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Lutte contre le terrorisme au Mali : Des vessies prises pour des lanternes à Mopti
Publié le mercredi 27 juin 2018  |  Le Combat
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Trois ans depuis, que le processus pour la paix et la réconciliation nationale au Mali, gravé en lettres de feu dans les recommandations de l’Accord d’Alger II, a été officiellement lancé. Sur papier, presque tous les engagements décisifs ont été signés entre le Pouvoir central de Bamako et les Groupes armés sous l’égide de la communauté internationale comme garant de l’application à la lettre de la teneur du document né au forceps. Mais, au grand dam de l’opinion nationale et internationale, la mise en œuvre de cet Accord de paix et de réconciliation nationale n’évolue que douloureusement. Et c’est entre-temps qu’est venu se greffer le Front de Libération de Macina d’Amadou Kouffa, une branche armée du terroriste en chef Touarègue Iyad Ag Ghali, qui circule librement entre l’Algérie, la Mauritanie et le Nord du Mali. En guise de représailles contre Amadou Kouffa, une logique d’amalgames se crée de toutes pièces sous la bannière des velléités passagères intercommunautaires. Mais, au fond, ce conflit peulh-dogon n’est qu’une pseudo-crise.

En analysant objectivement le processus enclenché, il ressort qu’il existe trop de zones d’ombre autour des sacrifices qui sont en train d’être consentis tant du côté des partenaires et du Gouvernement malien que des Groupes armés.

Au moment où l’on se croyait en raison d’espérer, voilà dans le Centre du pays, les stratégies de lutte contre le terrorisme verser dans l’épuration ethnique, dans la logique de génocide dont on ne voit aujourd’hui que la partie cachée l’iceberg. Ce, en s’en prenant à l’ethnie peulh, celle d’Amadou Kouffa. Or, lors de la pleine période de la crise du Nord, fief natal et QG du terroriste en Chef Iyad Ag Ghali, le Gouvernement de l’époque a multiplié les campagnes de sensibilisation et d’appels pressants à l’adresse de l’opinion nationale à ne point prendre tous les Touarègues (Communauté d’Iyad Ag Ghali) pour des terroristes ou ennemis du Mali. Ç’a été la première réaction de l’ancien Président ATT, dès qu’il y a eu les premières attaques du MNLA, le 17 janvier 2012, dans le Nord.

À son arrivée aussi aux Affaires en 2013, le Président IBK a inscrit dans cette dynamique ses inlassables efforts pour la reconquête des Régions tombées aux mains des groupes rebelles et narcotrafiquants puis des terroristes.

En fait, la descente aux enfers de la Région de Mopti n’a atteint sa vitesse croisière qu’à partir de cette année 2018, dès après le Gouvernement d’Abdoulaye Idrissa Maïga. Depuis janvier dernier, c’est tout le processus de pacification et de restauration du climat de vivre ensemble tant prôné par le Régime en place et si cher au Président IBK qui est resté lettre morte dans le Centre du pays. Et, de mal en pis, ce sont les vaillantes Forces armées maliennes et la confrérie des chasseurs traditionnels qui sont en train d’être instrumentalisées depuis les berges du majestueux fleuve Niger de Bamako. IBK même ne semble pas au courant du fond du dossier géré à son nom, mais dont il est en passe de chapoter seul les conséquences ayant déjà tous les partenaires de Koulouba dans la lutte contre le terrorisme au Mali et dans le Sahel à s’interroger anxieusement. Elu avec un suffrage sans précédent dans le processus démocratique malien en cours, IBK ne devrait pas accepter d’être aussi passif. Ce, jusqu’à ce que ses visions politiques soient utilisées à d’autres fins ou déviées de leur but initial. On n’utilise pas le pire pour corriger un mal ; mais plutôt, c’est qu’enseigne-t-on dans les plus grandes écoles politiques et militaires, c’est toujours d’œuvrer à rectifier les torts ou erreurs par le mieux sinon le meilleur. Non ! il ne faut laisser rééditer l’expérience dramatique des années 1990 avec la création de toutes pièces du mouvement Gandakoï dont le Président Alpha Oumar Konaré a fini par comprendre les risques de dérapages au détriment de son régime que cela immergeait.

