Par la voix de son secrétaire général, Bilal Ag Acherif, le MNLA avait déclaré, le 17 mai dernier, qu’il fera tout pour favoriser une sortie de crise compatible avec les intérêts des populations de l’Azawad et s'est déclaré prêt à étudier avec la communauté internationale les modalités de la tenue des élections présidentielles.
Par souci d'apaisement, le MNLA a accepté de sursoir à ses objectifs initiaux d'indépendance en reconnaissant l'intégrité territoriale du Mali et s'est engagé à entamer des négociations avec le Mali afin d'aboutir à la conclusion d'un accord-cadre qui permettrait de trouver une solution au grave problème qui oppose l'Azawad au Mali depuis plus de 50 ans.
Le MNLA rappelle que s'il a accepté de faire toutes ces concessions, c'est précisément dans le souci d'épargner la vie des azawadiens, de nouveau gravement menacée suite au redéploiement de l'armée malienne dans l'Azawad. Le MNLA rappelle que des centaines de personnes ont été violées, torturées et assassinées par l'armée malienne sans aucune conséquence, tant sur leurs auteurs que sur leurs commanditaires.
Au moment où les négociations se mettent laborieusement en place au Burkina Faso, le Mali persiste dans ses exactions contre les populations civiles azawadiennes. Plusieurs nouvelles victimes ont été formellement identifiées :
Tajoude ag Alkassim, arrêté à Tinhabou par l'armée malienne, a été exécuté le 25 mai 2013 à Douentza.
Mahomed Ahmedou Ag Mohamed Assaleh et Mohamed achekh Ag Jibrilla ont été exécutés par l'armée malienne à Gossi le 26 mai 2013
Ibrahim Ag Housseye, Hamada AG Mohamed, Ali Ag Aleini et Baha Ag Aljoumat, 4 civils de la communauté des Kel Iliwatan, de Tinhabou (région de Mopti, cercle de Douentza) ont été arrêtés par l'armée malienne, le 28 Mai 2013 a Djolona, près de Mondoro (frontière entre le Burkina Faso et le Mali). Ces 4 personnes, réfugiés au Burkina Faso, étaient retournées dans le Gourma à la recherche de leur animaux qu'ils avaient été obligé de laisser en raison du retour de l'armée malienne et des exactions qu'ils exercent sur les populations civiles de l'Azawad. Les conditions de leur arrestation ont été communiquées par une cinquième personne, un jeune touareg de teint noir.
Il avait été également arrêté mais il a pu s'échapper au moment de leur transfert sur Douentza. Il raconte qu'ils ont d'abord été pris par une milice avant d'être remis à une patrouille de l'armée malienne. Il affirme qu'ils ont été sauvagement maltraités par les militaires maliens avant de prendre la direction de Douentza. C'est sur la route qu'il a pu s'échapper. Selon lui, les militaires maliens étaient divisés sur le sort qui devait leur être réservé. Ses concitoyens, touaregs de teint rouge, ligotés et bastonnés avec plus d'acharnement, étaient particulièrement maltraités par les militaires maliens.
Le 29 mai 2013, Almahdoud Ag Jibrilla, Mahamad Ag Almahmoud et Fatha ont été arrêtés à Hekia, à 25 Km de Gossi. Leur sort reste inconnu.
D'autre part, hier, le 29 mai en fin de journée, des sources sures et concordantes ont informé le MNLA que le milicien Alhaj Gamou, accompagné d'un important convoi de militaires maliens, était en réunion à Almoustarat, avec des membres du MUJAO, dans la perspective de faire front commun contre le MNLA ; et la ville de Ber subit régulièrement les attaques des terroristes et des militaires maliens. La ville est vandalisée, des femmes sont violées et des habitants sont régulièrement torturés, tantôt par l'armée malienne, tantôt par les terroristes du MAA/MUJAO sous l'œil complice de l'armée malienne quand ils ne sont pas eux-mêmes à l’œuvre.
Le MNLA considère que cette situation dramatique pour les populations civiles azawadiennes n'est pas en mesure de favoriser un climat de confiance permettant de mener à bien des négociations déjà très difficiles. Le MNLA attend de la communauté internationale qu'elle exerce son autorité morale sur le Mali et fasse respecter les principes élémentaires des droits de l'homme dans l’Azawad.
Le MNLA rappelle que même s'il demeure conscient que la conclusion d’un accord-cadre entre le MNLA et le Mali est nécessaire à la recherche d'une solution acceptable pour la communauté internationale, cet accord ne peut en aucun cas faire fi de la politique d’épuration que mène l’armée malienne, et ce, en même temps que les autorités maliennes de transition prétendent mener les négociations.
Il doit être bien compris que les concessions faites par le MNLA ont des limites qui ne peuvent être dépassées. Quels que soient le prix et les enjeux, la vie et la sécurité des azawadiens ne peuvent faire l'objet d'aucune concession.