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Mauvaise gouvernance : Corruption à gogo à l’aéroport de Bamako-Sénou
Publié le mardi 26 juin 2018  |  Mali Horizon
visite
© aBamako.com par A S
visite du Président Ibrahim Boubacar Keita à l`aéroport Modibo KEITA de Bamako
Le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita a effectué une visite à l`aéroport Modibo KEITA de Bamako le 5 Novembre 2016.
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Si vous voyagez régulièrement à Bamako, vous connaissez sûrement le système… Aussi curieux que cela puisse paraître, le personnel de santé de l’aéroport international président Modibo Kéita de Bamako-Sénou n’aime pas les passagers à jour de leur vaccination. Bon, reformulons la phrase : le personnel de santé de l’aéroport adore les passagers sans carnet de vaccination.

D’ici, je vois vos yeux s’écarquiller d’horreur : « que raconte-t-il ? » Hélas, la vérité.

Juste après le contrôle des passeports, dans le hall des arrivées de l’aéroport, un aréopage de femmes et d’hommes en blouson vous attendent, pour vérifier vos états de service, sur le plan sanitaire. A première vue, on se dit qu’on est entre de bonnes mains et on se réjouit d’être citoyen d’un pays aussi bien organisé que le Mali pour tous…

Sauf que, hé, hé… Il y a un loup.

L’homme en blouson en face de vous, dépêché exprès par le ministère de la Santé pour s’assurer que vous vous êtes fait régulièrement vacciner, n’est en fait qu’un pickpocket déguisé.

Vous avez oublié votre carnet de vaccination ?

Il n’y a rien qu’il adore tant que ça…

« Ah, Monsieur, je suis désolé, vous allez devoir passer par le poste.

Mais, quoi ? Un séjour au bagne pour avoir oublié son carnet de vaccination ? Un peu drastique, non ?

Non. En fait, « le poste », ce n’est pas le commissariat ; ce n’est pas non plus la « salle d’opération » des hommes en faction.

Le terme est utilisé à dessein pour intimider le passager fautif.

Certains y arrivent avec le pouls à 100, redoutant le pire.

Puis, lorsqu’ils découvrent qu’il ne s’agit que d’une énième forme d’arnaque déguisée, ils sont plutôt contents de s’en sortir avec une « amende » de 5000 Francs CFA en moyenne.

Les plus récalcitrants, lorsqu’ils essaient de rallier à leur cause un improbable officier de police en faction, sont douchés par leur regard froid, l’air de dire : « Ne compte pas sur moi pour te défendre. » Faut pas mettre du sable dans mon attiéké et t’attendre à ce que je te soutienne…,

Bref, au poste, on vous fait gentiment la morale et vous êtes prié de payer ce que vous pouvez payer et hop, vous avez votre carnet de vaccination, avec tous les vaccins imaginables dessus.

Bon, voilà l’affaire. Il reste qu’en bon français, tout ceci s’appelle corruption.

L’objet du carnet de vaccination est de protéger le voyageur d’un risque de santé publique dans son pays de destination ou de protéger les locaux de passagers en provenance de pays avec un risque de santé publique avéré. Dans un pays qui se respecte, les passagers sans carnet de vaccination sont soit mis en quarantaine, lorsque le risque qu’ils présentent est élevé ou, le cas échéant, sont vaccinés si la situation le permet. On n’en fait en tous cas pas un business au nez et à la barbe du policier qui, lui, est plus complice que neutre.

En fin de compte, les seuls gagnants de l’opération sont les membres du personnel de santé qui s’en mettent plein les blousons les jours de forte affluence à l’aéroport…

Paul N’GUESSAN

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