Avec la marche très réussie du 8 juin dernier, l’opposition démontre qu’il faut bien compter avec elle pour protester et dénoncer au besoin, haut et fort. Reste maintenant à savoir si cette capacité de mobilisation sera toujours de mise le jour du scrutin, non pas pour encore chialer et brocarder le régime en place, mais pour un vote massif en mesure d’assurer l’alternance tant clamée depuis un certain temps.
C’est là où gît le vrai défi : parvenir à faire voter tout ce beau monde prompt à manifester dans les rues de Bamako. Ce qui n’est pas gagné d’avance.
C’est connu que les capitales des pays africains constituent des poudrières que l’on peut allumer avec une simple étincelle, parce qu’elles représentent le condensé de tous les mécontentements, en dehors de toute conviction politique.
Ce n’est pas un hasard si, dans nos pays africains, le plus grand des opposants peut perdre les élections, tout en s’imposant dans la capitale. Heureusement que l’opposition, certainement pour ne pas tomber dans ce piège consistant à prendre les foules de la capitale pour le peuple, travaillait sur des actions concertées entre leurs dirigeants à Bamako et ceux des régions pour organiser des manifestations de façon concomitante.
De toute façon, l’opposition a prouvé qu’elle peut prendre le pouvoir de la Rue publique, ce qu’il ne faut pas confondre avec celui de la République, auquel, pour y accéder, il faut absolument savoir gagner les élections du 29 juillet prochain face au candidat à sa propre succession, Ibrahim Boubacar Keïta, qui ne se livrera pas poings et mains liées.
En d’autres termes, penser que le pouvoir est à portée de main serait une grave erreur pour les candidats opposés à l’actuel président de la République et qu’il faudrait donc faire preuve de stratégie et d’ingéniosité pour pouvoir le vaincre. Ce qui passe déjà par le retrait des cartes d’électeurs, pour ne pas dormir toute la journée du vote et attendre un éventuel mot d’ordre pour protester, comme le fait un pan important de la jeunesse.