Ainsi, le groupe Jeune Afrique, sans en avoir l’air, a commencé à faire usage de sa carte biométrique malienne !
Quoi de plus naturel qu’un magazine autoproclamé panafricaniste s’intéresse à l’élection présidentielle au Mali, surtout dans le contexte actuel d’un pays qui donne la migraine à toute la communauté internationale. La série des interviews de candidats a bien commencé, en attendant son terme avec la part du Lion pour le président IBK à la fois pour son statut de sortant, mais aussi pour les subsides engrangés par JA, cinq années durant dans son budget de communication.
Rien d’anormal dans tout ça a priori. Là où tout devient suspect, c’est lorsque le journal se met à fabriquer des titres qu’il ne prend pas sous son chapeau mais l’impute en citation directe avec des guillemets au candidat, ici Soumaila CISSE, pour ne pas le nommer. «Moi ou le chaos » !
Quelle belle trouvaille pour mettre de l’eau au moulin des partisans du président sortant réduits, faute de bilan, à dépeindre les candidats de l’opposition, celui de l’URD en l’occurrence, sous des traits démoniaques, prêts à convoquer tous les malheurs du ciel et de la terre s’il n’était pas élu. En 2013, IBK qui avait les faveurs de tous les groupes de soutien et de pression n’a pas eu besoin de faire dans le catastrophisme.
Mais l’hypothèse d’une défaite, devenue crédible cinq ans après, les hommes de Boua ont sorti la grosse artillerie dans la délation et la personnalisation des enjeux de la présidentielle. C’est à ce jeu malsain, voire nauséabond que Jeune Afrique et François Soudan apportent leur caution.
JA chercherait-il à délégitimer toute contestation de fraude électorale, même avérée, qu’il ne s’y prendrait pas autrement ! Le candidat Cissé n’en était pas au premier croche-pied reçu du magazine panafricain. Pour rendre compte de l’interview de Moussa MARA, c’est le même candidat qui a trinqué : « Soumaila Cissé et Tiebile Drame n’ont pour programme que de remplacer IBK”. Pourtant le titre de JA aurait pu être le jugement peu amène que MARA ancien premier ministre porte sur son ex patron IBK. Il ne faut pas fâcher celui qui détient l’oseille !
Cette manipulation grotesque et grossière ne grandira pas ce titre passé de mode dans le cœur des Maliens, et plus généralement des Africains. Mais les années passent, les méthodes et les mauvaises manières de Jeune Afrique ne prennent pas une ride. Publi-reportages à coup de chantage, gestion directe des budgets de communication des Présidences africaines, tout y passe. Le projet commercial a supplanté le projet éditorial.
Le bouchon est poussé souvent si loin que le vase déborde. Il n’y a pas deux mois que la Société des journalistes de JA dénonçait dans un communiqué la censure sur tout ce qui touche à la couverture de l’actualité en Côte d’Ivoire. François Soudan et la garde rapprochée de Béchir Ben Yahmed ont cadenassé tout ce qui peut fâcher le client commanditaire ivoirien.
Cette manipulation au détriment de Soumaila est coup de génie. Elle met non seulement le candidat sur la défensive comme en témoigne le communiqué de protestation, mais elle tendrait à faire croire que c’est l’opposition qui pourrait troubler la quiétude d’un pays tranquille. Arrêtez votre cinéma à JA !
Le chaos est déjà là avant toute élection et c’est cette abîme quotidienne vécue par les Maliens qui pourrait faire obstacle au candidat du cœur de François Soudan. Si ce qui se passe à Nantaga et d’autres localités du Centre avait un autre nom que le chaos, je parierais un abonnement d’un an pour toute personne qui nous l’expliquerait autrement en français facile.
Honte à JA qui a toujours une plume trempée dans du fiel pour parler des opposants et dans du miel pour encenser les pouvoirs !