Des témoignages, recueillis par la BBC, racontent aussi l’échange de médicaments contre des faveurs sexuelles.
Le scandale Oxfam va-t-il éclabousser tout le secteur humanitaire ? Des employés à la logistique de Médecins sans frontières (MSF) ont eu recours à de jeunes prostituées durant leurs missions en Afrique ou monnayé des médicaments en échange de relations sexuelles, ont dénoncé d’ex-employées auprès de la BBC.
Interrogée par l’AFP, l’ONG a dit prendre « au sérieux » ces accusations, sans être en mesure, pour l’instant de les confirmer. Dans le doute, l’organisation fondée à Paris en 1971 rappelle qu’elle ne tolère pas « les abus, le harcèlement et l’exploitation au sein de MSF ». Elle appelle « quiconque ayant des inquiétudes de les signaler via les mécanismes de signalement confidentiel de MSF de manière à ce que nous puissions agir ».
Selon la BBC, ces accusations visent des logisticiens en poste au Kenya, au Liberia et en Afrique centrale.
« C’était une prostituée mais il l’appelait sa petite amie »
« Il y avait ce collègue plus âgé, qui a installé une femme dans la base (de l’ONG). Il était clair que c’était une prostituée mais il l’appelait sa petite amie », a raconté une des anciennes employées, qui travaillait auprès de malades du sida en Afrique centrale. « Il avait une cinquantaine d’années, et elle était beaucoup, beaucoup plus jeune. Et c’était si flagrant, si flagrant - et tellement répandu », a-t-elle ajouté sous couvert d’anonymat.
Une autre, témoignant de la venue de prostituées très jeunes dans des logements de travailleurs humanitaires au Kenya, a expliqué que certains, « qui se trouvaient là depuis longtemps, profitaient de leur aura comme travailleur humanitaire occidental. Peut-être que la direction n’était pas au courant, mais on ressentait clairement que certains des hommes, se comportant comme des prédateurs, étaient vus comme trop importants pour tomber ».
Une troisième raconte qu’un de ses collègues se vantait d’obtenir des relations sexuelles avec des jeunes filles dont les parents étaient décédés du virus Ebola au Liberia : « Il disait : oh, c’est si facile. Si facile d’échanger des médicaments avec ces filles faciles au Liberia », a-t-elle confié.
En février, l’ONG britannique Oxfam a été accusée d’avoir couvert des faits de prostitution en Haïti, après le séisme dévastateur de 2010. Certaines des jeunes femmes étaient mineures.