La question qui est sur toutes les lèvres est bien de savoir si IBK est fou du Mali ou du pouvoir ? En faisant, sans discernement, feu de tout bois, Boua ne donne-t-il pas raison à ses détracteurs qui pensent qu’il a une addiction pour le pouvoir ? Autrement, comment peut-il rassembler pour sa campagne cette compilation hétéroclite qui se compose de Chouala Bayaya Haidara, IBA ONE, Amadou Koita, Moussa Tembiné, Abdoul Niang, Bouba Fané pour rehausser son image ? Il faut plus que ceux-là pour convaincre les électeurs qu’il s’agit du Mali, et non du pouvoir.
En Afrique, il se dit que le président candidat à sa propre succession, est le grandissime favori, surtout quand son bilan se défend bien. Son seul souci est le taux de participation, pour renforcer sa légitimité ; il peut donc être serein, sérénissime même. Au Mali, cette croyance est en passe d’être démentie par les comportements du Président sortant qui montre des signes tangibles de fébrilité, tant dans ses propos que dans ses gestes. S’il ne répond pas à ses opposants, il réplique à certains activistes. Le hic, ces derniers temps, c’est son alliance à tout-va avec des rappeurs, leaders religieux, activistes et hommes politiques, jadis ses opposants, et du jour au lendemain ses fans. Qui sont-ils :
Chouala Bayaya Haidara est un prêcheur qui a passé plus de trois ans à critiquer IBK pour sa mauvaise gouvernance. Il a dénoncé l’irresponsabilité du gouvernement face aux grévistes du Secteur de la Santé, fustigé le manque de solidarité du pouvoir envers les déguerpis de la voie publique par le Gouverneur de Bamako, Ami Kane. Ces derniers jours, il est devenu, sans transition ni explication, l’avocat défenseur d’IBK et de son bilan.
Iba ONE, ce jeune rappeur très populaire au sein de la jeunesse, a mordu à l’appât du gain facile au lendemain de son show mémorable lors de l’investiture de Soumaila Cissé, au stade du 26 Mars. 48 heures seulement après cet événement, il a appelé à voter pour IBK. Pense-t-il pouvoir convaincre ses fans ? Il ferait mieux d’interroger le musicien Salif Keita, ex-fan d’IBK qui a échoué lamentablement en 2007 quand il s’est présenté candidat aux législatives à Kati.
Amadou Koita, l’actuel ministre en charge de la Jeunesse, pourfendeur féroce du régime avant son entrée au gouvernement et aujourd’hui directeur de campagne, peut-il convaincre l’électorat à voter IBK après l’avoir affublé des qualificatifs les plus péjoratifs ? IBK, qui a toujours prôné des valeurs comme l’honneur et la dignité, doit-il mettre au devant de sa campagne des hommes de la taille de Koita ?
Moussa Tembiné, Premier vice-président de l’Assemblée Nationale et Président des jeunes du RPM, est un des fidèles lieutenants d’IBK. Très imbu de sa personne, il n’a jamais eu un langage politique ou même policé. Toutes ses sorties sont plutôt des diatribes contre l’opposition, au lieu d’être la défense ou l’illustration du prétendu bilan élogieux d’IBK. Il contribue fortement à démobiliser les militants du RPM et les partisans d’IBK par ses excès et ses frasques.
Quant au trio Abdoul Niang, Bouba Fané et Vieux Blen, tous activistes, ils n’ont d’autres qualités ou ressources que de s’opposer à, ou de contredire Ras Bath, faisant usage de propos pas policés. Vieux Blen s’en prend aussi à certains courants musulmans avec une virulence inouïe. Comment IBK peut-il reléguer son bilan, prétendu honorable, au second rang, pour s’accommoder d’un tel comportement et prétendre devenir président de la République ?