BAMAKO, Des habitants de Kidal ont affirmé dimanche à l’AFP que des membres du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA, rébellion touareg) s’en sont pris aux populations noires de cette ville du nord-est du Mali pour les "expulser" vers Gao, localité située plus au sud.
Le MNLA a démenti toute "chasse aux Noirs", assurant rechercher des éléments "infiltrés" envoyés par les autorités maliennes.
"Une chasse à l’homme noir est engagée à Kidal depuis ce matin. Le MNLA s’attaque aux populations noires, y compris femmes et enfants. Ils disent qu’ils vont les renvoyer vers le Mali, c’est-à-dire à Gao avec une complicité flagrante des Français qui ne font rien", a affirmé un habitant de Kidal, joint au téléphone depuis Bamako.
Des soldats français sont basés à l’aéroport de Kidal, ville occupée par le MNLA revenu dans cette localité à la faveur de l’intervention militaire française qui a débuté le 11 janvier au Mali. Cette intervention, au côté des militaires maliens et d’autres armées africaines, a permis de chasser en grande partie les jihadistes qui ont occupé le nord de ce pays pendant plusieurs mois en 2012.
"Des coups de feu sont entendus dans la ville de Kidal. Le MNLA prévoit d’embarquer les expulsés" noirs dans des camions vers Gao, la plus grande ville du nord malien, a ajouté cet habitant, dénonçant "du racisme pur et simple".
"Le MNLA exige des Noirs à Kidal de les appuyer dans les manifestations contre le Mali et de s’affirmer +azawadiens+ ou de quitter Kidal de force. Il n’y pas de mort, pas de blessé connu", a indiqué la même source.
L’"Azawad" est le nom donné par les autonomistes touareg à l’immense région
nord du Mali, considérée comme le berceau de cette communauté. Le MNLA refuse la présence de l’armée et l’administration maliennes à Kidal, compromettant pour l’heure la tenue du premier tour de la présidentielle prévu dans tout le Mali le 28 juillet.
Des négociations sont en cours à Ouagadougou pour un accord sur le vote à Kidal.
"Depuis ce matin, le MNLA arrête les Noirs dans la ville de Kidal. Ils disent qu’ils veulent se venger des Maliens qui ont tué des Tamasheq (touareg) à Gossi (dans la région de Gao)", a affirmé un autre habitant de Kidal.
Le maire de Gossi, Oumar Wadarassane, un Touareg noir, avait été attaqué mardi à son domicile, puis "ligoté par des hommes armés", selon la presse locale.
Le MNLA a déclaré que "plusieurs dizaines de personnes", dont un "officier" malien, ont été arrêtées dimanche par ses hommes à Kidal, mais a affirmé qu’il était "archifaux" de dire qu’il fait la "chasse aux Noirs".
"Nous ne faisons que rechercher des infiltrés dans notre zone", a expliqué le porte-parole du MNLA Mossa Ag Attaher, présent à Ouagadougou pour des discussions entre les groupes touareg et les autorités du Burkina Faso, pays médiateur dans la crise malienne.
Selon lui, parmi les personnes interpellées figure "un officier de l’armée", qui "a indiqué qu’il y a huit autres officiers maliens dans Kidal".
"Nous allons pousser les enquêtes, ceux qui n’auront rien à voir avec des actes criminels" ou des "actes d’espionnage" seront "libérés", a assuré M. Attaher.