En tout état de cause, il y a lieu de garder l’espoir que le Président Ibrahim Boubacar Kéïta est pertinemment conscient que même en politique la « confiance » ne doit point exclure le « contrôle », la vigilance. Et, pour cause, comment se peut-il qu’à moins de dix jours de la découverte des fosses communes contenant des martyrs issus d’une seule communauté ce soit le pire qui advient dans la même Région de Mopti et contre la même victime, la même communauté. Cela, sous la barbe des FAMA qui n’ont pas reçu l’ordre de parer à cette réédition de la stratégie qui frise l’épuration ethnique à l’actif d’une milice génocidaire qui remet en cause les vertus sociales et culturelles de la vaillante confrérie de chasseurs traditionnels du Mali et de la Sous-région ouest-africaine ? En fait, dans cette situation c’est une politique de punition ou collective à travers un plan d’épuration ethnique qui ne dit pas son nom, mais traduit par les actes. Si la vigilance d’IBK n’était pas trompée quelque part il aurait dû sortir publiquement déjà pour faire une déclaration à l’adresse de la nation pour mettre fermement en demeure les auteurs de ces crimes et leurs complices tapis dans la cité administrative de Bamako.

Certes, IBK peut être traité de tous les noms d’oiseaux, sauf de sanguinaire. Mais, pourquoi être trop passif ? En voyant des milices génocidaires semer une portion du territoire malien à feu et à sang ? Or, l’Histoire retiendra toujours de lui ses larmes chaudement versées suite à l’assassinat de nos confrères de RFI, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, le samedi 2 novembre 2013, à Kidal. On se souvient aussi du même Grand IBK marchant à Paris profondément ému aux côtés de «Papa » Hollande à Paris suite à l’attentat terroriste contre nos confrères de CHARLIE Hebdo. Donc, cette milice génocidaire sévissant dans la Région de Mopti n’est qu’en train de jouir d’une véritable prime d’impunité due à sa passivité.

À notre sens, l’auteur de cette assertion n’avait pas tort : « Quand l’Etat est trop fort il nous écrase ; mais, lorsqu’il est faible, nous périssons aussi ». C’est ce que le Président IBK devrait comprendre et mettre fin avant qu’il ne soit trop tard à ces massacres. Le Ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Tiéna Coulibaly, un Technocrate rompu à la tâche, devait quant à lui rendre le tablier au Chef du Gouvernement. Car, il est clairement établi que, dans cette situation du Centre du pays, ce n’est plus un conflit intercommunautaire peulh-dogon, mais ce sont des vessies qui sont prises pour des lanternes dans la lutte contre le terrorisme. Puisque s’il n’y avait derrière une volonté déguisée d’instrumentaliser le pseudo-conflit peulh-dogon, quelques éléments de l’Armée nationale et la confrérie des chasseurs traditionnels africains, il n’allait pas y avoir de drames. C’est tout comme le phénomène Amadou Kouffa n’allait pas continuer à exister dans la Région de Mopti et son mentor Iyad Ag Ghali n’aurait pas pu continuer à circuler librement à l’intérieur des frontières maliennes et ses éléments agir en toute impunité contre les populations locales du Centre et du Nord de notre pays. Mais, la communauté peulh est la principale victime des exactions des éléments du Front de Libération du Macina. Ce, en ce sens que depuis l’avènement de ce front, leurs bestiaux, leurs jeunes filles, leurs bras valides et tous leurs autres biens et ressources sont enlevés par Amadou Kouffa au profit de ses forces djihadistes. Aucun couple n’ose être aperçu dans les rues de Mopti profond sous peine d’être cravaché au nom de leur Charia à eux par les Brigadiers d’Amadou Kouffa. Ce, parce que l’État n’existe toujours pas sur le terrain. Donc, la solution est et demeure la mise en application de l’Accord de paix et de réconciliation nationale au Mali. Ceux qui prétendent que le salut passe par la méthode d’épuration ethnique se trompent lourdement d’ennemi de la nation malienne. Disons clairement que le Gouvernement et les ex-rebelles, tous les acteurs sont tenus à respecter fidèlement et forcément l’esprit du processus de pacification et de réconciliation nationale convenu à Alger. Nous ne cesserons point de dénoncer le fait qu’un an, deux ans, voire plus trois ans après la signature de cet Accord, c’est quasiment le statuquo : on évolue à reculons ! Le constat est là, il est incontestable : les exigences de la paix sont toujours confrontées à de sérieuses difficultés surgissant les unes après les autres. Et toujours, c’est du côté des Groupes armés et d’Iyad Ag Ghali, implicitement caressés dans le sens du poil.

