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CMD: un tantinet de candidat de deuxième choix
Publié le mardi 19 juin 2018  |  Info Matin
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Pour donner une plus grande chance à l’avènement du vrai changement au Mali », le président du parti Yéléma, l’ancien Premier ministre Moussa Mara, dans le communiqué rendu public le vendredi 15 juillet 2018, dit avoir retiré sa candidature à l’élection présidentielle au profit de Cheick Modibo Diarra.
Le choix, pour cet autre ancien chef du gouvernement de la part du président du Yéléma frise le passionnel. Cheick Modibo Diarra qui a disparu des radars (ni visible ni audible sur quel que sujet d’intérêt national que ce soit) depuis la présidentielle de 2013, est présenté par Moussa Mara, dans une interview accordée à Jeune Afrique, comme quelqu’un de sérieux et crédible, le candidat idéal sinon messianique. Pour Mara, « il est installé dans la tête de nos compatriotes comme quelqu’un de crédible sur lequel on peut compter. Il illustre aussi le changement auquel nous aspirons : il est « neuf », non issu du sérail politique, et il a un corpus idéologique proche du notre, notamment en matière de lutte contre la corruption ».
Est-ce dans un songe récent que Moussa Mara a découvert ces qualités en CMD et points communs avec lui ? En tout cas l’opinion politique nationale s’interroge sur la débauche d’énergie et d’argent en pure perte qu’il a déployé depuis l’annonce de sa candidature il y a deux mois… pour rallier armes et bagages un candidat qu’il aura du mal à faire passer comme la meilleure carte pour réaliser l’alternance. Sinon comment Moussa Mara et son parti se sont-ils retrouvés embarqués dans la Convention des bâtisseurs sans Cheick Modibo Diarra ?
A Yéléma, à force de Yéléma (comme le dit l’autre Yéléma-Yéléma), les explications deviennent laborieuses.
Comme dans une prédiction maçonnique, on tente de convaincre que, dans la plupart des missions de YELEMA à l’intérieur et à l’extérieur du pays ces dernières années, le nom de CMD est régulièrement cité parmi les personnes n’étant ni de la majorité actuelle, ni de l’opposition actuelle avec lesquelles YELEMA devrait s’allier afin de multiplier les chances du changement.
Or sur cet épisode, dans sa déclaration, Mara ne fait nulle mention de Cheick Modibo Diarra. Au contraire il dit : « ces dernières années, j’ai parcouru 40 cercles, plus de 200 communes que compte notre pays et 50 pays en dehors du Mali pour aller à la rencontre des Maliens là où ils vivent. Cela m’a permis de mesurer pleinement les défis, les réalités et les difficultés auxquels sont confrontées nos populations mais aussi les énormes potentialités de notre pays. À leur contact, j’ai mieux compris le Mali ! »
D’autre part, depuis le dimanche 8 Avril 2018, où il a déclaré sa candidature à l’élection présidentielle de 2018, Mara a tenu promesse : il a déployé toute son énergie pour donner une chance à sa candidature (tournées, interviews, messages, mise en place de comité de campagne, d’un site internet du candidat, appel à souscription…). Tout dans sa démarche et dans son discours indiquait qu’il était candidat. Alors que s’est-il passé ?
On apprend que lors du congrès de Mopti, en Novembre 2017, qui avait donné mandat au Comité Exécutif Central (CEC) de travailler à la mise en place d’une alliance du changement, Mara adhère à la Convention des Bâtisseurs. Qu’il a signé le document le 8 juin devant Dieu et les hommes à la Maison de la Presse.
Cinq jours plus tard, alors que les rumeurs vont train sur des démarches douteuses de Yéléma envers certains certains candidats notamment un qui ne fait pas le « moussalaha », qui l’aurait éconduit en lui tendant un ralliement sans condition, le Comité Exécutif Central de Yéléma tient une réunion pour évaluer la situation. Il décide du retrait pur de son candidat. Le Mercredi 13 juin, la Direction politique de Yéléma informe la Convention des Bâtisseurs par lettre de sa décision de ne plus participer à la compétition.
N’étant donc plus candidat, Yéléma s’estime ne plus être lié par une Plateforme de candidats formée dans l’optique d’un éventuel report de voix au second tour. C’est donc souverainement que le Comité exécutif central de Yéléma a opté pour la candidature de Cheick Modibo Diarra.
Si ces rumeurs s’avèrent, Cheick Modibo Diarra apparait comme un tantinet de candidat de second choix !
Parce que, ce que Yéléma ne dit pas, ce que la Convention des Bâtisseurs a aussi prôné une démarche unitaire pour aboutir à un candidat de consensus. Pourquoi, Moussa Mara au lieu de se retirer de la Convention des Bâtisseurs n’a-t-il pas travaillé pour faire adhérer celui sur qui il avait jeter son dévolu ? Comme il expliqué dans son interview à Jeune Afrique : « je souhaiterais que Cheick Modibo Diarra, l’ancien Premier ministre de la transition, adhère à cette convention. Je suis en train de travailler pour qu’il soit membre des « bâtisseurs ». Il pourrait être notre candidat ».

Par Bertin DAKOUO
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