En prélude au colloque sur la justice transitionnelle prévu du 18 au 20 juin prochain : Les membres de la Commission Dialogue et Réconciliation édifiés
Le Centre International de Conférence de Bamako a abrité hier jeudi, une journée d’information et d’échange à l’endroit des membres de la commission dialogue et réconciliation. Cette journée intervient dans le cadre d’une série de rencontres qu’organise le ministère malien de la justice pour préparer le colloque sur la justice transitionnelle prévu du 18 au 20 juin prochain à Bamako. Outre les membres de la CDR, ces rencontres devraient également s’étendre aux acteurs des organisations de la société civile ainsi que ceux de la chaîne pénale.
Malick Coulibaly, ministre de la justice, Garde des Sceaux
Malick Coulibaly, ministre de la justice, Garde des Sceaux
Le nombre de violations graves des droits de l’homme est tellement élevé qu’un système judiciaire même fonctionnant au mieux de ses capacités ne peut étancher la soif de justice des citoyens « . Ces propos du Ministre de la justice prononcés à l’ouverture de cette journée d’échange, montrent clairement que la justice classique ou institutionnelle à elle seule ne peut constituer de fondement pour le règlement de tous les forfaits constatés au cours de la crise qui a secoué le Mali.
Il est donc nécessaire de recourir également à un système judiciaire plus consensuel et une gouvernance traditionnelle. D’ailleurs, dans de nombreux pays où des violations massives des droits humains ont été constatées, la justice transitionnelle a souvent fait ses preuves. Selon le garde des sceaux, les événements douloureux qui ont secoué le pays depuis l’année dernière avec son lot d’exactions et de violations des droits de l’homme, ont contribué à l’affaiblissement des institutions du pays. C’est ainsi qu’il a reconnu que la mise en place d’une politique de justice transitionnelle dans tous ses aspects s’avère comme la voie idéale vers la réconciliation et la construction d’une paix durable.
Il a précisé que la réussite du travail de cette commission est conditionnée à une large concertation entre tous les acteurs de la société y compris la justice institutionnelle. Il a reconnu que la justice transitionnelle peut contribuer à atténuer les tensions et le climat d’insécurité qui prévaut notamment dans le septentrion malien.
Il a rappelé le cadre dans lequel le colloque intervient afin de permettre aux acteurs clés de la société malienne de s’approprier la justice transitionnelle et de susciter en eux la réflexion sur la mise en place éventuelle des mécanismes et instruments de cette justice. Auparavant, c’était au tour du représentant résident du système des Nations-Unies, d’intervenir en rendant un vibrant hommage à la capacité d’anticipation du ministre de la justice.
C’est ainsi qu’il a déclaré » le Mali est en train de reprendre le chemin de sa renaissance. Il a rappelé qu’il existe d’autres voies plus apaisées de rendre justice citant au passage un proverbe de Victor Hugo qui disait » le sang se lave par les larmes et non par le sang « . Lui emboitant le pas, le Président de la Commission Dialogue et Réconciliation, Mohamed Salia Sokona, a rappelé le cas du Rwanda. Un pays martyrisé par la guerre civile et le génocide, mais qui grâce à la justice transitionnelle a tourné cette page sombre de son histoire.
Il a appelé à une synergie des efforts de chacun pour permettre à la CDR de réussir la mission dont elle a été chargée. Cependant, il faut reconnaitre que sans véritable appui financier et technique le travail de la commission risque d’être compromis.