En effet, nous voici toujours, malgré tous les sacrifices consentis, dans une atmosphère où le seul regret venait du côté des terroristes montant des embuscades par ci et posant des mines antipersonnel par là faisant des victimes aussi bien dans les rangs des forces armées et de sécurité gouvernementales, des Casques bleus que du côté des innocentes populations civiles.

D’où, sur le terrain, il y a un regain de tensions entre non plus les groupes armés signataires de l’Accord d’Alger ou les communautés ethniques, mais entre les adeptes d’un plan génocidaire caché et la conscience collective nationale et internationale.

Depuis les conflits d’Anéfis et les attaques de Soumpy, Koro, Douentza, les termes du cessez-le-feu ont volé en éclats ; l’esprit de l’Accord de paix n’est plus en vigueur sur le terrain. Alors que, du côté de la communauté internationale, on s’attendait à ce que Koulouba hausse le ton, IBK rompe son silence ou se déconcentre un peu de son combat pour sa réélection, pour faire une déclaration à l’adresse de la nation. Ne serait-ce que pour situer courageusement les responsabilités dans cette logique d’épuration ethnique en gestation, y mettre fin puis relancer l’Accord de paix. Que les deux parties adverses qui se rejettent la responsabilité de ces violences anormales, gratuites, soient toutes désarmées. Ces hostilités soldées par un bilan très lourd de conséquences avec de morts d’Hommes et d’importants dégâts matériels de part et d’autre, prouvent à suffisance qu’une main invisible interne continue d’apporter aux milices génocidaires et aux terroristes une assistance morale, politique et stratégique pour remettre en cause le processus de sécurisation et de vivre ensemble dans la Région et qui, par ricochet, compromet l’ensemble du processus de paix et de réconciliation nationale. Que ces complices des milices génocidaires sachent que leurs faits et agissements ne sont qu’un secret de polichinelle.

Au demeurant, rappelons que le programme de vivre ensemble est un arrêt convenu entre le Gouvernement et les autres acteurs à la suite de plusieurs rencontres organisées par l’ex Premier Ministre Abdoulaye Idrissa Maïga, qui avait eu le flair de regrouper les Représentants de tous les protagonistes autour de la même table des discussions.

Selon certains analystes, l’origine de cette montée en puissance subite des actes de violences intercommunautaires et l’aggravation des attaques terroristes seraient dues aussi au manque de réactions du côté d’Alger et de Nouakchott qui abritent des bases arrières des forces terroristes d’Iyad Ag Ghali opérant sur le terrain. Cela n’est un secret pour personne.

Depuis fin 2O17, les troupes des Djihadistes progressent de plus en plus des frontières algériennes et mauritaniennes vers les Régions du Centre et du Sud. D’ailleurs, de nos jours, rien ne rassure qu’ils ne seraient pas déjà aux portes de Bamako. En tout cas, au fond, les populations maliennes vivent partout aujourd’hui dans une profonde inquiétude. La montée en puissance du phénomène d’insécurité et d’attaques terroristes préjudiciables au processus pour la paix et la réconciliation nationale s’opère sous l’œil indifférent non seulement de l’Algérie médiatrice attitrée, de la communauté internationale qui avaient pourtant promis solennellement de veiller fermement à sa mise en œuvre effective, mais aussi des troupes gouvernementales. Un comportement qui donne matière à réfléchir. Ce qui dénote que Koulouba, l’ONU, l’UE, l’UA et la CEDEAO sont tous fortement interpellés pour restaurer le climat de sécurité et confiance sur le terrain.

Nous y reviendrons.

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