Une véritable confusion entoure la mort de 25 civils à Nantaga. Les Forces armées maliennes sont mises à l’index par nombre d’habitants qui les tiennent pour responsables de ce massacre. Elles (les Fama) s’en défendent vigoureusement.
Hama Kelly est un jeune habitant de Nantaga. Il dit avoir vu le jeudi 14 juin 2018 des véhicules de l'armée malienne, au nombre de 8, traverser le fleuve pour se diriger vers leur village. Dès leur arrivée sur place, ils ont commencé à faire des arrestations.
Il affirme que «toutes les personne qu'ils ont rencontrées ont été arrêtées dans un premier temps. Ils ont récupéré leurs téléphones portables et cartes d'identité. C'est après que les Sonrhaïs ont été libérés, mais tous ceux qui sont Peuls sont restés avec eux».
Selon lui, le chef de village, en la personne de Gourdo Diall, est venu à la rencontre des Fama pour savoir la raison de l'arrestation des bras valides de son village. Et d’ajouter : «le chef de village et deux de ses conseillers ont été arrêtés à leur tour par les militaires». Ils seront plus tard libérés grâce à des coups de fils.
Un autre habitant de Nantaga, qui a requis l'anonymat, affirme que c'est vers le crépuscule qu'ils ont eu l'information qu'il y avait des corps sans vie dans la brousse. «Trois fosses ont été creusées, dans la première il y avait 13 corps, 5 dans la deuxième et 7 corps dans la troisième fosse. Mais c'est à travers la deuxième fosse, dont les corps n'étaient pas bien enterrés, que les gens ont reconnu leurs connaissances», affirme-t-il. Entre-temps, le chef de village, qui a eu la vie sauve, s'est réfugié chez le chef de village de Mopti. Gourdo Diall ne veut pas retourner dans son village dans le contexte actuel.
Si le gouverneur de la région de Mopti, le général Sidi Alassane Touré, dit avoir appris que le chef de village de Nantaga s’est réfugié chez son homologue de Mopti, il soutient en revanche qu'il y a trop d'amalgames pour le moment autour des 25 personnes tuées. «Une unité de l'armée est dans la zone, j'attends son retour pour faire le point. À ce stade, je ne peux rien confirmer», a-t-il déclaré.
Au ministère de la Défense et des Anciens combattants, le chef de la communication repousse le terme «exactions des Fama», même s’il reconnaît que la zone en question est dangereuse, et que des militaires maliens en visite auprès de leurs parents y ont perdu la vie. Il croit savoir en outre que Nantaga est occupé par des terroristes et des hommes armés non identifiés.
En tout cas, les amis de la culture peule Tabitaal Pulaaku sont formels. Selon son secrétaire administratif, Abdrahamane Diallo, ce sont les Peuls seulement qui ont été exécutés. «Un émoi énorme à Mopti, derrière le fleuve à Nantaga, 25 corps de civils peulhs ont été découverts après des exécutions perpétrées par les Fama dans le secteur. D'autres restent sans nouvelles. Les Fama montrent leur vrai visage avec des crimes odieux», a-t-il déclaré.