contre Facebook et les autres réseaux sociaux ! Libérez l’information ! », a-t-il déclaré.
Le chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé, a apprécié la détermination des jeunes, des femmes et appellent les Maliens à l’Alternance le 29 juillet prochain.
« Nous sommes prêts au changement, et nous saluons tous ceux qui sont sortis pour montrer leur dévouement au combat », a enchaîné Mamadou Igor Diarra, candidat à la présidentielle. Il a remercié ironiquement le Premier ministre Maïga et le président IBK. « Sans eux, ce rassemblement n’aurait pas pu se faire. Merci de nous avoir gazés et matraqués. Nous sommes déterminée à obtenir nos droits », a-t-il lancé.
Le porte-parole du Collectif pour la Défense de la République, Ras Bath a salué l’esprit patriotique qui a animé ce rassemblement : « Vous venez de prouver que vous êtes des citoyens déterminés à défendre vos droits fondamentaux ». S’agissant de la transparence de l’élection, Ras bath déclare que la marche d’aujourd’hui est un avertissement pour tous ceux qui voudraient tripatouiller ou voler. Le peuple souverain a montré sa maturité et ne se laissera plus faire et saura répondre, ajoute-t-il.
Ailleurs, des marches ont eu lieu un peu partout à l’intérieur et à l’extérieur du pays, notamment à Koulikoro, Ségou et Mopti. Aussi, la diaspora malienne à Paris et à New-York s’est mobilisée pour dénoncer la gouvernance d’IBK et exiger des élections transparentes. Une autre marche est annoncée à Paris, le 17 juin prochain, devant l’Ambassade du Mali.
Au pays et à l’extérieur, l’opposition et les organisations de la société civile entendent maintenir la pression sur le gouvernement pour des élections transparentes, crédibles et la libération de l’office de radiotélévision (ORTM).