Nous sommes le lundi 11 juin 2018. Il est exactement 12 heures. Il est impossible de circuler à sa convenance. La voie qui quitte le troisième arrondissement jusqu’à l’hôpital Gabriel Touré est presque bouchonnée. Il en est de même sur les trajets du lycée Askia Mohamed au carrefour des jeunes et celui de la direction des rails au grand marché de Bamako. Plusieurs conducteurs de véhicules et d’engins à deux roues s’invectivent par ci, par là. Tout le monde est pressé. Les piétons circulent entre les voitures et les motos. Des crieurs sont dans tous les coins pour attirer les clients vers leurs marchandises de parures.
Dans les environs du grand marché de Bamako, en face du vieux bâtiment de la Grande poste les clientes attendent en file indienne pour se tresser. Salimata Diallo une nouvelle mariée se fait poser un modèle rasta qui consomme quatre paquets de mèches. Elle est venue se tresser. Elle n’aura plus le temps bientôt. Tous les salons seront bondés. «Je dois faire mes courses pour le repas du jour de la fête. C’est ma première fête au foyer conjugal » a affirmé Salimata. La coiffeuse Maïmouna Keita, au même endroit, a déjà commencé les veillées. Elle prend d’abord les commandes des coiffures compliquées. A quelques jours de la fête, elle s’occupe de celles qui veulent faire des tissages, nattes et des tirés. Et parfois si elle est débordée, elle fait appel à deux sœurs. «Nous pouvons faire le modèle rasta de 3 à 4 paquets sur 5 clients par jour en raison de 12000 francs CFA nous a t’elle confié. Les coiffeuses installées près de la grande poste sont trop chargées. Mais c’est le contraire pour celles qui travaillent derrière l’Assemblée nationale. A cette place seulement deux à trois coiffeuses sont entrain de tresser. Les autres bavardent et discutent entre elles parce qu’elles n’ont pas de clientes. Aicha Tangara, affirme : « il n’ya pas assez de clientes par rapport aux années précédentes. Cette année les enfants sont les plus motivés. Avec la prolifération des perruques les clientes se font rares » a-t-elle confié. Depuis tôt ce matin j’en suis à ma troisième cliente a-t-elle ajouté. Aicha nous révèle également que lors des fêtes des années précédentes, elle travaillait de 06 heures à 00heures voire 01 heure du matin. Au salon « Beauté plus » chez Marie situé derrière la prison de Dravéla, les clientes sont impatientes. Ici les clientes sont servies en fonction de leurs moyens. Les mises en plis coûtent 2000f cfa, les nattes se situent à 2000F CFA, les tissages demandent 6000Fcfa. Habituellement, le lundi est le jour de repos pour les travailleurs du Salon « Beauté plus ». Mais ce dernier lundi avant la fête le salon fait travailler son personnel féminin de cinq éléments. La veille de la fête le salon ferme à 03 heures du matin . La tresseuse Awa Diarra dénonce le retard des clientes qui attendent la veille de la fête pour venir chez elle. Sa collègue Mme Traoré Fatouska vend des mèches, et d’autres articles qui concourent à la beauté. Elle est assistée par une sœur qui est spécialiste des dessins faits en henné africain et en henné provenant des pays arabes.
L’étudiante Fatoumata Diarra de l’université de Bamako se fait la main à l’occasion de la fête. Elle se charge de la coiffure de ses sœurs et d’autres enfants dans leur quartier. Elle coiffe environ dix petites filles par jour à raison de 2000 francs CFA. Assise dans la file d’attente une adolescente d’une dizaine d’années est triste. Elle est accompagnée de ses deux petites sœurs. Elles patientent depuis 08 heures, Mais à 16 heures ce n’est toujours pas leur tour. Les salons de coiffures d’hommes ne sont pas également restés en marge de cette préparation de la fête 2018. Les garçons ont déjà pris d’assaut plusieurs salons. Les clients n’affluent pas comme les années précédentes. Les moyens sont insuffisants pour coiffer Monsieur, Madame et les enfants.
Juliette COULIBALY