Les élections présidentielles du Mali, prévues le 28 juillet et le 11 août (pour le second tour), vont se tenir en plein hivernage, et pendant le carême musulman. Ce qui fait planer une sérieuse menace sur le taux de participation, qui n’a jamais dépassé les 40 %.
Après deux décennies d’exercice démocratique, le taux de participation des citoyens maliens aux élections reste toujours bas. Le constat a même amené la fondation Friedrich Ebert Stiftung (FES) à publier le 23 mars dernier un ouvrage intitulé Les Élections au Mali, pourquoi le taux de participation est toujours si bas ? En effet, sur les 14 millions d’habitants que compte le Mali, très peu exercent leur droit de vote.
Le scrutin de 2013 ne sera pas en reste. Ce que certains observateurs craignent finira bien par se produire. Le taux pourrait encore chuter plus bas. « On sera encore loin d’un taux satisfaisant eu égard à certains facteurs non moins importants », avertit Augustin Sidibé, consultant auprès de la commission en charge du suivi du processus électoral.
Des dates qui n’arrangent pas
Plusieurs facteurs pourraient influer négativement sur les échéances à venir. En particulier, le report des élections est loin d’arranger la situation sur le plan de la participation. En effet, les mois de juillet et d’août sont des périodes où l’hivernage bat son plein au Mali. Cette saison de l’année est un moment où les journées du monde agricole sont essentiellement consacrées aux travaux champêtres, notamment au suivi des cultures. Un temps où rien d’autre ne peut dérouter le paysan. « Je ne suis pas prêt à laisser mon champ même pour de petites heures. Pour moi, aller voter, c’est une perte de temps inutile. J’ai mieux à faire », indique Madou Traoré, paysan en de la zone de l’Office de la haute vallée du Sénégal (OHVN) à Ouéléssébougou.
D’autre part, le calendrier des élections coïncide également avec le carême musulman, qui naturellement oblige les jeûneurs à produire moins d’efforts physiques. Certainement, peu d’électeurs se donneront la peine, d’aller d’abord repérer leur bureau de vote, ensuite de voter. C’est dire combien l’incertitude plane sur ce scrutin du point de vue de la participation.
Mieux vaut prévenir que guérir
Au Mali, le taux de participation à une élection présidentielle n’a jamais dépassé les 40 %. Lors de la dernière présidentielle (en 2007), seulement 34,48 % des électeurs sont passés aux urnes. Le doute est grand que ce taux soit à nouveau atteint, à cause du calendrier qui disqualifiera à coup sûr les paysans.
Il est admis de tous que les élections représentent un événement capital dans lequel des décisions importantes concernant l’avenir du pays sont prises. Selon la fondation Friedrich Ebert, une meilleure gestion du processus électoral, avec la participation effective de l’ensemble des acteurs, pourrait rehausser le taux de participation des électeurs et garantir la crédibilité des résultats. Malheureusement, l’on peine à déchiffrer le plan envisagé par le gouvernement pour stimuler l’électorat.
De plus, au Mali, une bonne partie de l’électorat est enrôlée dans le processus. Si certains font de la supervision, d’autres font office d’assesseur ou de délégué dans les bureaux de vote. Ce qui les empêche de voter.
Pour tout dire, les élections se tiendront dans un contexte qui empêchera le maximum des électeurs à aller voter. Or, dans un pays où l’électorat se trouve véritablement dans les régions et villages, il y a lieu de s’inquiéter.