L’analphabétisme reste l’un des facteurs associés à la consommation de stupéfiant dans la capitale de la 3ème Région. Le Mali, comme la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, est confronté à un phénomène grandissant de trafic de drogue associant plusieurs activités connexes qui perturbent dangereusement la stabilité des institutions. Pendant longtemps, le désert malien est considéré à tort comme uniquement zone de passage de la drogue. Un rapport de la Commission ouest-africaine des drogues (WACD) montre qu’en plus d’être des zones de transit, les pays de l’Afrique de l’ouest sont devenus aussi des zones de consommation de drogue.
Pour la réalisation d’un projet de plaidoyer pour une revue de la législation malienne sur les drogues, l’ONG ORFED et OSIWA ont scellé un partenariat. C’est dans ce cadre qu’une étude de base prospective et traversable a été initiée et réalisée dans la commune urbaine de Sikasso, capitale de la 3ème région, une ville carrefour située à 380 km de Bamako, 41 km du Burkina Faso et à 100 km de la Côte d’Ivoire.
Les résultats de cette importante étude ont été présentés aux hommes de médias, le 11 juin dernier à la Direction nationale des affaires judiciaires et du Sceau, au cours d’un atelier de restitution des résultats des études sur la consommation de la drogue dans la commune urbaine de Sikasso et la législation malienne en matière de stupéfiant. Il a été organisé par l’Organisation pour la réflexion, la formation et l’éducation à la démocratie et au développement (ORFED) sur financement de l’ONG OSIWA. Cette journée de restitution visait à présenter aux hommes de media les résultats de ces études et les recommandations et les conclusions issues de ces
rapports.
Deux importantes communications ont marqué la journée de restitution. La première portait sur les résultats de l’étude de base sur la consommation de la drogue à Sikasso présentée par Dr Younoussa Sidibé. Dans son exposé, il ressort des résultats de l’étude que la drogue est assez consommée dans la ville de Sikasso. Selon Dr Sidibé, les mêmes études ont révélé que 76% des consommateurs de drogue dans la ville de Sikasso, n’ont pas été scolarisés ou ont un niveau d’étude primaire.
Donc l’analphabétisme reste l’un des facteurs associés à la consommation de drogue dans la ville de Sikasso. Ce n’est pas tout, sur un effectif total des 208 personnes recensées les 44,7% sont des enfants et jeunes de 20-29 ans, a-t-il précisé. Il a indiqué que les modes de consommations sont de plusieurs types et les drogues consommées sont multiples, mais fumer est la voie la plus pratiquée. Le cannabis reste la drogue la plus consommée à Sikasso, a-t-il conclu.
La deuxième communication portait sur la législation malienne sur la drogue présentée par Hamidou Keita, responsable juridique de l’Office central des stupéfiants. Sur le plan législatif, le tout répressif a montré ses limites. Aujourd’hui la répression de l’usage des drogues doit tenir compte des dimensions médicale et humaine. Pour ce faire, il faut, selon Hamidou Keita, nécessairement changer nos politiques de lutte contre l’usage des drogues, ainsi que de relire la loi n°01-078/AN-RM du 18 juillet 2001, modifiée, portant sur le contrôle des drogues et des précurseurs en prenant en compte les autres aspects à la matière de lutte contre la drogue.